Reacher Saison 1 – La Violence EST la Solution

D’Après une Idée de : Nick Santora

Avec Alan Ritchson, Malcolm Goodwin, Willa Fitzgerald, Chris Webster

Pays : Etats-Unis

Nombre d’Episodes : 8

Genre : Thriller, Action

Résumé :

Ancienne recrue de l’armée américaine, Jack Reacher s’est retiré de la police militaire. Alors qu’il arpente le pays, il est intercepté par la police locale dès son arrivée à Margrave, à la suite de la découverte d’un cadavre. Lorsque l’affaire prend une tournure plus personnelle, Reacher mène son enquête et découvre que cette ville de Géorgie en apparence idyllique est gangrénée par la corruption…

Avis :

C’est en 1997 que prend vie Jack Reacher sous la plume de Lee Child. Ancien major de la police américaine, l’homme va bourlinguer dans tous les états des Etats-Unis, trouvant de petits boulots et résolvant des enquêtes de façon plus ou moins musclée. Ce qui deviendra une saga est un succès, avec aujourd’hui pas moins de vingt-trois livres sortis en France, et vingt-sept aux Etats-Unis. Et il faut compter en plus de nombreuses nouvelles. Bref, il fallait bien que la franchise se termine sur les écrans, tout d’abord au cinéma en 2012 et 2016, puis en série cette année. Si les deux films prenaient des livres un peu au hasard, le premier film étant l’histoire du neuvième roman et le deuxième celle du dix-huitième, la série fait le choix de partir du premier tome. Et c’est un choix payant, car cela va permettre de bien construire le personnage.

Le gang des faux-monnayeurs

L’histoire débute avec un meurtre sanglant dans un champ. Le lendemain, on va suivre Jack Reacher qui marche le long de la route, et qui se fait arrêter par la police dans un diner. La raison ? Il est suspect dans l’affaire de meurtre, car il a marché le long de la scène de crime et qu’il est inconnu dans la petite ville de Margrave. Innocenté de par sa fiche d’identité, il va prendre part à l’enquête lorsque l’on découvre que le cadavre est celui de son frère, et qu’il travaillait pour les services secrets américains. Dès lors, l’affaire devient personnelle, et Reacher va mettre toutes ses compétences au service de l’enquête pour retrouver les meurtriers. Sous ses airs de pitch simpliste se cache en fait une intrigue tortueuse qui prend place dans une petite ville tranquille où tout un chacun est suspect, voire corrompu.

Le scénario de cette première saison prend place dans la ville de Margrave, une petite commune de 1700 âme, perdue au fin fond de la Georgie. Si Jack Reacher se balade là, c’est parce qu’il est fan de blues, et que l’un de ses chanteurs préférés a trouvé la mort dans cette ville, et qu’il a envie de faire du tourisme. Les choses tournent mal, la ville est en émoi suite à divers meurtres et le chef de la police, un black venu de Boston, va se rendre compte des talents de Reacher, et il va accepter son aide. Alors que les cadavres s’empilent, l’histoire devient de plus en plus tordue, entre son chef d’entreprise peu scrupuleux et vu comme un mécène par la population, l’arrivée de quelques mercenaires vénézuéliens et sa police qui semble incompétente mais qui est corrompue jusqu’à l’os.

Un petit air de Banshee

La série ne complexifie pas vraiment l’intrigue, mais veut aller plus loin que le simple cartel de drogues, visant ici un trafic de fausse monnaie et des échanges commerciaux entre deux pays. C’est à quelque part ce qui fait la force du récit, qui ne sombre pas dans les clichés et arrive à rendre limpide une enquête pourtant pas évidente. En dehors de l’intrigue, le scénario fait la part belle aux personnages et à leurs origines. En jouant sur des flashbacks bien introduits, on apprend beaucoup de choses sur Jack Reacher, tout cela tendant à rendre ce colosse attachant et empathique. Il en va de même avec Finlay, chef de la police venant de Boston, qui subit les a priori de ses collègues et quelques saillies racistes. Quant à Roscoe, elle est la fille du pays, celle qui se bat pour vaincre la corruption dans sa ville.

