avril 25, 2024

Ektomorf – Reborn

Avis :

Les changements de style, voire même de cap, dans l’industrie musicale sont monnaie courante. On a bien vu de nombreux artistes s’essayaient à d’autres genres pour toucher un panel plus large de nouveaux fans. On peut citer les rappeurs qui tentent l’aventure de la pop, ou encore des groupes de métal qui se dirigent doucement vers quelque chose de plus soft, voire d’électro. Pour Ektomorf, on reste tout de même dans le même genre, à savoir le métal. Si le groupe débute sa carrière dans les années 90, c’est dans le Nu-Metal des années 2000 qu’il se fait connaître. Le sous-genre ayant décliné, la formation hongroise s’est donc décidée à se lancer dans le Thrash pur et simple. Avec Reborn, la bande de Zoltan Farkas (dont il est le seul membre originel) se décide à faire parler la poudre et à balancer des riffs très addictifs.

L’album débute avec Ebullition qui, dès le départ, nous colle une bonne claque. Les riffs sont bien gras et percutants, et surtout, la rythmique imposée, lourde et rapide, donne immédiatement envie de headbanger dans tous les sens. Le titre ne sera pas en reste d’un point de vue technique, nous offrant même un gros solo des familles, avec un pont qui fait parler la poudre. Même la voix du chanteur est au diapason, collant parfaitement à cet élan violent et pourtant catchy en diable. Reborn sera du même acabit. Si on pourrait presque voir des similitudes avec Slipknot dans l’accord des guitares, la comparaison s’arrête là, puisque Ektomorf fonce tête baissée dans un Thrash qui ne faiblira jamais. De plus, le morceau est doté d’un refrain tout simplement parfait, qui rentre immédiatement en tête, nous donnant l’envie de chanter à tue-tête en même temps que Zoltan.

Prouvant sa grande forme, le groupe lance alors And the Dead Will Walk. L’ambiance pesante va servir à mieux nous en coller une avec des riffs sur-saturés puissants et une mélodie qui fonctionne à plein régime. On ressent un peu de Pantera dans ce titre, avec notamment la voix modifiée du chanteur lors des couplets, qui va alors se décupler dans les refrains, là aussi simples à mémoriser et d’une belle puissance. En abordant Fear Me, on sent que le groupe tente autre chose. Les riffs sont moins lourds, la rythmique est plus rapide, mais reste dans un Thrash à la fois simpliste, mais terriblement bien exécuté. Dans ce morceau, on retrouvera des bouts de Sepultura de l’ancienne époque, sans les délires tribaux, et cela fonctionne bien. Ektomorf prouve qu’il digère bien toutes ses références et arrive à avoir une identité malgré tout.

On pourrait croire que le groupe va se calmer avec Where the Hate Conceives qui délivre une introduction à la guitare sèche très calme, mais c’est se tromper sur les intentions du groupe. Le titre prend de l’ampleur grâce à une batterie monumentale et une direction qui va rapidement dériver vers du lourd, du très lourd. Rapide et décapant, le titre ne laisse aucun répit et fracasse comme ses homologues. The Worst is Yet to Come va tenter un délire un peu gothique, avec l’utilisation de cloches et d’une ambiance un peu apocalyptique. L’ensemble marche parfaitement, même si on sent que certains riffs accrochent un peu, comme s’il manquait un petit liant pour bien lisser toutes les notes. Mais tout cela s’efface lorsque le chanteur prend le micro, ne laissant finalement aucun répit à nos tympans, qui vont en prendre plein le cérumen.

Mais le plus étonnant dans cet album ne viendra peut-être pas de la solidité des compositions et du plaisir immédiat que l’on ressent à l’écoute, mais bel et bien de Forsaken, long morceau instrumental de plus de sept minutes. Les musiciens n’avaient pas besoin de cela pour montrer leur technicité, et pourtant, le titre est une tuerie de toutes les minutes. Evitant la redite avec une succession de riffs gras et violents, le groupe opte pour une construction complexe où les mélodies se chevauchent pour former un titre complet et intransigeant. On passe par de nombreuses émotions, et c’est clairement ce qui fait la force du morceau, mais aussi de l’album. Bien sûr, le groupe revient à ses tribulations avec Smashing the Past, courte plage qui délivre une rage palpable pour clôturer un album très réussi.

Au final, Reborn, le dernier album en date de Ektomorf, est une belle réussite. En changeant complètement son line-up, Zoltan Farkas offre un nouveau souffle à son groupe et semble trouver une inspiration énergique. Si les amateurs de Thrash ne trouveront peut-être pas cela très innovant, ce n’est pas la volonté des hongrois, qui ont juste envie de briser des nuques à grands coups de riffs percutants et de rythmiques endiablées. Et pour le coup, c’est totalement réussi.

  • Ebullition
  • Reborn
  • And the Dead Will Walk
  • Fear Me
  • Where the Hate Conceives
  • The Worst is Yet to Come
  • Forsaken
  • Smashing the Past

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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