décembre 9, 2024

In the Mood for Love

Titre Original : Fa Yeung Nin Wa

De : Wong Kar-Wai

Avec Maggie Cheung, Tony Leung Chiu-Wai, Ping Lam Siu, Rebecca Pan

Année : 2000

Pays : Hong-Kong, France

Genre : Romance, Drame

Résumé :

Hong Kong, 1962. Mme Chan loue une chambre chez Mme Suen. Le même jour et sur le même palier, s’installe M. Chow. Leurs conjoints sont souvent absents. Un jour, M. Chow et Mme Chan découvrent que leurs époux sont amants. Blessés, ils se fréquentent alors de plus en plus et développent eux aussi une liaison…

Avis :

Dans chaque genre du cinéma, on a toujours tendance à ressortir des films que l’on considère comme ultime. Que ce soit dans l’horreur, le thriller ou même la comédie, des films reviennent sans cesse, supposant que l’on ne pourra jamais faire mieux. Et quand il est question de romance, le premier film qui vient à l’esprit, c’est In the Mood for Love de Wong Kar-Wai. Il faut dire que le réalisateur a déjà une belle carrière derrière lui lorsqu’il présente ce film, et il a un savoir-faire pour faire parler ses images. Plus de vingt ans plus tard, le film reste l’une (si ce n’est LA) des références absolues en matière de romantisme et de délicatesse. Mais qu’est-ce qui fait que In The Mood for Love reste à ce point indémodable ? Quels sont les secrets de Wong Kar-Wai, rendant son film intemporel ?

La toute première chose qui frappe à la sortie du film, c’est tout simplement son mutisme. Il y a très peu de dialogues dans le film, ou tout du moins, les discussions vont souvent à l’essentiel. Que ce soit l’homme qui téléphone à sa femme qui travaille tard, ou la voisine qui appelle son mari qui se trouve à l’étranger, on reste sur des temps de parole très court, qui permettent aux acteurs d’accentuer les non-dits. En effet, le fait d’épurer les dialogues donne plus d’espace à Tony Leung et Maggie Cheung pour s’apprivoiser, faire connaissance, à base de regards et de croisements dans les rues et couloirs. Rapidement, le film de Wong Kar-Wai se pare d’une grande sensibilité où il est question d’assister à un amour presque impossible entre deux personnes dont la précédente histoire ne s’est pas bien passée.

Cela, on va le découvrir au fil du film, qui est cousu d’un scénario très simple, qui ne cherche jamais à faire dans le complexe. Le réalisateur veut de l’émotion brute, et c’est ce que l’on va avoir. Il n’y a donc pas d’intrigues à tiroirs, d’histoires parallèles ou autre, on reste au plus proche de ce couple qui se cherche, mais refuse à se trouver. Outre cette sensibilité fragile, on aura droit à une grande pudeur, notamment dans l’expression des sentiments, où ces deux êtres se touchent à peine, malgré une envie dévorante. Et c’est peut-être là tout le talent du cinéaste, qui crée un émoi particulier, tout en restant très prude et très respectueux de ce couple qui a déjà souffert d’un amour perdu. Le fait de poser cette histoire dans les années 60 donne aussi un certain cachet et correspond à une expression brimée des sentiments.

Mais avant toute chose, In the Mood for Love est un film de mise en scène et d’acteur. En tout premier lieu, Wong Kar-Wai signe un film d’une beauté sidérante. C’est bien simple, chaque plan est travaillé et propose une vision, une envie, une idée. On pense, bien évidemment aux jeux des miroirs, mais il y a aussi tous ces petits chassés-croisés dans les couloirs, ou encore les effets de fumée, avec les cigarettes. Le cinéaste ne se refuse rien dans la beauté de son film. Jusqu’à le baigner dans une lumière sublime, une sorte de jaune pâle très chaud, reflétant bien évidemment les sentiments de ces deux voisins. La mise en scène exacerbe ces émotions, cette envie d’amour, ce côté glamour, sans jamais faire putassier. Il y a une osmose folle entre la mise en scène et la lumière, donnant une vraie aura au film.

Et enfin, que serait ce film sans les prestations sans faille de Maggie Cheung et Tony Leung. Elle est tout simplement magnétique. D’une beauté à couper le souffle, l’actrice joue de sa silhouette, enchainant les robes près du corps et les déambulations classieuses dans les couloirs de l’immeuble ou dans les rues de Hong-Kong. Quant à lui, il incarne tout simplement la classe. Il est beau comme un dieu, et son côté puritain, très respectueux de sa voisine, lui donne une aura très particulière. L’osmose au sein du couple est parfaite et il y a une vraie magie qui se dégage. C’est un couple de cinéma idyllique, et il est bien impossible de penser au film sans penser à ces acteurs. Il est juste dommage que le film ne possède pas de personnages secondaires qui auraient pu étoffer un peu le scénario.

Au final, In the Mood for Love est le film romantique par excellence. Dénué du moindre humour mais jouant constamment avec les sentiments amoureux, image fugace d’une relation qui ne demande qu’à se faire, le film de Wong Kar-Wai s’épure de tout second plan pour s’axer uniquement sur ce couple. Si le rythme est très lent, entre la mie en scène magistrale, les acteurs incroyables et la bande originale, très jazz, qui colle magnifiquement à l’époque et aux propos, on comprend aisément qu’à ce jour, le film reste sur le trône du film romantique par excellence.

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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