The Intruder

De : Deon Taylor

Avec Meagan Good, Michael Ealy, Dennis Quaid, Joseph Sikora

Année : 2019

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Un jeune couple s’installe dans la maison de ses rêves au beau milieu de la campagne. Mais sous l’apparente tranquillité et l’isolement, un danger rôde sous la forme de Charlie Peck, l’ancien propriétaire de la maison, bien déterminé à récupérer son ancien foyer.

Avis :

Le Home Invasion est un sous-genre assez prolifique dans le pays de l’oncle Sam. Il faut dire que des types qui pénètrent dans une maison pour faire du mal aux résidents, on en trouve à la pelle, du thriller jusqu’à l’horreur. De même, les films qui mettent en scène un intrus vivant au crochet des habitants en se cachant d’eux font partie d’un sous-genre qui a vu sa quantité exploser il y a quelque temps. Et cela que ce soit dans le domaine du fantastique, de la comédie ou du thriller hitchcockien. Avec The Intruder, Deon Taylor ne cherche à renouveler la recette du type un peu envahissant. Bien au contre, il s’inspire des thrillers un peu hard boiled des années 90 pour fournir une trame simpliste dans un film qui fait monter la pression crescendo. Mais est-ce que cela est suffisant pour totalement convaincre ? Pas vraiment.

Nous allons donc suivre un jeune couple qui souhaite quitter son appartement de San Francisco pour prendre une grande maison à Napa Valley. N’écoutant que sa femme, le mari achète une immense bâtisse à plus de trois millions à un vieil homme qui souhaite partir vivre en Floride chez sa fille, suite au décès de sa femme d’un cancer. Alors que les transactions se déroulent parfaitement, tous les jours le vieil revient autour de la maison pour faire diverses choses, comme tondre la pelouse ou s’inviter à dîner. Très vite, le mari trouve l’homme trop envahissant, et en menant sa petite enquête, il va découvrir que l’homme en question n’est pas qui il dit être. Très clairement, avec un tel pitch, on navigue dans un thriller connu, et à la finalité toute tracée. On pourrait même ne pas y voir un intérêt, tant tout respire le déjà-vu.

D’un point de vue scénaristique, il n’y aura pas de nouveautés à se mettre sous la dent. Le couple vit une idylle presque parfaite, avec un mari qui passe beaucoup de temps au travail, et une femme souvent seule, mais éperdument amoureuse de son mari. Le début prend le temps de présenter ce couple richissime, tout en mettant une nuance sur leur relation, elle semble plus impliquée que lui. Cela cache bien évidemment un petit secret qui n’aura quasiment pas d’incidence par la suite. La rencontre avec le vieil homme apportera son lot de moments gênants, montrant la distance qu’il y a entre un couple de la ville plutôt moderne, et un vieux rustre de la campagne. La dichotomie est plutôt grossière, avec des citadins précieux et aimant l’art et un rural qui collectionne les armes à feu.

Bien évidemment, la disparité entre les deux parties ne s’arrête pas là, puisqu’on verra aussi deux modes de vie distincts entre le blanc un peu rugueux, mais qui dégage une certaine animalité, et le black un peu trop propre sur lui, et qui s’avère un queutard dont il faut se méfier. Le film essaye souvent de jouer sur des tableaux sociaux, mais cela ne prend jamais vraiment car l’homme en question n’est pas raciste, et il a juste un problème psychologique, aimant avoir la mainmise sur les gens. En ce sens, The Intruder manque de mordant et ne va pas au bout de son problème, oubliant que pour faire un bon scénario, il faut aussi des thèmes importants et ne pas forcément jouer sur les clichés du genre ville contre campagne. Deon Taylor aurait pu aller plus loin dans le portrait de cet enfoiré, s’inspirant du travail de Jordan Peele.

D’un point de vue technique, le film tient la route, mais ce n’est pas non plus une dinguerie. On sent que le budget est restreint et que le travail autour du cadre et des lumières n’était pas une priorité. D’ailleurs, malgré son dynamisme, le film ne contient absolument aucun moment marquant et on reste sur une dualité de comédiens, qui font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. Le couple Michael Ealy/Meagan Good est plutôt bine et il y a une alchimie entre eux. Dennis Quaid, en vieux fou acariâtre, est plutôt sympathique, même si on sent qu’il en fait des caisses pour grimacer ou sourire jusqu’aux oreilles. Les seconds rôles, quant à eux, sont relativement mauvais, et n’apportent rien, si ce n’est une méfiance supplémentaire, et l’occasion de monter le body count à… un mort.

De son scénario convenu à son image assez terne, on pourrait croire que The Intruder enfile tous les clichés du genre sans rien renouveler, et c’est le cas. Néanmoins, le rythme est assez bon et on ne s’ennuie pas vraiment devant. La découverte du repère et la fin laissent tout de même perplexe, le film n’arrivant pas, encore une fois, à aller au bout de son idée et à proposer quelque chose de plus sulfureux. Les découvertes sur l’ancien propriétaire de la maison se font assez vites, et on aura des affirmations qui arriveront comme un cheveu sur la soupe. Même la toute fin reste en deçà de nos attentes. On nous rabâche que le frère du « héros » est mort par balle et donc que les armes à feu son prohibées dans la baraque, pour autant, cela ne l’empêche pas d’utiliser cela pour mettre un terme à l’histoire.

Au final, The Intruder est un thriller lambda qui n’arrive pas à s’extirper d’un genre encombré. Sans ne jamais rien renouveler, Deon Taylor propose une version qui oppose les rats des champs aux rats des villes, mais il ne va jamais au bout de son concept et délaisse même les enjeux sociaux pour proposer un divertissement sans âme. C’est dommage, les acteurs sont impliqués et il y a un bon rythme, mais tout roule sur des rails et rien ne sort vraiment du cadre. Dommage, on aurait plus de folie comme pour Us, par exemple.

Note : 11/20

Par AqME