mars 29, 2024

Synchronicity

De : Jacob Gentry

Avec Chad McKnight, Brianne Davis, AJ Bowen, Michael Ironside

Année : 2015

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Après des années de recherche, un groupe de scientifiques pense détenir la clef d’un passage vers d’autres espaces temps.
À la tête du projet, Jim Beale voit son jour de gloire arriver. Malgré les inquiétudes du groupe face à ce qui pourrait transformer à jamais l’avenir de l’humanité, il décide de servir de cobaye pour l’ultime expérience.
Au moment de mettre la théorie en pratique, il est loin d’imaginer ce que le portail qu’il vient d’ouvrir va laisser passer dans notre dimension.

Avis :

S’il y a bien un sous-genre qui peut vite devenir agaçant en science-fiction, c’est ce que l’on nomme la Hard Science. Derrière ce terme se cache en fait un type de science-fiction précis qui essaye de se rapprocher le plus possible à la réalité et aux progrès que l’on peut faire dans le domaine de la science. De ce fait, on se retrouve souvent avec des films à concept, qui baragouine quelques bricoles compliquées pour faire croire que c’est intelligent. On peut retrouver cela avec le Interstellar de Christopher Nolan, ou encore I, Origins de Mike Cahill. Et en règle générale, on se fait bien chier devant, surtout lorsqu’une bande de scientifiques commencent à déblatérer des élucubrations scientifiques improbables, noyant ainsi le public. Avec Synchronicity, on est pile poil dans cela, le budget en moins, et la réalisation toute moche.

Ici, un scientifique du nom de Jim Beale tente, avec son équipe, de créer un trou de ver afin de tordre l’espace-temps et de trouver une sorte de monde parallèle. Dès le départ, on se demande à quoi cela pourrait bien servir, mais on ne nous sort jamais les raisons de telles recherches. Alors que l’on croyait que l’opération s’était mal passée, Jim va se rendre compte, au hasard d’une rencontre avec un belle femme, qu’une plante identique à la sienne se retrouve dans sa dimension. Une preuve donc que le trou de ver a marché et pour prouver sa démarche à son mécène, Jim décide de se porter cobaye. Commence alors un mélo dramatique où amour et machination vont se tenir la main pour une histoire sans queue ni tête.

Et c’est un triste constat, car dès le démarrage du film, on sent que l’on fait face à une supercherie. Le scénario ne tient jamais la route, car les enjeux ne sont pas clairement définis. On assiste à un essai non concluant de la part de l’équipe de scientifiques, puis rapidement, on va avoir droit à la démonstration pour un homme d’affaires peu scrupuleux qui va tendre un piège à tout le monde pour avoir les honneurs de la découverte. C’est bateau et la rencontre fortuite entre le personnage principal et sa nana n’est pas du tout cohérente. Il faut dire que l’on nous bassine avec ce trou de ver, mais on ne sait plus qui va où et comment, car le montage (fait par le réalisateur) est chaotique au possible. Rien n’est vraiment intéressant là-dedans et l’ennui, provoqué par l’incompréhension du bousin, vient pointer le bout de son nez.

D’ailleurs, en parlant de montage, celui-ci est une vraie calamité. Il n’y a pas vraiment de décalage entre les univers parallèles, à un tel point que l’on ne sait plus dans quel on évolue, et l’ensemble est un véritable sac de nœuds. Il aurait fallu trouver un truc pour marquer les univers, soit un code couleur, soit une petite précision, car on est vite perdu. Alors oui, il y a quelques bonnes idées, comme ce moment où le « héros » jouxte les actions qu’il a fait par le passé (car oui, il y a aussi des décalages dans le temps…) et joue avec des éléments qu’il a laissé sur son chemin. Mais c’est du déjà-vu, notamment chez Nolan, dont le scénario s’inspire grandement, mais aussi dans Timecrimes de Nacho Vigalondo, et c’est bien mieux fichu chez l’espagnol. De plus, l’enjeu romantique bat de l’aile tant les personnages sont inconsistants.

Le personnage principal n’a rien pour lui. Il s’agit d’un scientifique tout ce qu’il y a de plus simple, avec ces névroses et son envie de découvrir un nouveau truc, même si ça ne sert à rien. Il tombe amoureux d’une jolie brune bien mystérieuse, qui se trouve sur son chemin comme par hasard. Le côté romantique ne peut pas prendre, car les deux personnages ne sont pas marqués, ni marquants. Du coup, leur relation charnelle, on s’en bat un peu les couilles. Parmi les personnages secondaires, il n’y a pas foule. L’équipe de scientifiques est composée de deux autres types, un peu introvertis et qui ressemblent à n’importe quel geek. Quant à Michael Ironside, le bad guy de l’histoire, il se contente de montrer sa trombine, de faire un sourire maléfique, et de se barrer. Rien n’est fait pour que l’on ressente de l’empathie envers tout ce petit monde.

Enfin, la mise en scène est d’une platitude déconcertante. Jacob Gentry doit bien entendu faire avec son budget, mais son côté intimiste relève plus de la fainéantise et du manque d’ambition qu’autre chose. Il n’y a pas de couleur, le film baignant dans un filtre grisâtre dégueulasse, et aucun plan ne retiendra notre attention. Pas même lorsque le cinéaste voudra mettre de la symétrie, ou encore lorsqu’il voudra rendre glamour son actrice. Il faut rajouter à cela une version française ignoble, où l’on sent que les doubleurs n’en avaient strictement rien à foutre. Très clairement, on dirait un produit de seconde zone, genre Asylum, mais qui se prend terriblement au sérieux. C’est tout bonnement insupportable.

Au final, Synchronicity est un très mauvais film. Se voulant intelligent dans son fond scientifique, il en résulte surtout quelque chose d’ennuyeux au possible. Se voulant touchant dans sa romance dans le temps, il en résulte surtout une relation plate et sans émotion. Le réalisateur se fourvoie complètement dans ce qu’il veut raconter, n’arrivant jamais à créer de sentiment, ni même à passionner par son côté scientifique. Bref, un film qui a bien mérité son sort de DTV, voire même de tomber dans un oubli total.

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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