mars 29, 2024

La Sagesse des Morts – Rodolfo Martinez

Auteur : Rodolfo Martinez

Editeur : Mnémos

Genre : Policier, Fantastique

Résumé :

Et si toutes les histoires de Sherloch Holmes ne vous avaient pas été révélées ? Rodolfo Martinez a-t-il retrouvé les manuscrits perdus du bon docteur Watson, où l’on découvre le monde fantastique – celui de Lovecraft, celui de Van Helsing – bousculant à plaisir l’esprit cartésien du 221 B Baker Street ? Quand le plus célèbre des détectives britanniques se met en chasse du fameux All Azif, le Necronomicon de toutes les peurs cachées, pour épargner au monde les sombres desseins d’une secte américaine, il nous entraîne à le suivre jusqu’aux portes de l’enfer.

Avis :

Parmi tous les grands enquêteurs de la littérature, Sherlock Holmes est certainement celui qui a été le plus adapté au cinéma, mais qui possède aussi le plus de pastiche dans la littérature. Souvent mélangé à d’autres personnages, issus eux aussi de la littérature, Sherlock Holmes traverse les décennies avec une désinvolture qui sied parfaitement à son image. Rodolfo Martinez, écrivain espagnol, va tenter de se réapproprier ce mythe pour le placer au milieu de deux autres légendes, H.P. Lovecraft dans un premier temps, puis Dracula dans un deuxième. Essayant vainement de reprendre les codes de Sir Arthur Conan Doyle, l’écrivain hispanique va pourtant avoir toutes les peines du monde à nous convaincre, la faute à des récits trop légers et aux conclusions hâtives.

Dans un premier temps, nous allons avoir droit à une introduction assez étrange. En effet, Rodolfo Martinez tente de nous faire croire qu’un ami à lui à retrouver des écrits inédits chez un brocanteur, et que ce dernier les traduit tel quel. On y apprend donc que Sir Arthur Conan Doyle n’est pas l’écrivain derrière Sherlock Holmes, mais juste l’éditeur des écrits du Dr Watson, qui serait la véritable plume derrière la légende. Un choix audacieux, mais qui, au final, n’apporte rien à l’ensemble, si ce n’est une justification de l’utilisation de la première personne pour raconter les trois histoires qui composent ce roman. D’entrée de jeu, on assiste alors à une tentative vaine de réécrire un mythe qui n’avait pas forcément besoin de cela. Mais ce n’est pas tout…

La première histoire prend place avant 1900 et Sherlock Holmes est revenu d’entre les morts après sa chute vertigineuse lors de son ultime affrontement avec Moriarty. Disparu pendant plusieurs années, on apprend alors qu’il a utilisé un faux nom pour voir le Dalaï Lama, aller à la Mecque ou encore taper la discute avec le pape. En lisant le journal, il est interpellé par un savant qui porte le même nom d’emprunt que lui, ce qui lui met la puce à l’oreille sur une affaire complexe. L’auteur de nous place alors au centre d’une vaste magouille pour piquer le Necronomicon à une société privée et secrète. On y voit alors l’apparition de Lovecraft qui souhaite prendre le livre pour le ramener aux States. On a donc droit à un jeu du chat et de la souris, avec quelques meurtres, quelques manipulations, et un grand n’importe quoi narratif.

Il est très difficile de s’impliquer dans ce récit, car il y a beaucoup de personnages étranges, et surtout, ils ne sont pas bien retranscrits. On retrouve un Lovecraft sans réel description physique, ainsi qu’un servant ingrat mais qui ne sert à rien, ou encore un Arthur Conan Doyle qui cache des choses à ses « amis ». Bref, il s’agit-là d’un beau bordel mal organisé devant lequel on ne comprend pas forcément les agissements de chacun. Pire, l’écrivain fait un aveu de faiblesse lorsqu’il fait dire à ses personnages qu’eux-mêmes ne comprennent pas les magouilles des « méchants ». Ajoutons à cela un final abrupt, avec une pirouette fantastique non expliquée, et on obtient un premier essai indigeste, qui trouve grâce à nos yeux uniquement pour l’utilisation du dhôle, un ver hypnotique qui aurait pu être intéressant dans le récit.

La deuxième nouvelle sera un peu plus intéressante, et place Sherlock Holmes dans un contexte inédit, celui du fantastique. Ici, le détective londonien est mélangé à la légende des vampires de Bram Stoker, et le récit se fait à travers deux journaux intimes, celui de Watson et celui de Seward. Au départ, on trouve des morts vidés de leur sang, dont Holmes ne trouve aucune réponse logique. Puis ensuite, à travers le journal de Seward, on va voir que Dracula est revenu d’entre les morts, et il contacte Van Helsing pour s’en débarrasser une nouvelle fois. Sans être foisonnant ou incroyable, le récit se suit sans déplaisir et permet de voir deux tronches faire équipes, Holmes et Van Helsing. Il est dommage que l’histoire ne joue pas plus sur leurs différences de faire, cela aurait pu donner des moments assez drôles.

Enfin, la dernière histoire est la plus courte et met Watson au centre de l’enquête. En effet, il doit tenter de trouver les raisons d’un meurtre, celui d’un frère qui a battu à mort sa sœur. Ici, on est dans un contexte plus classique, sans aucune once de fantastique, et on retrouve une volonté de coller au mieux au canon holmésien. Le problème va venir de l’enquête en elle-même, très classique, et qui manque cruellement de rebondissements. On aura bien un Watson impliqué et un Lestrade à la ramasse, mais l’ensemble est vraiment faiblard et manque de passion pour Holmes et ses enquêtes. Pourtant, les références sont sciemment citées, prouvant que l’auteur s’y connait, mais il ne maîtrise absolument pas les bases de l’écriture policière pour faire une histoire qui tienne vraiment la route.

Au final, La Sagesse des Morts n’est pas un roman inutile ou pénible. Il est juste un essai un peu raté, pas forcément passionnant, fait par un auteur qui aime Holmes mais qui ne maîtrise pas les codes de son écriture. La volonté de le mélanger avec des éléments fantastiques est louable, mais on a déjà vu mieux ailleurs, et on sent que parfois ça patauge, notamment lorsqu’il faut offrir une fin digne de ce nom. Bref, sans être catastrophique, ce recueil de trois histoires manque de panache et d’innovation pour pleinement nous convaincre…

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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