avril 26, 2024

Haken – Vector

Avis :

Le métal progressif est un genre très particulier, qui possède de nombreux fans. Il faut dire que le genre est très technique et met en avant de longs morceaux avec des passages instrumentaux qui forcent le respect. Cependant, de nombreuses formations sont tombées dans le piège de ce style, en ne jouant que pour eux et en mettant en avant des titres à la limite de l’écoutable, tant l’expérimentation va trop loin. Haken est un groupe anglais qui s’est formé à Londres en 2007. Voulant officier dans ce style, les britanniques vont alors faire un choix assez malin, allier le prog à un métal plus vif et rugueux. Alternant alors morceaux « calibrés » dans le temps et grosses productions bien longues, le groupe a trouvé un équilibre plaisant qui lui a valu une certaine reconnaissance. Et Vector est carrément dans cette veine.

Cinquième effort du groupe, Vector commence avec Clear, qui va poser les bases d’un mélange assez étrange, entre arrangements électro et riffs saturés de grattes bien nerveuses. Sorte d’opéra macabre 2.0, cette introduction ouvre la voix au premier hit de l’album, The Good Doctor. Faisant moins de quatre minutes, le titre va se permettre d’être très vigoureux et d’aller droit au but, sans pour autant renier son aspect Prog. On trouvera une superbe ligne de basse, une batterie électrique qui fait très années 80, et un chanteur en pleine possession de ses moyens, lorgnant même vers un chant un poil sensuel. L’ensemble tient parfaitement la route, avec en prime un refrain puissant et catchy à souhait. On notera aussi des fulgurances purement Prog, avec notamment des élans techniques assez incroyables. Bref, tout cela donne fortement envie d’aller vers la suite.

C’est alors que survient Puzzle Box et ses longues presque huit minutes. Le démarrage est tonitruant, avec un rythme relevé, avant de se calmer pour laisser le chanteur prendre ses aises dans le couplet. Le refrain renoue alors avec la nervosité, pour ensuite permettre aux grattes de se lâcher complètement, puis de monter crescendo, jusqu’à un passage instrumental dantesque. C’est avec ce morceau que le groupe prouve sa grande forme et son inspiration de tous les instants. Il y a une vraie alchimie dans le break, où guitares, claviers, basse et batterie scandent une mélodie qui va tout casser sur son passage. Mais le plus formidable dans tout ça, c’est qu’il y a une cohérence dans les différentes parties, avec un liant qui se fait naturellement. De plus, certains éléments font penser à du Leprous, ce qui est une comparaison très flatteuse.

Mais la pièce maîtresse intervient juste après avec Veil et ses douze minutes. Véritable chef-d’œuvre, le morceau va nous emporter dans un mélange de douceur et de violence, où chaque partie trouve un équilibre juste. Le démarrage est assez calme, jusqu’à arriver à un point de pression, qui plongera le titre dans un métal pur et dur. L’orchestration est phénoménale et le groupe ne faiblit absolument jamais, continuant encore et toujours à trouver des points de liaison impressionnants. Bref, l’enchainement des deux titres (Puzzle Box et Veil) est une véritable baffe dans la tronche. Et Nil by Mouth ne va pas venir ternir cette sensation de gros album. Durant près de sept minutes, mélange fulgurant d’électro nerveuse et de Métal qui frappe fort, ce titre instrumental est une bombe destructrice. Là encore, l’équilibre est parfaitement trouvé et on en prend plein les mouilles.

Parmi tous les titres, c’est bien Host qui fait office de moment déroutant. Débutant avec un petit saxophone et lorgnant du côté jazzy pour polar, le morceau dénote par rapport à tout le reste. Cependant, il propose un schéma structurel purement Prog, avec des montées et des descentes qui permettent au groupe de jouer avec nos émotions et de mieux nous surprendre. Là encore, on ne peut que comparer avec Leprous tant il y a des ressemblances dans le style. Et même si on aura une préférence pour le groupe norvégien, les anglais s’en tirent avec les honneurs. Enfin, A Cell Divides viendra conclure cet album avec une violence percutante et une envie de nous laisser sur le carreau. Plus court qu’à l’accoutumée, on reste tout de même face à un titre complexe, mais pas compliqué, qui démontre tout le talent du groupe dans l’écriture des titres.

Au final, Vector, le cinquième album de Haken, est une très belle réussite. Les britanniques font très fort en utilisant peu de titres. Car si on retire l’introduction, on table sur uniquement six morceaux, mais qui ont tous leurs particularités et leur identité. Le groupe délivre alors un effort complet et puissant, qui les place parmi les meilleurs groupes de métal progressif. Bref, un album réussi et accessible, ce qui n’est pas évident dans le Prog.

  • Clear
  • The Good Doctor
  • Puzzle Box
  • Veil
  • Nil by Mouth
  • Host
  • A Cell Divides

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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