avril 25, 2024

Robin des Bois

Titre Original : Robin Hood

De : Otto Bathurst

Avec Taron Egerton, Jamie Foxx, Ben Mendelsohn, Eve Hewson

Année : 2018

Pays : Etats-Unis

Genre : Action

Résumé :

Robin de Loxley, combattant aguerri revenu des croisades, et un chef maure prennent la tête d’une audacieuse révolte contre la corruption des institutions.

Avis :

Robin des bois est l’un des personnages les plus adaptés au cinéma. On retrouve les premières traces du héros dans des courts-métrages de 1908, puis par la suite, il sera vu et revu dans différents films, allant du très classique au détournement. Parmi les œuvres les plus remarquables, on peut citer Robin des Bois, Prince des Voleurs avec Kevin Costner, ou encore le Robin des Bois de Ridley Scott, qui n’avait pas emporté le succès escompté. De nos jours, tout est à la modernité et à cette volonté étrange de tout rendre plus actuel. Après Guy Ritchie et sa relecture vidéoludique du Roi Arthur, c’est au tour d’Otto Bathurst, réalisateur d’épisodes de séries, et notamment Peaky Blinders, de faire de Robin des Bois un héros moderne, rescapé de la guerre et qui va voler aux riches pour rendre aux pauvres. Mais était-ce bien nécessaire de dépoussiérer ce héros ?

Dès le début du film, on sent que le réalisateur veut donner un coup de jeune et de dynamisme au mythe. On retrouve un Robin aisé, vivant dans un château et tombant sous le charme de Marianne. Alors que l’idylle va pour le mieux, Robin est appelé à combattre les sarrasins lors des croisades. L’introduction du film se déroule donc dans une zone de guerre, qui est filmée comme si elle se passait de nos jours. En effet, on retrouve les soldats anglais dans des tenues couleur sable, arc au poing, et qui déambule dans des ruines, un peu comme des militaires armés de mitraillettes. La mise en scène, soignée, donne vraiment l’impression d’être dans un film de guerre moderne, avec en plus des adversaires dotés d’armes lourdes, comme des arbalètes à répétition.

Point de doute sur les intentions du metteur en scène, on est là pour filmer l’action au plus près, et donner un coup de jeune à Robin des Bois. Jusque dans les costumes, qui évoquent les soldats contemporains, avec des pourpoints qui ressemblent à des gilets par balles. Ce qui aurait pu être une bonne idée va devenir un point négatif. En effet, il va y avoir une distance tenace entre la modernité des costumes et de quelques phases d’action, et l’histoire en elle-même, qui reste celle que l’on connait tous. Il y a un fossé entre l’image, les dialogue et l’époque. Quelque chose ne va pas, et même si on accepte la direction artistique, on sent que l’équipe tâtonne, hésite et n’arrive pas à trouver un juste milieu entre film d’époque et modernité.

Du côté du scénario, cette relecture s’appuie sur les débuts de Robin en tant que voleur. Il part faire la guerre, il se rebelle contre sa propre armée qui exécute sans vergogne des innocents, il est laissé pour mort, et lorsqu’il revient chez lui grâce à un ennemi qui va devenir son ami, il voit que son château a été pillé par le shérif de Nottingham. Bref, tout un programme, et il décide de se venger en volant au shérif pour donner au peuple. On reste clairement sur le schéma structurel que l’on connait, avec la construction de son équipe, allant de Petit Jean à frère Tuck. Rien de bien neuf, et les seuls moments un peu modernes résident dans les attaques et les vols de plus en plus spectaculaires, jouant sur l’infiltration et quelques combats. Le problème, c’est que le fond n’est jamais vraiment exploité.

En effet, ce combat de David contre Goliath pour que le peuple aille mieux manque de profondeur, ou tout du moins d’un message plus d’actualité. On sait aujourd’hui qu’il n’y a pas besoin d’en faire des caisses pour coller à une réalité pénible (les riches s’enrichissent pendant que les pauvres s’appauvrissent), mais le fond n’était pas les affaires d’Otto Bathurst qui mise sur l’action et une mise en scène qui se dynamique. Et tout cela porte préjudice au film qui ne raconte rien et joue en plus malin en installant une romance biaisée, de la jalousie et une vengeance basique qui manque de mordant, ou d’enjeux plus forts. A aucun moment on ne sera inquiété pour le héros, mais surtout pour ses acolytes qui ne craindront rien. Bref, il n’y a pas de suspens, même sur la séquence finale.

D’ailleurs, il n’y aucun suspens et aucune surprise sur tout le film. Ici, on va suivre un Robin revanchard, qui va apprendre de nouvelles techniques auprès de Petit Jean, lui apprenant à manier l’arc long comme personne. On reste dans une narration simpliste où tout se déroule sur des rails. Outre cette histoire classique et ces quelques saynètes très clipesques où l’on voit un Robin apprendre de nouvelles choses, on aura droit à une mise en scène pauvre, qui n’arrive jamais à dynamiter le genre. A titre d’exemple, la course-poursuite en char est un modèle de mocheté. Les incrustations sont mal foutues, et surtout, on a la sensation que le film a des années de retard d’un point de vue technique. Même le Pompéi de Paul W.S. Anderson fait moins ringard, c’est dire !

Et puis il y a le casting, qui est une vraie catastrophe. Taron Egerton, qui a été préféré à une flopée de jeunes acteurs, n’arrive pas à donner de la consistance à son personnage. Le côté cynique manque de mordant, et le traitement un peu par-dessus la jambe du héros ne colle pas avec l’ambiance délétère voulue. Jamie Foxx est quant à lui inutile en Petit Jean. Ce père revanchard semble vite oublier la mort de son fils pour faire quelques blagues avec Robin. Le bad guy est classique et sans épaisseur (pauvre Ben Mendelsohn contraint de jouer des méchants sans charme et qui ne sont pas à la hauteur de son talent). Quant à Jamie Dornan et Eve Hewson, ils ne servent à rien. Le premier n’est là que pour lancer un second opus. Quant à la seconde, elle est l’atout charme, mais n’a pas vraiment d’impact.

Au final, Robin des Bois version 2018 est un très mauvais film. Relecture qui se veut moderne dans sa mise en scène et ses costumes, le scénario semble avoir été laissé sur le bas-côté. Otto Bathurst n’arrive jamais à offrir une réalisation digne de ce nom, pire, il offre certaines séquences les plus ringardes du cinéma, avec notamment une course-poursuite aux incrustations affreuses. Complètement à la masse, avec un casting aux fraises, on est clairement sur la pire adaptation de Robin des Bois. Fort heureusement, le film a fait un joli flop au box-office, empêchant alors toute possible suite, avec Jamie Dornan en grand méchant. Parfois, la vie est juste.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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