Tous ces personnages se tournent autour et trouvent des relations intéressantes et intelligentes. Reacher sait à qui il a affaire et sa relation de chien et chat avec Finlay donne des atours comiques inattendus et bienvenus à la série. Tout comme sa relation intime avec Roscoe, qui prend son temps, et qui fait durer une sorte de tension sexuelle entre eux deux. Pour autant, cela ne prend pas le pas sur l’intrigue, et sert justement à resserrer des liens affectifs qui manquent tant au personnage principal. Du côté des méchants, on rentre en plein dans les clichés. Le chef d’entreprise malfaisant, le maire corrompu, le fiston taré, on reste dans une galerie connue et un peu grossière. Mais cela marche, renouant avec un certain cinéma des années 90, ces thrillers d’action qui ont fait la joie des amateurs de vidéo clubs.

La violence est la solution

Exactement comme pour ces films d’action typés 90’s, on retrouve une violence omniprésente. Que ce soit dans la mise en scène des meurtres ou dans la façon de résoudre les problèmes, on sent bien que la violence est la solution. Si on pourrait presque reprocher une sorte d’auto-justice, elle en devient jubilatoire tant les bad guys sont d’affreuses pourritures prêtes à tout pour gagner de l’argent. Ainsi donc, la série met en avant des séquences de combat qui font mal. Reacher aime fracasser des crânes et jonche sa route de cadavres. La mise en scène est dynamique et on retrouve des éléments qui font penser à Banshee sur certains aspects. Et ces combats sont de divers sortes, avec des gunfights, des combats à mains nues, ou encore de l’infiltration. Bref, c’est bien filmé et apporte un vrai rythme aux huit épisodes.

Bien évidemment, la série n’est pas qu’une succession de bagarres et de règlements de comptes. On y trouve aussi un fond qui est malin. Dans les grandes lignes, le scénario parle de cette addiction à l’argent, et de toujours gagner plus, au mépris des gens, mais aussi au mépris de l’écologie. En effet, l’enquête amène les personnages vers de fortes pollutions de rivières, montrant, au passage, la destruction écologique des plus riches. On aura aussi un joli message sur le côté rural des Etats-Unis, avec ces villes en train de mourir et ces populations de rednecks qui restent malgré tout. Enfin, on pourra y voir une lutte contre le racisme, avec la présence de Finlay, un flic noir venu de la ville, qui fuit quelque chose, et qui est soumis aux jugements des habitants.

Alan Ritchson et les autres

Enfin, la série est un succès grâce à son interprète principal. Alan Ritchson (Brooklyn Nine-Nine ou Raphaël dans les Tortues Ninjas) est massif, imposant et il tient son rôle à la perfection. A la fois mutique, torturé, blessé par son passé et ayant du mal avec les émotions, l’acteur joue parfaitement son rôle. Il est bien épaulé par ses acolytes, notamment Malcolm Goodwin (IZombie) qui campe à la perfection ce chef de la police qui se punit pour quelque chose dont il n’est pas responsable. Quant à Willa Fitzgerald, elle est l’atout charme mais pas que, puisqu’elle tient un rôle important et se révèle badass quand il le faut. A noter aussi l’apparition de Kristin Kreuk (Smallville), qui n’a pas pris une ride. Au rayon des méchants, Chris Webster est parfait en fiston cruel et taré qui n’a aucun scrupule.

Au final, cette première saison de Reacher est une très agréable surprise. Renouant avec diverses ambiances qui rappellent Banshee ou encore le cinéma d’action des années 90, la série propose un scénario tortueux mais limpide et des personnages empathiques qui donnent envie de les suivre partout. Alliant aussi l’intime avec des scènes de combat percutantes, Reacher trouve un parfait équilibre aussi bien dans la construction de ses personnages que dans une mise en scène énervé et à l’ambiance chaude. Bref, une série réussie, qui boucle son intrigue, mais qui donne envie de suivre ce personnage dans d’autres enquêtes.

Note : 17/20

Par AqME