avril 19, 2024

Torche – Admission

Avis :

Parmi les genres assez particuliers, on peut compter sur le Sludge Métal. Si c’est devenu une sorte de genre à part, il s’appuie surtout sur une technique de jeu qui consiste à faire glisser ses doigts sur les cordes, afin de donner une sonorité particulière. Un peu à la manière d’une limace, ce qui donne ce nom. Bref, Torche est un groupe qui est tout autant particulier. Il faut dire qu’on ne sait pas trop quand le groupe est né, puisqu’il fait son apparition sous le patronyme de Torch, avant de rajouter un « e » en 2004 et de rester comme ça. Groupe originaire des Etats-Unis, Torche a réussi à se démarquer grâce à des albums courts, concis et qui font la part belle à une dichotomie étrange, entre riffs ultra lourds et chant éthéré et aérien. Le résultat est pour le moins… inattendu.

Il faut frapper les cordes quand elles sont chaudes

Admission est le cinquième album du groupe, qui est assez peu prolifique, prenant souvent quatre à cinq ans avant de fournir un album qui n’arrive jamais à dépasser les quarante minutes. Est-ce un défaut ? Pas vraiment si on s’y retrouve. Ici, tout commence avec From Here qui fait moins de deux minutes. Les riffs sont brutaux, rapides et lourds, alors que le chant est plutôt doux, presque à la manière d’un Deftones. Sauf que là, on passe un pallier sur la rythmique, car tout va très vite. On retrouvera cette volonté de frapper comme des sourds dans Submission. Le chant est un peu plus prégnant, mais c’est surtout la lourdeur des riffs qui frappe en premier. Le groupe s’approche d’un Stoner à la sauce sriracha afin de mieux percuter nos tympans et ça marche parfaitement bien. Il y a vraiment un truc addictif là-dedans.

Le groupe va encore plus loin avec Slide, un titre qui fait référence à de gros hits Rock et Heavy, un peu comme si Black Sabbath avait couché avec Helmet. Le résultat est impressionnant, même si on sent un peu trop la référence. Pour autant, le groupe s’en sort sur un peu moins de trois minutes. C’est par la suite que les choses vont se compliquer un peu. What Was peut faire office d’interlude, car c’est très rapide, moins de deux minutes, mais il fait aussi écho au premier morceau, se voulant rapide et percutant, avec des riffs d’une rare lourdeur. La mélodie en prend un coup et on sent qu’on est là pour montrer jusqu’où le groupe aller. Avec Times Missing, on rentre dans le premier « gros » de l’album.

Moins d’allant ?

Dépassant les cinq minutes, Torche envoie un titre puissant dans ses riffs, mais qui va s’adoucir grâce au chant clair et aérien. Cette dichotomie est clairement la marque de fabrique du groupe, mais l’ensemble manque de variations. C’est-à-dire que l’on trouve le démarrage assez excitant, mais sur la longueur, ça a du mal à tenir. On s’ennuie presque et c’est assez triste comme constat. Admission ira même plus loin avec des notes plus douces au sein des riffs gras, donnant presque une impression de rétropédalage dans le temps, avec quelque chose qui évoque les années 90 et les teen movies. Là encore, l’expérience est très étrange. Quant à Reminder, il fera immédiatement penser à Tool dans son atmosphère, mais avec des riffs testostéronés. C’est lourd, c’est gras, mais ça fonctionne tout de même et donne une identité au groupe.

Et c’est là le plus bizarre dans cette histoire. Torche est un groupe qui a une patte reconnaissable et qui ne fait pas dans la dentelle. Extremes of Consciousness est là pour en attester car c’est le titre le plus lourd de l’ensemble. Pour autant, si les changements de tons sont inexistants au sein des titres, dès qu’il faut aborder quelque chose de plus long qu’à l’accoutumée, le quartet se referme sur lui-même et délivre des passages à vide. Cela se remarque sur le dernier titre, Changes Come, qui démarre comme un gros Stoner, avant de s’écrouler sur son final lancinant. Reste alors quelques bribes intelligentes sur Infierno, avec son riff de l’enfer qui évoque de suite Lucifer et ses ouailles en train de danser dans les flammes. Là, on retrouve un Torche cohérent et puissant. Il est juste dommage que l’on n’ait pas tout ça sur toute la longueur de l’album.

Au final, Admission, le dernier album en date de Torche, est une expérience assez bizarre qui peut laisser sur le carreau, autant qu’elle peut passionner. Entre des riffs d’une rare lourdeur et un chant atmosphérique qui balance des paroles abstraites, on navigue un petit peu dans une quatrième dimension inquiétante aux couleurs vives. Cependant, il manque au groupe le talent de la variation au sein même d’un morceau, et cette volonté de faire au moins un hit pour attirer le chaland. Bref, un disque difficile d’accès.

  • From Here
  • Submission
  • Slide
  • What Was
  • Times Missing
  • Admission
  • Reminder
  • Extremes of Consciousness
  • On the Wire
  • Infierno
  • Changes Come

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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