mars 29, 2024

The Innocents – Les Enfants Terribles

Titre Original : De Uskyldige

De : Eskil Vogt

Avec Rakel Lenora Flottum, Alva Brynsmo Ramstad, Sam Ashraf, Mina Yasmin Bremseth Asheim

Année : 2022

Pays : Norvège, Suède, Danemark, Finlande, Angleterre, France

Genre : Thriller

Résumé :

Un été, quatre enfants se découvrent d’étonnants pouvoirs et jouent à tester leurs limites, loin du regard des adultes. Mais ce qui semblait être un jeu d’enfants, prend peu à peu une tournure inquiétante…

Avis :

Eskil Vogt est un réalisateur norvégien au parcours inhabituel. Voulant faire du cinéma, et parlant couramment le français, le jeune cinéaste de tout juste vingt ans à l’époque se présente à l’école de La Fémis à Paris, et il en sortira diplômé en 2004. Après deux courts-métrages au cours de ses études, il retourne en Norvège et fait la rencontre de Joachim Trier, avec qui il « matche », au point que les deux réalisateurs et scénaristes ne vont plus se quitter, Vogt co-écrivant tous les films de Trier de « Nouvelle donne » à « Julie (en douze chapitres)« . En 2015, après avoir réalisé un épisode de série, Eskil Vogt réalise son premier film, « Blind : Un rêve éveillé« . Un premier film qui est sorti de manière assez confidentielle.

Sept ans après ce film, Eskil Vogt est de retour dans les salles avec un projet plus grand. Oscillant entre le drame, le thriller, le fantastique, et même un soupçon d’horreur, ce deuxième film pour le réalisateur est une très belle réussite. Auréolé du prix du public au festival du film fantastique de Strasbourg, vainqueur au Festival de l’étrange à Paris, et présenté au célèbre Festival de Gérardmer, « The Innocents » est une œuvre riche, intense, et aussi dérangeante qu’elle est fascinante et passionnante.

Ida, une petite fille de six ou sept ans, emménage avec ses parents et sa sœur dans une cité posée dans un cadre idyllique, entre ville et forêt. La petite fille fait la connaissance de Ben, un petit garçon de son âge et comme c’est l’été, les deux gamins passent leur journée ensemble. Ben a tout l’air d’avoir de petits pouvoirs qu’il s’empresse de montrer à Ida. Rejoint bientôt par la sœur d’Ida et une autre petite fille, Aïsha, le petit groupe va alors découvrir que chacun d’eux, a une aptitude particulière, et c’est loin du regard des adultes qu’ils vont tester leur limite et petit à petit jouer à un jeu dangereux.

Une claque ! « The Innocents » est ma première belle baffe de 2022. Il y a des films comme ça, qu’on va voir sans rien en savoir, et sans rien en attendre, et en ce qui concerne le nouveau film de Eskil Vogt, j’y suis allé à cause de sa renversante affiche, et waouh ! Oui, le mot est un peu vulgaire et facile, mais il trouve parfaitement sa place dans une chronique tant ce petit film norvégien fait avec trois fois rien est un petit spectacle aussi passionnant que puissant et au-delà de ça, « The Innocents » est un film qu’on amène avec nous à la sortie de la salle, car à plus d’un titre, et surtout d’un événement, les images et l’histoire de Eskil Vogt vont nous hanter.

« The Innocents » est un film qui est très étonnant, car dans ce qu’il ne raconte, il ne suit pas de chemin établi. Son intrigue, qui commence comme une petite comédie d’été où l’on suit deux gamins partis s’amuser dans un petit parc, va petit à petit muter et passer par tout un tas de genres et de styles, ce qui fait que le réalisateur va nous tenir captif de bout en bout. Imprévisible, devenant de plus en plus sombre au fur et à mesure que les pouvoirs se découvrent et que ces gamins s’en servent, Eskil Vogt livre là un film qui passe alors par bien des genres. Son intrigue conjugue très bien plusieurs ficelles. Ainsi, drame humain, fin de l’innocence, jeux d’enfants, cinéma fantastique qui s’amuse de la découverte de pouvoirs avant de se laisser submerger par les émotions et les sentiments.

« The Innocents » tient aussi un soupçon de film d’horreur, livrant des scènes où le suspense est à son comble, le réalisateur n’hésitant pas, aussi bien dans son intrigue que dans sa mise en scène, à nous mettre mal à l’aise, pour notre plus grand et effroyable plaisir. Puis derrière ça encore, on pourrait même y voir un film de super-héros en culotte courte, tant parfois le film tire ces ficelles-là. Bref, « The Innocents » est très riche dans sa construction, aussi bien visuelle que scénaristique, et jamais il ne s’égare, oscillant très bien entre des instants purement émotionnels et d’autres bien plus sombres, qui nous tiendront attentif, jusqu’à ce final, très surprenant, et en quelque sorte d’une grande violence.

On ajoutera à cela que « The Innocents« , dans sa mesure, propose un bon spectacle, avec par exemple des effets spéciaux très bien employés qui servent parfaitement l’intrigue. On y voit que du feu, et c’est assez terrible, car avec trois fois rien, et un petit budget, Eskil Vogt livre quelque chose qui en envoie. À noter aussi la BO de Pessi Levanto qui s’inscrit déjà comme l’une des plus marquantes de ce début d’année 2022.

Enfin, le dernier atout de ce film, et c’est assurément l’une de ses plus grandes réussites, c’est ce casting incroyable de petits acteurs, dont Eskil Vogt arrive à tirer énormément. Il est difficile de tourner avec des gamins, et encore plus difficile aux âges qu’ils ont de leur faire tenir les rôles principaux sans qu’il n’y ait une fausse note, et c’est ce que le réalisateur norvégien vient de réussir. Chaque petit bout est bluffant et on se laisse embarquer avec fascination, sourire, malaise, voire même de la terreur, par tout ce que le scénario malin de Eskil Vogt leur réserve.

« The Innocents » se pose donc comme la première claque de 2022. Avec ces jeux d’enfants, Eskil Vogt livre un film aussi lumineux que sombre. Un film qui se passe loin du regard des adultes, et qui de par son originalité, son cinéma, son intrigue, ses petits acteurs, ses idées et ses décisions marque. Auréolé de plusieurs prix dans des Festivals fantastiques, qui sont amplement mérités, il ne sera pas surprenant que « The Innocents » s’impose à Gérardmer. Le film de Eskil Vogt sera sûrement mal distribué, et tout comme « Blind … », son premier film, il restera dans une certaine confidentialité et c’est bien dommage, car il sera assurément l’un des meilleurs films à l’affiche à ce moment. Donc si jamais une bonne salle près de chez vous le joue, n’hésitez pas.

Note : 17/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.