avril 27, 2024

A Classic Horror Story

De : Roberto De Feo et Paolo Strippoli

Avec Matilda Lutz, Francesco Russo, Peppino Mazzotta, William Merrick

Année : 2021

Pays : Italie

Genre : Horreur

Résumé :

Cinq inconnus font du co-voiturage à bord d’un camping-car, mais après un accident, ils se retrouvent dans une forêt peuplée d’êtres étranges dont il est impossible de sortir.

Avis :

Matilda Lutz est une jeune actrice italienne qui a commencé sa carrière… en Italie. En effet, elle fait ses débuts dans Summertime de Gabriele Muccino, ou tout du moins, c’est à partir de là que sa carrière commence à prendre de l’ampleur. Une ampleur qui va très vite s’amincir, la faute à des choix artistiques douteux. Elle s’envole pour les Etats-Unis afin de tourner dans le nouveau Ring, mais le film sera un échec. Elle arrive en France pour jouer dans le premier film de Coralie Fargeat, Revenge, un revenge movie qui tient plus de la pub stylisée pour une bière que d’un vrai film. Elle repart alors en Italie pour jouer dans la série Les Médicis avant de partir en Angleterre pour faire un film de science-fiction tout moisi, Zone 414. Comme on peut le voir, la carrière de l’actrice n’est pas faite que de chefs-d’œuvre.

Mais il en faut plus pour décourager la comédienne, qui après un petit tour en France pour Ils Etaient 10, retourne dans son pays natal pour jouer la tête d’affiche d’un film d’horreur produit par Netflix : A Classic Horror Story. Un titre un peu racoleur, qui laisse à penser que les deux réalisateurs ont conscience de ne rien inventer dans le genre, mais veulent tout de même jouer au plus malin avec le spectateur. Et c’est un peu ce qui va se passer. Jamais mauvais, ni jamais bon, le film de Roberto De Feo et Paolo Strippoli se place dans une norme assez réjouissante en cette période de vache maigre. Et s’il faut se contenter d’un message tout riquiqui, il faudrait être aveugle pour ne pas voir les efforts du duo pour livrer un film beau et bien réalisé.

Le film débute avec une jeune femme qui est attachée à une table et qui va se faire tuer à gros coups de marteau. Tout cela se passe hors-champ, et on va vite trouver nos cinq personnages qui font du co-voiturage pour aller dans le Sud de l’Italie. On va apprendre quelques petits trucs sur eux, notamment que l’un d’entre eux est médecin, que l’on a un couple un peu déluré, qu’une jeune femme est enceinte et que le dernier, qui conduit le camping-car, veut devenir réalisateur. Le trajet se passe bien jusqu’à ce qu’un accident survienne, le véhicule percutant un arbre en bord de route. A leur réveil, les protagonistes se retrouvent dans une clairière, loin de toute route, avec pour seul décor, une maison étrange. Ils vont alors se faire attaquer par des hommes masqués, qui semblent vouer un culte occulte païen à trois cavaliers.

Ce pitch, on le connait relativement bien. Et les deux réalisateurs le savent pertinemment, c’est pour cela qu’ils vont brouiller les pistes. On se demande si l’on n’est pas tombé sur un ersatz de Reeker, avec des personnages entre la vie et la mort, luttant pour leur survie dans les limbes des enfers. Puis on pense ensuite à n’importe quel film de secte païenne, sans jamais aller jusqu’à Midsommar (il ne faut pas déconner non plus). Les cinéastes jouent avec les sous-genres de l’horreur et tentent à chaque fois de surprendre, soit par des situations plus ou moins efficaces, soit par des choix graphiques intéressantes. Il suffit de voir la première attaque, avec cette sirène et ces aplats de rouge pour ressentir une envie d’aller vers du Evil Dead (cité dans le film), tout en proposant un slasher ésotérique. Rien que pour cela, le film vaut le coup.

Sur le scénario, le seul reproche que l’on pourrait lui faire, c’est dans son twist final et ce que veut raconter le film. En premier lieu parce que l’explication finale arrive bien trop vite, et c’est très mal joué par Francesco Russo. Mais aussi parce qu’en termes de profondeur, on reste sur un message frileux et pas forcément juste. A Classic Horror Story se veut être un regard acerbe sur le cinéma horrifique italien de ces dernières années, jetant du venin sur les producteurs frileux, s’octroyant, par la même occasion, un aspect méta pas forcément percutant. De plus, durant le générique de fin, le film va même se permettre un gros tacle sur les spectateurs, qui consomment Netflix comme un rien, jugeant un film sans le regarder vraiment. C’est cynique, et pas forcément respectueux pour ceux qui ont fait l’effort de regarder jusqu’au bout.

Fort heureusement, le film va avoir de nombreux atouts pour lui, et en premier lieu, il bénéficie d’une ambiance forte et marquée. Les décors sont minimalistes, mais la légende autour des trois cavaliers est assez forte et l’arrivée de toute la populace pour faire un culte païen est une bonne séquence de flippe. Encore une fois, le duo de réalisateurs est très inspiré, et joue beaucoup avec les codes couleurs pour donner du cachet au film. De plus, il n’est pas avare en séquences gores. Certes, elles sont souvent hors champ, mais elles sont efficaces et arrivent toujours au bon moment. Sans compter que le film ne se freine pas forcément, n’hésitant pas à tuer femme et enfant avec une certaine violence. Il est dommage que certains acteurs soient si mauvais, même si cela permet à Matilda Lutz de sortir du lot et de montrer une belle palette d’émotions.

Au final, A Classic Horror Story est un film qui a totalement conscience de son statut et de son scénario. C’est en ce sens qu’il use et abuse d’effets méta pour trouver une justification à son existence. Pour autant, et aussi détestable que soit la morale de fin, le film se pare d’atouts imparables comme une mise en scène inspirée, des effets gores satisfaisants et un mystère qui joue sur plusieurs sous-genres déjà connus. Ainsi, sans être un chef-d’œuvre, ce film se laisse largement regarder, jusqu’à son twist de fin, un peu ridicule et qui casse une mythologie qui pouvait trouver un meilleur écho.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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