décembre 10, 2024

Meurtre au Soleil

Titre Original : Evil Under the Sun

De : Guy Hamilton

Avec Peter Ustinov, Jane Birkin, Colin Blakely, James Mason

Année : 1982

Pays : Angleterre

Genre : Policier

Résumé :

Le détective Hercule Poirot est dépêché par une compagnie d’assurances pour retrouver un bijou de grande valeur appartenant à Sir Horace Blatt. L’auteur de ce délit ne serait autre que son ancienne maîtresse, Arlena, partie convoler avec un autre homme il y a quelques mois. Sa piste mène Poirot jusqu’à un hôtel de luxe de la côte adriatique où séjournent une dizaine de visiteurs parmi lesquels son nouveau mari et son amant du moment. Un jour, Arlena est retrouvée assassinée sur la plage. Hercule Poirot va mener l’enquête parmi ces gens de la bonne société qui avaient tous une bonne raison de la tuer. Seul bémol : chacun a un alibi en béton…

Avis :

Devenus de véritables films cultes, Le Crime de l’Orient Express et Mort sur le Nil sont parvenus à investir le grand écran avec brio. À partir des années 1970, les enquêtes les plus fameuses d’Hercule Poirot ont trouvé une nouvelle résonnance à travers des adaptations aussi respectueuses que prestigieuses. Par la suite, John Brabourne s’est octroyé les services de Guy Hamilton pour Le Miroir se brisa. Il en ressortait une incursion intéressante à plus d’un titre et foncièrement différente de ses prédécesseurs. Seconde collaboration entre les deux hommes, Meurtre au soleil récidive dans un domaine familier aux amateurs d’Agatha Christie avec un assassinat opportuniste et l’embarras du choix en matière de suspects…

Le présent métrage n’est autre que l’adaptation du roman Les Vacances d’Hercule Poirot. L’une des principales distinctions avec son modèle littéraire est le cadre. Certes, on demeure toujours isolé sur une île. Pour autant, elle ne se situe pas au large des côtes britanniques, mais à proximité de l’Albanie. Quant aux conditions de tournage, elles se déroulent bien en Méditerranée, mais à Majorque, non loin de l’Espagne. Sans pour autant renouer avec l’exotisme et le dépaysement de Mort sur le Nil, on retrouve un environnement qui permet de concilier lieu de villégiature, scène de crime et terrains d’investigation pour notre détective belge.

À l’image de certaines de ses enquêtes, on officie dans un espace restreint qui s’appuie sur les ficelles du huis clos. On avait pu apprécier le bateau à roue à aubes ou encore le train. Ici, l’hôtel enclavé sur une île offre un cadre intéressant à exploiter pour résoudre l’affaire en question. Avant de s’y pencher, on distingue la formule privilégiée de la reine du crime avec une mise en place méticuleuse et patiente des tenants de l’intrigue. On retrouve un panel de protagonistes diversifiés, bénéficiant d’une caractérisation particulièrement fouillée. Leur rapprochement passe surtout par des relations qui tiennent compte de leur background, ainsi que de leurs valeurs et aspirations.

En ce sens, on remarque des accointances et des rapports étroits pour chacun d’entre eux. Implicitement, le scénario prépare le crime en devenir, exposant d’éventuels mobiles et surtout une liste potentielle de suspects. Comme à l’accoutumée, on décèle de nombreuses raisons pour occire la victime, vraisemblablement le personnage le plus honni de ses contemporains. Sans nul doute, il s’agit d’un point notable et d’une véritable force pour amorcer l’intrigue, puis assurer sa bonne progression. Par ailleurs, cela permet d’impliquer le spectateur, comme le roman a pu le faire avec son lectorat.

En ce qui concerne les investigations, on bénéficie aussi d’un traitement méticuleux pour reconstituer les faits. À l’image des autres adaptations d’Agatha Christie, on retrouve les incontournables interrogatoires. Contrairement à Mort sur le Nil, ils ne tiennent pas à mettre en exergue les mobiles, mais à distinguer la capacité des suspects à commettre le crime. On s’appuie alors davantage sur les alibis et leur localisation géographique dans le temps imparti. À cela s’ajoute aussi une reconstitution des faits où Hercule Poirot tente de reproduire les conditions exactes de l’assassinat. Bien entendu, l’affaire est un peu plus complexe que prévu dans la manière de flouer les pistes et de dissimuler la vérité.

Au final, Meurtre au soleil fait honneur aux précédentes adaptations cinématographiques d’Agatha Christie, ainsi qu’à son modèle littéraire. On y retrouve tous les ingrédients propres à ce style d’investigation, plus spécifiquement à l’œuvre de la reine du crime. Le traitement est rigoureux. Les personnages sont campés avec conviction et leur caractérisation demeure une véritable référence en la matière. Pour ne rien gâcher, l’affaire reste plaisante à suivre, alternant les phases théoriques et pratiques. Il en ressort un film policier de grande qualité, à l’histoire soignée et à l’atmosphère élégante, qui s’arroge quelques fondamentaux du huis clos de fort belle manière.

Note : 15/20

Par Dante

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