avril 24, 2024

Time and Tide

Titre Original : Shun Liu Ni Liu

De : Tsui Hark

Avec Nicholas Tse, Wu Baï, Candy Lo, Anthony Wong Chau-Sang

Année : 2000

Pays : Chine, Hong Kong

Genre : Action

Résumé :

A Hong Kong, la brève rencontre entre Tyler, un jeune homme habitué aux dangers de la rue, et Jo, une femme policier infiltrée, ne sera pas sans conséquence : celle-ci tombe enceinte. Afin de gagner de l’argent rapidement, Tyler devient garde du corps.

Au service de Hong, le chef d’une puissante triade, il s’associe avec Jack, un ancien mercenaire décidé à entamer une nouvelle vie avec Hui, la fille de Hong, qu’il vient d’épouser et qui attend un enfant de lui.

Ensemble, Tyler et Jack parviennent à déjouer une tentative d’assassinat dirigée contre leur employeur, mais leur collaboration va être de courte durée. De complots en guet-apens, d’intérêts opposés en trahisons, ils vont se retrouver opposés et entraînés vers une confrontation mortelle.

Avis :

Parmi les réalisateurs les plus prolifiques, on peut aisément citer Tsui Hark. Débutant sa carrière dans les années 70 à la télévision chinoise et hong-kongaise, le cinéaste va rapidement se faire un nom dès son premier film, Butterfly Murders, qui revisite le film de sabre chinois (ou Wu Xia Pian). Stakhanoviste accompli, il va alors enchainer les réalisations et les productions, changeant de genre à chaque fois pour tout explorer. Au milieu des années 90, il décide de s’expatrier aux Etats-Unis et fait une paire de films avec Jean-Claude Van Damme. A la fin de cette même décennie, il retourne à Hong Kong où il va alors réaliser un film qui va rester dans les annales, Time and Tide. Considéré comme l’un des meilleurs films d’action de tous les temps, le cinéaste va surtout lui apporter un dynamisme incroyable grâce à une mise en scène inspirée et inspirante.

C’est d’ailleurs là le très gros point fort de ce film, sa mise en scène. Tsui Hark ne se fixe aucune limite dans sa technique, et il va essayer, à chaque fois, de trouver le plan idéal pour donner une aura nerveuse à son film. De ce fait, les scènes d’action sont dantesques et donnent constamment le vertige. On pense à l’avant-dernier acte, qui se déroule dans une barre d’immeubles et qui va jouer avec les étages. On va alors suivre les sauts de fenêtres avec une caméra qui suit littéralement les personnages. Cela une sensation d’immersion assez folle. De plus, le réalisateur joue avec l’architecture, nous perdant dans un dédale d’escaliers et d’appartements. La dernière séquence, dans une sorte de galerie marchande, s’amuse aussi avec les lieux, mais surtout la brume et un savant jeu de cache-cache. Là, le réalisateur laisse exploser sa maîtrise de l’angoisse.

Même s’il ne repose jamais vraiment sa caméra, Tsui Hark va utiliser des effets intéressants pour non seulement dynamiser l’ensemble, mais aussi pour créer le trouble chez le spectateur et chez les protagonistes. La caméra glissante sera toujours du plus bel effet pour générer une action non-stop, mais il faudra aussi compter sur du déguisement et de la fumée. Ce dernier acte contient un aspect fantasmagorique assez intéressant, qui donne un côté presque surnaturel aux scènes d’action. Là encore, la mise en scène et le montage n’arrêtent pas une seule seconde, nous plongeant au cœur d’une action débridée qui va faire mouche à chaque fois. De plus, un enjeu dramatique prend place, avec de potentielles victimes collatérales à cause d’un combat en plein concert. Bref, Time and Tide n’a pas usurpé son statut de film d’action culte, même vingt ans plus tard.

Cependant, tout n’est pas impressionnante dans ce film. Et en premier lieu, on peut lui reprocher une première partie très difficilement compréhensible dans son scénario. La faute, justement, à un montage hystérique, qui ne prend jamais le temps de vraiment présenter les deux personnages principaux. On se retrouve même à se demander ce que l’on regarde et ce que veut nous raconter Tsui Hark. Pris dans une certaine frénésie, il en oublie de bien montrer le cheminement des deux protagonistes, comment ils se sont connus et comment leurs chemins vont prendre des directions opposées, pour se recoupés par la suite. Alors oui, c’est toujours bien filmé, c’est dynamique, mais très souvent, on ne comprend pas trop qui fait quoi, et pourquoi li le fait. Par exemple, il faut comprendre que le début présente un looser qui devient garde du corps pour subvenir aux besoins d’une flic qu’il a mis enceinte.

Ensuite, il faut aussi deviner que l’autre personnage est un tueur à gages expérimenté, qui va trahir un patron de la triade, car ce dernier s’en est pris à sa femme, qui est enceinte elle aussi. Sans marqueur temporel, avec une mise en scène qui ne s’arrête pas une seconde et des personnages secondaires pas forcément marqués, on navigue en eaux troubles et il est parfois compliqué de bien se repérer. Ce qui crée un trouble et une barrière qui empêche de rentrer pleinement dans l’intrigue. Une intrigue intéressante, qui pointe du doigt un Hong Kong corrompu, où chacun peut faire sa loi, à partir du moment où il y a des billets. Tsui Hark montre alors des mercenaires armés jusqu’aux dents, qui n’ont pas peur de tuer femme et enfant pour avoir de l’argent.

D’ailleurs, peut-être de le réalisateur a vu que son scénario était un peu léger, et ce montage frénétique est une sorte de cache-misère pour ne pas ennuyer le spectateur. Pour autant, cela n’enlève rien à la maestria du cinéaste, qui démontre tout son talent pour filmer l’action, tout en gardant quelques tics personnels. Il y a une forte iconisation du personnage du tueur, qui possède un talon d’Achille, sa femme, et certains plans insistent sur son visage. Tout comme certaines séquences font des pauses sur des mouvements, créant une rupture dans la dynamique, pour bien marquer un passage essentiel. Bref, Tsui Hark appuie son style et impose son envie de briser les genres, avec de l’humour, de l’action et même des passages assez tendus, à l’image du combat final avec un nouveau-né en danger.

Au final, Time and Tide est un film d’action survitaminé qui reste toujours très efficace plus de vingt ans plus tard. S’il est dommage que le scénario soit si confus dans sa première partie, au point de perdre le spectateur, le réalisateur se rattrape grandement dans ses scènes d’action qui sont incroyables et immersives. D’ailleurs, c’est justement pour cela que le film a atteint un statut de film culte, qui ne fut rattrapé que par The Raid, plus de dix ans plus tard. Bref, un très bon film, qui n’a pas pris une ride, mais dans lequel il faut rentrer en faisant fi d’un démarrage brouillon.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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