avril 27, 2024

Le Réveil – Laurent Gounelle

Auteur : Laurent Gounelle

Editeur : Calmann-Lévy

Genre : Tranche de Vie

Résumé :

Tom, un jeune ingénieur, se retrouve confronté dans son pays à une situation inquiétante qui sème la peur dans la population.
Dans ce contexte inédit, des mesures sont adoptées par le pouvoir, contraignantes et liberticides.
Tom se retrouve pris dans la tourmente des événements, mais il a un ami grec qui l’alerte alors : les peurs des gens sont très utiles à certains.
C’est en découvrant des vérités parfois dissimulées au grand jour, que l’on peut se réapproprier sa liberté…

Avis :

Au fil de ses romans, Laurent Gounelle développe des récits à la fois initiatiques et philosophiques. La grande force de ses écrits est d’offrir une libre interprétation au lecteur, du simple divertissement jusqu’à la remise en question de ses valeurs, voire de la perception de l’existence. Sous couvert d’une érudition peu commune dans bon nombre de domaines, il s’en dégage toujours un optimisme manifeste. À mi-chemin avec les livres de développement personnel, son œuvre s’avance comme une bouffée d’oxygène dans le marasme ambiant. Aussi, il peut paraître étonnant de le voir s’attaquer au principal sujet d’actualité qui a accaparé ces deux dernières années : la Covid-19.

Comme évoqué en préface et en postface, l’auteur n’a pas la prétention d’attester de l’efficacité du vaccin (ou non) ou même de contester les statistiques exposées par le gouvernement. À l’image d’un de ses personnages, il ne prend pas parti, mais s’impose comme le témoin de son époque. Pour ce faire, il met en avant la situation par le biais des méthodes de l’État pour détourner l’opinion publique et obtenir son approbation. Dès lors, les réactionnaires du dimanche pourraient taxer le présent ouvrage de « complotiste ». Le raccourci est facile pour clore tout débat, mais il n’en est rien. Laurent Gounelle fait montre d’une objectivité sans faille.

Afin d’étayer son propos, il ancre son intrigue dans un contexte réaliste, mais purement fictif. Il n’est pas question de traiter de la pandémie de manière frontale, mais de présenter une situation similaire avec des parallèles de circonstances. Ainsi, le virus devient une lutte contre la mort sous toutes ses formes. L’un des grands fléaux avancés n’est autre que les accidents de la route. L’obligation du port du masque passe par une minerve pour les conducteurs. Les professionnels de la route sont le reflet du secteur médical pendant la crise, tandis que la voiture autonome est considérée comme la solution miracle, le « vaccin » pour endiguer le problème de la mortalité sur les routes. Cela sans oublier le certificat d’implantation en substitut du pass sanitaire.

L’approche est donc judicieuse et particulièrement subtile. La trame étant posée, l’idée est de dépeindre la situation de l’intérieur (le personnage principal) et celui d’un intervenant extérieur (son ami). D’un côté, on constate une résilience progressive. Celle-ci se traduit par l’assentiment des directives gouvernementales et de leurs mesures contradictoires sous prétexte de la liberté et de la bonne foi des citoyens. De l’autre côté, on évoque les mécanismes insidieux mis en place afin de manipuler les masses. Le texte s’appuie sur des éléments réels et probants quant aux moyens employés. On songe notamment aux méthodes de Bernays, au trilemme de Rodrick, au concept de la camisole dorée et surtout à la charte de Biderman.

Au gré des pages, il n’y a pas de jugement de valeur, mais un constat froid et implacable sur la politique gouvernementale, sans prise de parti aucune. Les arguments sont aussi pertinents que troublants. On s’interroge alors sur la notion biaisée de libre arbitre, l’assujettissement des États aux multinationales, ainsi qu’à l’obéissance aveugle des masses. Par ailleurs, l’évolution du récit démontre également que la servilité du citoyen amène à des dérives susceptibles de mettre fin à un état de droit pour instaurer un régime autoritaire, voire totalitaire. On songe, entre autres, à une surveillance omnipotente dont l’usage des technologies n’est pas sans rappeler Person of Interest ou Bienvenue à Gattaca, par exemple.

Au final, Le Réveil est un roman détonnant dans la bibliographie de Laurent Gounelle de par la thématique abordée. Le temps d’un ouvrage, l’auteur de L’Homme qui voulait être heureux délaisse l’éveil et le développement de l’individu pour s’attarder sur une prise de conscience collective. À travers la fiction et un traitement accessible à tous, il interpelle sur le contexte actuel. La grande force du livre est de faire preuve de neutralité, de constater les faits et de laisser l’interprétation au lecteur. Au même titre que le comportement des masses, l’absurdité politique est mise en exergue face à la perfidie des moyens employés pour orienter sciemment l’opinion publique. Aussi cours qu’essentiel, un ouvrage édifiant à plus d’un titre.

Note : 18/20

Par Dante

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