avril 25, 2024

Septicflesh – Modern Primitive – Métal Gargantuesque

Avis :

Fondé en 1990 mais découvert par le public en 1994, Septicflesh fait aujourd’hui partie des poids lourds du Death Metal mondial. Il faut dire que les grecs ont un appétit vorace en ce qui concerne les grosses orchestrations, et un goût prononcé par le théâtral, comme peuvent en attester les costumes et looks arborés fièrement par la formation. Nous avions laissé le groupe en 2017 avec Codex Omega, qui fut un très gros morceau, montrant déjà un léger tournant vers quelque chose de plus orchestral. Dans la continuité, les grecs offrent alors Modern Primitive qui va être l’occasion de deux choses. Présenter le nouveau guitariste arrivé en 2020, Psychon. Puis délivrer une grosse galette en peu de temps (un peu plus de 38 minutes d’écoute) pour en mettre plein les tympans aux amateurs de musique extrême. Le pari est-il relevé ?

Le skeud débute avec The Collector, qui commence avec des airs orientaux. L’oud est de sorti et on a la sensation de se retrouver en plein désert d’Arabie, avec une volonté d’aller vers quelque chose de très « médiéval ». Bien entendu, le groupe va lâcher les riffs brutaux assez rapidement, mais tout en restant dans cette optique de délivrer des sonorités particulières. Cela donne un vrai cachet au titre qui va permettre à Seth Siro Anton de se lâcher complètement avec une voix gutturale venue d’outre-tombe. Les violons viennent rajouter une épaisseur de dingue à un titre massif et impressionnant. C’est d’ailleurs cet adjectif qui sied le mieux à cet album, qui donne un sentiment de grandiloquence rarement atteint. C’est gargantuesque et on se sent tout petit face à autant de prouesse lyrique et technique.

Hierophant va continuer dans cette énergie incroyable. Là encore, on retrouve une orchestration phénoménale qui nous avale tout entier. A contrario du titre précédent, on commence directement avec un mélange de modernité, apporté par les riffs des grattes, et de classique, avec des cuivres et des altos de toute beauté. Ici, il y a aussi un vrai rapport entre le chant clair et lancinant, qui se contente de répéter le titre du morceau, et le « harsh », profond, qui semble sortir des abysses et donne un peu plus d’épaisseur à l’ensemble. Self-Eater ira un peu plus loin dans le délire grand-guignolesque de l’album, avec un aspect théâtral encore plus poussé. Les riffs très rapides sont contrebalancés par des instruments classiques en arrière-plan, plus langoureux. Le pont, tout en lyrisme, permet de donner plus de puissance à la reprise, qui va frapper très fort.

Bref, un titre très lourd mais de toute beauté. Neuromancer va venir foutre un peu le bordel dans tout ça. Car même si, comme pour tous les morceaux précédents, on retrouve l’utilisation d’instruments folkloriques en introduction, c’est surtout le passage nerveux qui reste en tête. Les riffs sont addictifs, les sortes de « bourdons » en alto derrière sont fantastiques, et on se prend une mandale de tous les diables. Le groupe trouve une osmose parfaite entre lyrisme et Death virulent, offrant même des passages en chant clair qui appuient l’aspect épique de la chose. Encore une fois, les grecs nous assènent d’un titre d’une grande tenue. Coming Storm ira dans le même sens, même si on commence à entreprendre les contours de l’album. La recette est un peu la même à chaque fois, avec un mélange malin de classique et de Death surpuissant.

Cela permettra d’ailleurs au groupe de fournir trois pistes supplémentaires dans la version de luxe, chacun reprenant les moments orchestraux des titres, sans la partie « métal ». A Desert Throne ne change pas la recette, si ce n’est la venue salvatrice de chœurs féminins qui donnent une belle identité à l’ensemble. Modern Primitives va taper dans le gras, évoquant notre fragilité corporelle malgré les constants progrès de la science. Quant à Psychohistory, il s’agira du titre le plus court, mais aussi le plus puissant, avec des riffs qui donnent envie de se décoller la nuque. Un morceau d’une grande violence, mais qui n’oublie jamais la mélodie. Enfin, A Dreadful Muse clôture l’album avec grande classe, reprenant, inlassablement, la même recette qui fait le succès du groupe. Ça tabasse dans tous les sens et ça ne laisse aucun répit à celui qui écoute.

Au final, Modern Primitive, le dernier album de Septicflesh, est encore une fois une belle réussite, qui fait parfaitement suite à l’opus précédent. Restant dans une démarche orchestrale maous, le groupe ne délaisse pas pour autant les riffs brutaux et le chant guttural pour un mélange optimal et très malin. Si on peut ressentir, par moments, quelques répétitions, cela reste un effort costaud et gigantesque dans sa production.

  • The Collector
  • Hierophant
  • Self-Eater
  • Neuromancer
  • Coming Storm
  • A Desert Throne
  • Modern Primitives
  • Psychohistory
  • A Dreadful Muse

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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