avril 26, 2024

Les Lions sont Lâchés

De : Henri Verneuil

Avec Claudia Cardinale, Jean-Claude Brialy, Danielle Darrieux, Michèle Morgan

Année : 1961

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

Lassée par sa vie en province et son mari, Albertine vient à Paris pour se divertir. Elle est accueillie par son amie Cécile qu’elle admire. Albertine fait connaissance d’un jeune romancier à la mode dont elle tombe amoureuse. Ils passent du temps ensemble, mais le jeune homme doit s’éloigner quelque temps pour écrire son roman. La jeune femme oscillera alors entre amants et déceptions.

Avis :

Immense réalisateur français, Henri Verneuil est presque une institution à lui tout seul. Metteur en scène de chef-d’œuvre et autres classiques comme « Un singe en hiver« , « Mélodie en sous-sol« , « Le clan des Siciliens« , « La vache et le prisonnier » ou encore « Cent mille Dollars au soleil » et « Peur sur la ville« , pour ne citer qu’eux, Henri Verneuil nous a laissé un très joli patrimoine, que des générations de cinéphiles se plaisent aujourd’hui à découvrir.

Alors qu’il fête ses dix ans de carrière en 1961, Henri Verneuil est très prolifique. On peut même dire que c’est une machine de travail, puisqu’il arrive à livrer deux films par année, et ces « … lions sont lâchés » va sortir entre un bon film, « Le Président« , et un chef-d’œuvre, « Un singe en hiver« .

« Les lions sont lâchés » est un film qui réunit bien des arguments prometteurs, entre Verneuil à la réalisation, Michel Audiard à l’écriture et une pléiade d’immenses acteurs, parmi lesquels Claudia Cardinale, Jean-Claude Brialy, Michèle Morgan ou encore Lino Ventura. Mais si le film tient quelques répliques bien placées et parfaitement cinglantes, ainsi qu’un sujet qui aurait pu être intéressant, puisque le film de Henri Verneuil est une critique du snobisme parisien, malheureusement, cette comédie tombe à plat et même si quelques sourires s’invitent, c’est bien l’ennui qui s’impose. Dommage.

Lassée de sa vie à Bordeaux et fraîchement divorcée, Albertine monte à Paris pour y vivre une autre vie bien plus palpitante. C’est Cécile, une amie qu’elle admire, qui l’accueille. Albertine veut rencontrer le tout Paris, mais Cécile la met en garde, car c’est un petit monde bourgeois avec ses codes et ses fausses amitiés, mais qu’importe pour la jeune femme qui a envie d’aventures. Très vite, Albertine fait la connaissance de Didier Marèze, un jeune romancier à la mode. Les deux jeunes gens passent du temps ensemble et se rapprochent, mais bientôt le jeune romancier s’éloigne, car il a un roman à écrire, laissant Albertine désabusée.

Aujourd’hui, c’est sur un petit cru méconnu du grand Henri Verneuil que je m’arrête. « Les lions sont lâchés » est un film qui piquait ma curiosité, car il tient un casting magique, qui donnait sacrément envie. En plus de ça, « Les lions sont lâchés » avait l’air d’être un film plus léger que ce que j’avais vu de la carrière de son metteur en scène. Comédie dramatique et surtout comédie critique, ce deuxième cru 1961 pour le réalisateur tient quelques bons moments et de bonnes réparties, mais malheureusement, comme je le disais plus haut, ça ne suffira pas pour nous tenir sur la durée du film.

Pourtant, on peut reconnaître à ces « … lions sont lâchés » plein de jolies qualités. Le film se pose comme une critique peu glorieuse de la bourgeoisie parisienne. Verneuil nous présente ce monde à travers les yeux d’une jeune provinciale qui découvre un monde d’entre-soi, qui s’auto-congratule, qui s’écoute parler et qui se sait supérieur. Grâce au talent de Michel Audiard, ces petits bourgeois prétentieux en prennent pour leur grade et à plusieurs moments, le film est parcouru de répliques bien cinglantes. Des répliques vachardes dont Michel Audiard a le secret. De salons privés en premières Parisiennes, Verneuil et Audiard s’amusent avec des ragots, des jugements hâtifs, et des curiosités mal placées. On sourit parfois, notamment grâce aux dialogues et aux acteurs, mais pour ce qui est de l’enthousiasme que procurera le film, cela s’arrête à cette petite, trop petite, fenêtre, car pour le reste, c’est bel et bien l’ennui qui s’invite aux soirées.

« Les lions sont lâchés » est un film qui a tendance à tourner en rond et qui fait très vite le tour de ce snobisme parisien. Verneuil, au gré des rencontres de son héroïne, décline le snobisme sur plusieurs personnages qui vont être autant de déconvenues pour la jeune femme et finalement, pour nous spectateur, on reste dans l’attente que le film démarre, ou plutôt qu’il redémarre et se renouvèle, or cela n’arrive pas. Et plus triste encore, après une scène de gifle assez grisante, ponctuée d’un des meilleurs dialogues de toutes ces histoires (« – je le prenais pour un mari, mais c’est un amant, il gifle) « Les lions sont lâchés » se conclura trop vite et de manière bien sage, ce qui nous laissera clairement sur notre faim et dans notre déception.

« Les lions sont lâchés« , c’est aussi un joli bal d’acteurs et d’actrices qui se succèdent, se rentrent dedans, s’écoutent, se critiquent et se nourrissent de ce petit entre soi tout à fait hypocrite. Si le temps est un peu long, et si l’on reste dans l’attente, il est vrai que du côté de ses acteurs, le film de Henri Verneuil nous offre entre guillemets ce que l’on est venu chercher. Ainsi, Claudia Cardinale est excellente en provinciale naïve, Michèle Morgan en amie fidèle et trouble à la fois illumine ses scènes, Jean-Claude Brialy en romancier arrogant et impuissant est très bon, quant à Lino Ventura, il déborde de machisme, ce qui peut être parfois très drôle, d’autant plus quand c’est allié aux répliques de Michel Audiard. On ajoutera ici et là Danièle Darrieux, Darry Cowl, Jean Ozenne ou encore une petite apparition de Charles Aznavour.

Filmé avec élégance, même si l’on reste dans l’attente permanente, cette petite comédie tout à fait oubliable nous offre quelques moments savoureux, et une critique qui a des bases intéressantes. Malheureusement, l’ennui et le manque de piquant finalement auront raison de ces « … lions sont lâchés« . Ainsi, malgré le casting, la réalisation, l’écriture, le sujet, ce deuxième cru 1961 pour Henri Verneuil ne laissera pas grand souvenir. Dommage, vraiment dommage.

Note : 08/20

Par Cinéted

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