décembre 11, 2024

Virus

De : John Bruno

Avec Jamie Lee Curtis, Donald Sutherland, Joanna Pacula, Marshall Bell

Année : 1999

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur, Science-Fiction

Résumé :

Alors qu’ils réparent une avarie provoquée par un typhon dans l’océan Pacifique, les membres de l’équipage du navire « Sea Star » aperçoivent l’épave d’un vaisseau de recherches scientifiques russes. Le capitaine Everton, son timonier, Woods et Kelly Foster décident de remonter le navire à la surface dans le but de toucher la prime. A peine arrivés à bord, une peur sourde les étreint. Ils explorent l’épave et découvrent une femme, Nadia, l’unique survivante, complètement terrorisée, qui leur raconte qu’une force étrangère a exterminé tout l’équipage.

Avis :

Au terme des années 1990, les effets spéciaux numériques sont en passe de supplanter les trucages classiques et autres animatroniques. On songe, entre autres, à Peur bleue, Wild Wild West ou Matrix. Un tel potentiel permet de repousser les limites de la mise en scène, mais pas forcément le budget associé auxdites productions. Parmi les sorties de 1999, on exhume Virus. Série B passablement tombée en désuétude, parfois dénigrée pour sa connotation nanardesque. L’unique long-métrage de John Bruno précède une réputation de scénario indigent, sur fond d’invasion extraterrestre électrifiante et de transhumanisme.

D’une manière très libre et expansive, l’intrigue s’arroge les poncifs du vaisseau fantôme afin de transposer le mythe dans un exercice survivaliste en plein océan. En lieu et place de manifestations paranormales, on les substitue par une incursion venue d’outre-espace. Quid de son origine ou de ses intentions, on reste dans l’expectative pour se confronter à une tentative d’extinction bien vaine. L’isolement du navire suffit à limiter les ambitions de l’entité à ses seuls quartiers. Sans compter sur les expérimentations et l’ingérence de scientifiques russes, on part sur un principe biaisé et hautement improbable à de nombreux égards.

« La mise en scène demeure académique, sans fioriture ni fulgurance. »

À ce titre, l’intrigue rivalise d’invraisemblances, et ce, dès ses prémices. Au-delà de cette idiotie matérialisée par des velléités extraterrestres, on s’interpelle aussi par l’incursion opportune d’un équipage intéressé par l’apport pécuniaire de leur trouvaille, la providence d’une coque de noix abandonnée et de la présence invisible de l’antagoniste. Soit dit en passant, il suffit d’une simple mise sous tension du bâtiment pour malmener leurs ambitions. Face à des concours de circonstances impromptues, les réactions restent conventionnelles, pour ne pas dire contradictoires. Cela tient surtout à un danger imminent qui laisse de marbre les protagonistes.

Il est vrai que l’on peut apprécier une appropriation des espaces maîtrisés où l’on vaque entre les cabines, les parties communes, les différents niveaux et le pont principal. De même, la mise en scène demeure académique, sans fioriture ni fulgurance. Le travail apporté sur la photographie présente également une gestion de la lumière honnête. Ce qui permet d’alterner entre les zones éclairées, synonymes de sécurité, et les secteurs noyés dans l’obscurité, suggérant la menace latente de la conscience extraterrestre et de ses sbires. Pour ne rien gâcher, le rythme reste assez soutenu afin de maintenir l’intérêt du spectateur. En cela, le film de John Bruno remplit son office. À savoir, un divertissement basique, mais assumé.

« Malgré la présence d’acteurs de premier plan, le cabotinage est de circonstance. »

Au demeurant, il est difficile de faire l’impasse sur un enchaînement convenu des situations et des échanges aussi plats que stériles. Malgré la présence d’acteurs de premier plan, le cabotinage est de circonstance. Mention spéciale à Donald Sutherland dans sa version « améliorée » ou aux élans héroïques maoris de Cliff Curtis. De plus, il n’est pas très clair de différencier l’exploitation de l’homme en tant que pièces détachées avec une évolution qui s’arroge les atours de la robotique et du transhumanisme. Toutefois, les trucages vieillissent plutôt bien, à l’exception de quelques plans et passages.

Au final, Virus est un film d’horreur bancal, guère capable de marquer les mémoires. Le métrage de John Bruno se distingue surtout par son scénario à la limite du ridicule et son interprétation en dents de scie. On peut aussi avancer des séquences grand-guignolesques qui prêtent davantage à l’amusement qu’à l’effroi. Dès lors, les créatures qui tiennent autant de l’homme que de la machine n’ont pas l’impact escompté. Il subsiste néanmoins des trucages corrects et un cadre propice à exacerber la sensation d’isolement et de perdition en plein océan. En somme, une incursion rocambolesque, presque loufoque, desservie par un traitement peu inspiré, n’en déplaise aux matériaux de base ; qu’ils soient faits de chair ou de métal.

Note : 08/20

Par Dante

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