juillet 27, 2024

La Chance Sourit à Madame Nikuko – Bouffe et Bonne Humeur

Titre Original : Gyokou no Nikuko-Chan

De : Ayumu Watanabe

Avec les Voix Originales de Cocomi, Shinobu Otake, Izumi Ishii, Natsuki Hanae

Année : 2022

Pays : Japon

Genre : Animation

Résumé :

Nikuko est une mère célibataire bien en chair et fière de l’être, tout en désir et joie de vivre – un véritable outrage à la culture patriarcale japonaise ! Elle aime bien manger, plaisanter, et a un faible pour des hommes qui n’en valent pas toujours la peine. Après avoir ballotté sa fille Kikurin la moitié de sa vie, elle s’installe dans un petit village de pêcheurs et trouve un travail dans un restaurant traditionnel. Kikurin ne veut pas ressembler à sa mère et ses relations avec Nikuko ne sont pas toujours simples. Jusqu’au jour où ressurgit un secret du passé.

Avis :

Réalisateur japonais qui travaille depuis les années 80 dans l’animation, Ayumu Watanabe a connu le succès très tardivement. S’il passe une très grande partie de sa carrière en tant que storyboarder, puis en tant que réalisateur depuis 2006, ce n’est qu’à l’âge de cinquante-deux ans qu’il connaît la reconnaissance avec son quatrième film, le poétique et un brin perché, « Les enfants de la mer« . Le film qui est le premier du réalisateur à vraiment quitter l’île pour se frotter aux publics de différents pays a su convaincre et aujourd’hui, Ayumu Watanabe commence à gentiment s’exporter, et c’est tant mieux.

Trois ans après « Les enfants de la mer« , voici donc le nouveau film de Ayumu Watanabe, « La chance sourit à Madame Nikuko« , ce cinquième long-métrage du cinéaste nippon est une petite merveille. A l’opposé des « … enfants de la mer« , « La chance sourit à Madame Nikuko » est une œuvre pleine de drôlerie et de tendresse. Une œuvre qui se déguste, autant que Madame Kikuko a bon appétit. Coloré, inventif, pop, tout en sachant aussi se faire sérieux, « La chance sourit à Madame Nikuko » se pose comme une jolie surprise et pique encore un peu plus notre curiosité quant à la filmographie, encore inédite, de son metteur en scène.

Après bien des déboires amoureux, Madame Nikuko et sa fille Nikurine se sont installées dans un petit village de pêcheurs. Madame Nikuko est une femme pleine de bonne humeur et bien en chair. Elle travaille dans un petit restaurant et se dédie entièrement à sa fille, enfin presque, puisqu’il ne faut pas qu’il y ait à manger à côté d’elle, sinon, manger devient alors sa priorité. Kukurine, quant à elle, partage son quotidien entre l’école, sa copine Maria, le basket, un jeune garçon étrange, et puis, bien entendu, sa mère, avec qui elle a une relation assez fusionnelle.

« La chance sourit à Madame Nikuko« , rien qu’avec ce titre, sans même savoir qui se trouvait à la réalisation de ce dessin animé, j’avais l’envie de m’y arrêter, et j’ai bien fait, car en plus de découvrir que c’était donc Ayumu Watanabe qui se trouvait derrière, « La chance sourit à Madame Nikuko » s’est posé comme un sympathique moment de cinéma, plein de fun, d’humour, et même d’émotion.

« La chance sourit à Madame Nikuko » est un film qui tient en son sein une intrigue qui n’a rien de vraiment extraordinaire, puisqu’il nous raconte, après une fabuleuse introduction toute en émotion, le quotidien très simple d’une famille tout ce qu’il peut y avoir d’ordinaire. Un quotidien partagé entre drôleries, dégustations culinaires, école, amitié, famille, et un soupçon d’exubérance, car oui, comme le dit le personnage de Nikurine en regardant sa mère, parfois, on peut se demander qui est l’enfant dans cette famille, tant Madame Nikuko est sans filtre. Tenant son intrigue d’un bout à l’autre de son film, Ayumu Watanabe nous entraîne donc avec sourire dans cette vie paisible, et alors qu’il ne se passe pas grand-chose de fou, le réalisateur nous tient avec intérêt, nous donnant toujours l’envie d’aller plus loin dans l’exploration de ce quotidien.

Si parfois, on peut se demander où cette « … chance sourit à Madame Nikuko » veut aller, c’est si bien fait que finalement, on se plaît à suivre ces personnages et ça en devient presque secondaire. Dans un sens, qu’importe où le film veut aller, du moment qu’on passe du temps avec ces personnages et ça, c’est un tour de force de la part de Ayumu Watanabe. Après, au milieu de ce très beau décor, « … Madame Nikuko » aura quand même un chemin et un aboutissement, et c’est une fois qu’elle aura rassemblé quelques pièces d’un puzzle qu’on n’avait absolument pas vu venir, qu’elle nous montrera son but, et si en termes d’intrigue et d’émotion, c’est très beau, il faut aussi dire que ce virage se fait un peu brusquement, et ça, ça dénote un peu avec toute la subtilité dont le film avait fait preuve jusqu’à maintenant. Après, ça reste une petite ombre « presque éclairée » dans ce beau tableau, tant le reste du film est ô combien, très beau, et tant on s’y est plu.

Toujours dans l’écriture, Ayumu Watanabe nous offre de très beaux personnages, et à travers eux, il développe pas mal de thèmes. Madame Nikuko est un petit best of à elle toute seule, et l’on reste pendu à ses lèvres et ses actions, tant elle a un optimisme et une joie qui est communicative. Quant à Kikurine, si elle est très simple au demeurant, le parcours de son personnage est là encore très beau. Après, il est dommage que Ayumu Watanabe n’ait développé véritablement que ces deux personnages. On aura bien le cuistot, mais ça reste très léger, tout comme les personnages de Maria et du garçon étrange qui fait des grimaces.

Du côté de son visuel, « La chance sourit à Madame Nikuko » est une petite merveille. Très différent des « … enfants de la mer« , au point qu’on ne croirait pas que c’est le même réalisateur qui se trouve derrière les deux films, Ayumu Watanabe réalise un film pop, très coloré, allant parfois presque dans la caricature du dessin animé japonais. Le graphisme est simple et en même temps pas tant que ça, notamment quand le film a tendance à triper tout seul, ce qui l’emmènera sur d’autres sentiers et tout ceci mélangé, donne un ensemble on ne peut plus cool. Le film est aussi tenu par un bon rythme qui joue très bien avec la comédie et les émotions. On notera aussi quelques clins d’œil ici et là qui sont les bienvenus.

Toujours aussi adulte dans son cinéma, « La chance sourit à Madame Nikuko » demeure toutefois plus simple et accessible que « Les enfants de la mer« . Amusant et touchant, divertissant, fun, coloré, et plein de tendresse, cette deuxième incursion dans le cinéma animé de Ayumu Watanabe nous aura conquis d’un bout à l’autre et ça, même si, comme je le disais, sur sa fin, le film fait un virage à cent-quatre-vingts degrés dans son drame.

« Les enfants de la mer » avait piqué notre curiosité, « La chance sourit à Madame Nikuko » pousse le curseur bien plus loin et comme je le disais, aujourd’hui, on est très curieux quant à l’avenir de son réalisateur, mais aussi de son passé (si Eurozoom nous lit, on ne sait jamais…).

Note : 16/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.