mars 29, 2024

Monos – L’Ennui de la Beauté

De : Alejandro Landes

Avec Julian Giraldo, Moises Arias, Julianne Nicholson, Jorge Roman

Année : 2020

Pays : Colombie, Argentine, Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Suède, Uruguay

Genre : Drame

Résumé :

Dans ce qui ressemble à un camp de vacances isolé au sommet des montagnes colombiennes, des adolescents, tous armés, sont en réalité chargés de veiller à ce que Doctora, une otage américaine, reste en vie. Mais quand ils tuent accidentellement la vache prêtée par les paysans du coin, et que l’armée régulière se rapproche, l’heure n’est plus au jeu mais à la fuite dans la jungle…

Avis :

Alejandro Landes est un jeune réalisateur colombo-équatorien. Après des études aux Etats-Unis, il commence sa carrière comme journaliste, puis il se dirige vers le cinéma. Il commence comme assistant de production sur la série télé « Oppenheimer presenta« . Il passe à la réalisation en 2007 avec un documentaire. Son premier film de fiction, « Porfirio« , raconte l’histoire d’un homme qui finit par craquer face au système colombien. Le film est sorti 2011.

Et depuis, on n’avait plus de nouvelles d’Alejandro Landes, jusqu’à ce que sorte ce nouveau film. Encore une fois très politique, pour son deuxième long-métrage le réalisateur a décidé de s’arrêter sur une prise d’otage dans les montagnes colombiennes. Si visuellement le film d’Alejandro Landes est une grosse claque, dégage une ambiance incroyable et des idées de mise en scène affolantes, « Monos » demeure une belle, voire même terrible, déception, car finalement, derrière ce magnifique écrin se cache une coquille vide. Et à la vue de toute la matière que le réalisateur a, ce constat est d’une grande tristesse.

Au sommet des montagnes de Colombie, des adolescents picolent, s’amusent, s’entrainent, rient, se battent, se défient, font l’amour… Bref, de loin, ces adolescents ont l’air d’être dans un cas de vacances, mais il n’en est rien. Ces adolescents, pratiquement livrés à eux-mêmes, sont des soldats, et ils ont une mission, surveiller leur otage, une femme américaine.

Je suis terriblement embêté à la découverte du nouveau film d’Alejandro Landes, tant celui-ci, d’un côté, est incroyable, et de l’autre, est une déception totale, qui finit par avoir raison de son spectateur.

« Monos« , c’est une expérience dans tous les sens du terme. C’est un film qui a d’énormes qualités et d’énormes défauts et si parfois sur certains films, quand on conjugue le tout, ça peut passer, ici, ça se livre bataille et finalement, on ressort de l’œuvre épuisé, ennuyé et surtout agacé. Oui agacé, car avec le talent d’Alejandro Landes, avec son idée de cinéma, et toute la matière qu’il avait, il y avait vraiment moyen avec « Monos » de livrer un grand film et un moment de cinéma culte.

Visuellement parlant, « Monos« , comme je le disais, est une claque incroyable. C’est un film qui dégage un caractère singulier, et si l’on ne se penche que sur son visuel et son sensoriel, alors « Monos » est un voyage puissant. Un voyage parcouru de plans bluffants, de séquences folles et d’idées de mise en scène pleines de nouveautés. On restera bluffé par la qualité des images, par l’immersion totalement réussie, Alejandro Landes voulant nous emmener dans un trip et visuellement, il arrive sans mal aucun à ses fins. On notera aussi la BO de Mica Levi qui va être à coup sûr l’une des plus folles et plus marquantes de l’année.

Mais voilà, face à cela se dresse un mur qu’on va avoir bien du mal à franchir. Malgré tout ce que le film peut avoir de bluffant, il manque un essentiel à « Monos« , et cet essentiel, c’est un scénario, car c’est bien simple, ici, le film d’Alejandro Landes ne raconte pas grand-chose et le peu qu’il raconte est parcouru de questions qui n’ont pas de réponses. Pourquoi, voilà ce qui nous hante pendant tout le film et à la sortie de celui-ci. Pourquoi cette armée, pourquoi ces gens, pourquoi cette femme, pourquoi cette rébellion, pourquoi, pourquoi, pourquoi… Et à ces pourquoi, aucune réponse ne se présente. Alejandro Landes filme le quotidien de ces jeunes sans qu’on sache vraiment pourquoi eux et pas d’autres. On aurait pu trouver des réponses dans un développement de personnages, ou au-delà de cela, on aurait pu trouver des personnages attachants, ce qui fait qu’on aurait envie de les suivre plus loin, mais là encore, Alejandro Landes ne fait rien de ces personnages. Aucune empathie, aucun attachement, il nous les offre comme ça, brut, on ne sait pas qui ils sont, que sont leur motivation, on ne sait rien d’eux, et finalement, plus l’œuvre avance, et plus on se fiche bien de ce qui peut leur arriver et c’est tellement dommage.

« Monos » est donc une sacrée déception. Si l’on découvre le cinéma d’un réalisateur qui a franchement de la gueule, « Monos » se pose comme un magnifique écrin. Un écrin dingue, fou de cinéma. Un écrin qui dégage tant de caractère, de singularité. Mais un écrin totalement vide, et même si ce dernier est magnifique, un film n’est pas qu’un bel emballage. Et ce « Monos » en est une triste preuve. Malgré son visuel travaillé, plus le film avance et moins on le comprend, plus on s’ennuie, attendant que le film nous raconte enfin quelque chose, mais comme ça n’arrive pas, finalement, on finit par le suivre du coin de l’œil, en attendant le générique. Bref, il y avait tout et finalement il n’y a rien et c’est tellement dommage.

Note : 08/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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