avril 19, 2024

Behemoth – Opvs Contra Natvram – Pas si Contre-Nature

Avis :

Fondé en 1991, Behemoth devient rapidement un très gros phénomène dans le domaine du Black Métal. Il faut dire que la bande à Nergal met tous les atouts de son côté, avec une ambiance poisseuse, une violence percutante et des thèmes sataniques à faire friser les moustaches des plus prudes. Cependant, depuis quelques années déjà, Behemoth prend un autre tournant, allant de plus en plus vers un Blackened Death plus accessible et moins obscur. Ici, ce ne sont plus les moustaches des puritains qui frisent, mais bel et bien celles des premiers fans qui ne se retrouvent plus dans le groupe polonais. De plus, Nergal semble de plus en plus pris par des side-projects en dehors de la scène Black/Death, avec notamment les albums Me & That Man. De ce fait, qu’attendre vraiment de ce douzième opus des polonais ? Le mystère reste entier.

L’album débute avec Post-God Nirvana qui pourrait se voir comme une introduction. L’ambiance est malsaine et on sent que Nergal veut nous mettre une grosse tarte dans la tronche avec le morceau suivant. Les percussions sont grandiloquentes et donnent une vraie ampleur au titre, tout comme les riffs qui montent petit à petit. Bref, Behemoth est prêt à en découdre et reste fidèle à son image très sombre. C’est donc avec Malaria Vvlgata que les choses sérieuses commencent. Et on rentre de plein fouet dans un titre bien Black et rentre-dedans. Durant moins de trois minutes, le morceau va droit au but et ne laisse aucun répit. Quitte même à devenir un peu une parodie du genre, n’arrivant pas vraiment à créer une mélodie digne de ce nom. Alors certes, ça reste du très haut niveau avec Behemoth et sa production de mammouth, mais c’est en deçà de nos attentes.

Pour avoir quelque chose de plus accessible et plus intéressant sur les mélodies, il faut se ruer sur The Deathless Sun. Il y a toujours cette pointe Black qui se ressent sur les couplets, mais la structure est simple, avec couplet/refrain, et justement, le refrain est bien catchy comme il faut, restant un long moment en tête. De plus, le groupe a la « délicatesse » de fournir des solos intéressants et de fournir un break ultra puissant. Ajoutons à cela une orchestration épique sur les refrains, et on obtient l’un des meilleurs morceaux de l’album. On restera plus dubitatif sur Ov my Herculean Exile, qui demeure un titre classique, mais auquel il manque clairement un truc en plus. On a l’impression que Behemoth se répète, ne soignant que son introduction, pour ensuite fournir un truc déjà entendu de nombreuses fois. Ce n’est pas mauvais, mais ça reste trop classique.

Neo-Spartacvs va rapidement envoyer du bois pour bien nous fracasser la gueule. On pourrait alors se dire que le groupe a trouvé une fougue nouvelle, mais encore une fois, on reste dans quelque chose de connu, qui ne viendra jamais nous bousculer dans nos habitudes. Nergal utilise toujours aussi bien sa voix grave, les quelques mélopées funèbres en arrière donnent, bien évidemment, un ton bien sombre, mais on reste dans une violence qui n’apporte rien à l’univers du groupe. Disinheritance sera plus intéressant de par sa structure complexe et son démarrage qui part dans tous les sens. Ici, Behemoth montre sa technique musicale et on va en prendre plein la tronche. La maîtrise est totale, renouant avec un Black plus classique, mais qui essaye d’inventer de nouvelles choses. Et c’est tout le problème dans cet album, le manque de prise de risque.

Off to War ! sera intéressant grâce à un point important : les riffs. Le démarrage est bien aiguisé et les grattes proposent une mélodie syncopée du plus bel effet. Si le titre ne réinvente pas la sauce, il reste bien fichu et donne une furieuse envie de se taper sur la tronche. Malgré les baisses de régime qui offrent une nouvelle facette du groupe. Once Upon a Pale Horse reste un titre un peu en deçà du reste, qui manque étonnement d’épaisseur et qui n’arrive pas forcément à passionner. On reste sur notre faim avec ce titre qui ne marque pas. Thy Becoming Eternal revient sur les bases d’un Black nerveux et percutant. Le morceau frappe fort, mais encore une fois, il manque d’un truc pour le rendre vraiment intéressant. Versvs Christvs va travailler un peu plus l’ambiance, permettant au groupe de bien conclure son effort.

Au final, Opvs Contra Natvram, le dernier album de Behemoth, n’est pas si contre-nature que ça. Le groupe essaye de mélanger ses principales influences entre Black et Death, et fournit un album plaisant, mais loin d’être inoubliable. Nergal semble ne plus avoir grand-chose à dire dans le domaine du métal, et il se fait plus plaisir dans des démarches artistiques plus douces. Loin d’être une purge pour autant, ce douzième album manque tout simplement d’une passion plus forte et de morceaux plus marqués et inventifs.

  • Post-God Nirvana
  • Malaria Vvlgaria
  • The Deathless Sun
  • Ov my Herculean Exile
  • Neo-Spartacvs
  • Disinheritance
  • Off to War !
  • Once Upon a Pale Horse
  • Thy Becoming Eternal
  • Versvs Christvs

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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