avril 20, 2024

Sunshine

De : Danny Boyle

Avec Cillian Murphy, Chris Evans, Rose Byrne, Michelle Yeoh

Année : 2007

Pays : Angleterre, Etats-Unis

Genre : Science-Fiction

Résumé :

En cette année 2057, le soleil se meurt, entraînant dans son déclin l’extinction de l’espèce humaine. Le vaisseau spatial ICARUS II avec à son bord un équipage de 7 hommes et femmes dirigé par le Capitaine Kaneda est le dernier espoir de l’humanité. Leur mission : faire exploser un engin nucléaire à la surface du soleil pour relancer l’activité solaire.
Mais à l’approche du soleil, privés de tout contact radio avec la Terre, les astronautes perçoivent un signal de détresse en provenance d’ICARUS I, disparu sept ans auparavant.
Un terrible accident les contraint à modifier leur trajectoire. Ils doivent désormais lutter pour rester en vie, ne pas sombrer dans la folie, mais avant tout pour mener à bien leur mission essentielle pour l’avenir de l’humanité.

Avis :

Danny Boyle est un réalisateur britannique assez intéressant dans ses démarches artistiques. S’il n’a pas toujours réussi ses films (La Plage), il y a toujours des effets visuels et de petites trouvailles qui font que même dans ses plus mauvais métrages, il y a des choses à sauver. Danny Boyle se fait connaître dans les années 90 avec Petits Meurtres Entre Amis et surtout Trainspotting. Si La Plage lui vaudra quelques mauvais retours, il reviendra en force en 2002 avec 28 Jours Plus Tard porté par Cillian Murphy. Quatre ans plus tard, il signe son premier film de science-fiction avec Sunshine. Un film visuellement splendide qui mélange deux genres, apportant un aspect thriller terrifiant dans sa deuxième partie. Sortant de sa zone de confort mais gardant un petit côté punk dans sa mise en scène, Danny Boyle signe-là un film déroutant mais très intelligent.

Sunshine 2007 Real : Danny Boyle Chris Evans COLLECTION CHRISTOPHEL

Une première partie ennuyante

Sunshine raconte la deuxième expédition de huit astronautes qui doivent aller vers le soleil pour déposer une giga bombe afin de le réveiller et ainsi sauver l’humanité. Seulement, les choses ne vont pas se passer comme prévu. En chemin, l’équipage retrouve l’épave de la première expédition, avec une bombe encore opérationnelle. En voulant récupérer ce qu’il y a à récupérer, le vaisseau connait des avaries et tout l’équipage part à vau l’eau. S’ensuit alors un combat pour survivre et redonner espoir à la Terre. Sous ses airs de pseudo Armageddon, Sunshine va en être l’antithèse. Ici, Danny Boyle refuse le côté spectaculaire, pour fournir des personnages aux fêlures grandissantes et aux relations houleuses. Le départ du film est d’ailleurs assez équivoque là-dessus, avec un psychologue qui prend des bains de soleil et leur donne des aspects métaphysiques. On aura aussi droit à une bagarre entre deux hommes.

Au-delà de ces faits qui imposent une atmosphère pesante au sein de l’équipage, Danny Boyle va avoir du mal à bien gérer son histoire et son expédition. Très scientifique dans sa démarche, on se retrouve avec des personnages qui n’ont pas forcément d’empathie et qui se contentent de faire des trucs scientifiques, comme gérer un jardin, parler de la dépense d’oxygène, ou encore réparer quelques problèmes au sein du vaisseau. Si les premiers drames interviennent rapidement, donnant lieu à des moments stressants et savamment mis en scène, on reste relativement spectateur, sans émotion. Il faut dire que les personnages ne sont pas suffisamment travaillés ou marqués et empêchent une pleine plongée dans l’histoire. Cette première partie du film est donc assez laborieuse. Et même si on retrouve quelques trouvailles visuelles intéressantes, comme les bains de soleil ou le premier mort, on reste dans l’attente qui se passe un truc.

Une deuxième partie incisive

Fort heureusement, le film va rapidement évoluer vers le thriller lors de l’exploration de l’épave. Le film prend des allures de thriller, lorgnant vers l’horreur pure. Alors que les coups bas fusent et que le personnel commence à mourir petit à petit à cause de dysfonctionnements divers et de sacrifices, les choses se compliquent lorsque l’un des personnages découvre un intrus dans le vaisseau. Danny Boyle épouse alors pleinement le genre en brouillant sa mise en scène et en nous plaçant au même niveau que les scientifiques, qui vont devoir faire face à une menace. Déroutante de prime abord, la mise en scène permet alors de ne jamais vraiment savoir qui est ce méchant, lui octroyant un aspect maléfique, quasi-divin. Et avec ce nouveau personnage d’apporter des thématiques très intéressantes et intelligentes sur l’espèce humaine. Car oui, Sunshine est un film qui véhicule avec lui tout un tas de thèmes.

En premier lieu, nous faisons face à une équipe qui doit collaborer pour sauver l’espèce humaine. Sauf que malgré ce poids très lourd, certains membres d’équipage sont incapables de s’entendre, mettant en avant des tensions et cette incapacité à se dépasser pour un enjeu plus grand que soi. D’ailleurs, les raisons de la première disputes résident dans le fait de ne pas pouvoir envoyer un message à ses proches, preuve d’un égoïsme propre à l’être humain. D’ailleurs, si la mission risque de partir en cacahuète, c’est dû à une faute humaine, auprès d’un scientifique qui n’a pas demandé d’aide, certainement par fierté. Le stress sera alors un véhicule majeur dans les désaccords au sein du groupe, faisant porter le poids de l’expédition sur un seul homme, ou demandant à celui qui a fait une erreur de prendre ses responsabilités et de mettre fin à ses jours.

Le Dieu Soleil

Derrière ses défauts humains que n’arrivent jamais à transcender les membres de l’équipage, il va y avoir aussi la perte de repères et l’attirance folle vers un soleil vu comme une déité. Le personnage du méchant va faire office de bigot de Dieu, refusant de sauver l’espèce humaine sous couvert qu’il a discuté pendant près de sept ans avec un supposé Dieu. Danny Boyle explore alors les croyances humaines, nous perdant dans les méandres d’un schéma narratif brouillon pour mieux installer une ambiance d’urgence. Le côté scientifique est alors délaissé au profit d’une imagerie religieuse faisant de Cillian Murphy un Christ sauveur et de Mark Strong un archange du mal. On pourrait alors déplorer un montage bordélique, perdant le spectateur, mais dans les faits, cela reflète les réflexions incompréhensibles d’un fanatique dangereux. Certes, c’est tiré par les cheveux, mais dans les faits, c’est très rentre-dedans en rapport à la religion.

Sunshine 2007 Real : Danny Boyle Cillian Murphy COLLECTION CHRISTOPHEL

Au final, Sunshine est un excellent film, qui se veut anti-spectaculaire, revenant à des enjeux purement humains dans un contexte qui les dépassent. Danny Boyle s’intéresse davantage à la psyché qu’aux ressorts explosifs et délivre un film à mi-chemin entre le film de SF intimiste et le thriller horrifique. Si le début est assez pénible, voire mou du bulbe, la seconde partie est impressionnante, renouant avec 28 Jours Plus Tard et quelques séquences bien stressantes. Sunshine est alors un film déroutant, étrange, mais qui a cette capacité à nous happer dans une histoire sombre, où l’homme fait partie intégrante de sa perte. Tout ça pour finir sur une note d’espoir. C’est beau.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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