Titre Original : Ryu to Sobakasu no Hime
De : Mamoru Hosoda
Avec les Voix Originales de Kaho Nakamura, Takeru Satoh, Koji Yakusho, Lilas Ikuta
Année : 2021
Pays : Japon
Genre : Animation
Résumé :
Dans la vie réelle, Suzu est une adolescente complexée, coincée dans sa petite ville de montagne avec son père. Mais dans le monde virtuel de U, Suzu devient Belle, une icône musicale suivie par plus de 5 milliards de followers. Une double vie difficile pour la timide Suzu, qui va prendre une envolée inattendue lorsque Belle rencontre la Bête, une créature aussi fascinante qu’effrayante. S’engage alors un chassé-croisé virtuel entre Belle et la Bête, au terme duquel Suzu va découvrir qui elle est.
Avis :
Mamoru Hosoda est un cinéaste japonais que j’ai découvert assez tard et quelque peu par hasard, lorsque je suis allé voir « Le garçon et la bête« . Le film fut un choc incroyable qui propulsa le réalisateur directement dans les metteurs en scène de films d’animation dont j’avais envie le plus de découvrir leur filmographie. Depuis, Mamoru Hosoda m’a profondément émerveillé avec « Les enfants loups » ou « La traversée du temps« . Bon, comme dans toute filmographie, le réalisateur a aussi ses œuvres qui m’auront laissé de côté, comme son avant-dernier, « Miraï, ma petite sœur » devant lequel je m’étais ennuyé.
Après un film intimiste, Mamoru Hosoda revient conclure cette fin d’année 2021 avec un film tout bonnement incroyable, « Belle« . Relecture moderne et folle de « La Belle et la bête« , avec ce film, le cinéaste japonais casse tous les codes et nous offre une merveille, que ce soit du côté de l’animation et son visuel, que du côté de son intrigue, de ce que le film raconte de ses personnages, ou encore de l’émotion qui explose dans un film inattendu. Surprenant, puissant, intelligent, audacieux et pas seulement dans sa relecture de « La Belle et la bête« , franchement, ne cherchez plus, on tient LE film d’animation de l’année !
Suzu est une adolescente pleine de complexes qui a du mal à vivre depuis qu’elle a perdu sa mère quelques années plutôt. Pour pallier à sa vie, Suzu a comme échappatoire le monde virtuel de U, une application où une fois entré dedans, on peut être ce que l’on veut et qui l’on veut et Suzu a alors décidé d’être Belle, une jeune femme magnifique, qui chante à la perfection. D’ailleurs, Belle, dans le monde de U, est la star des stars. Mais un jour, le monde de Belle change lorsqu’elle rencontre Dragon, un combattant violent qui a l’apparence d’une bête. Cette bête est traquée par tous et si tous y voient un ennemi. Suzu décèle autre chose…
Après la petite déception qu’avait été « Miraï, ma petite sœur« , j’avais très envie de me replonger dans un nouveau Mamoru Hosoda, et voici qu’après trois ans de silence, le metteur en scène japonais est de retour et il lâche une bombe. Je ne savais pas ce que je venais voir, je n’avais rien lu et rien vu du nouveau Hosoda et c’est tant mieux ainsi, car « Belle » fut alors une surprise totale.
Incroyable de bout en bout, surprenant de bout en bout, « Belle » est une œuvre folle et dantesque où se mêle bien des thèmes qu’on a déjà retrouvé chez le réalisateur. Doté d’un scénario qui est d’une très grande richesse, « Belle » est un film qui dans un premier temps donne l’air, un peu comme « Summer Wars » du même Hosoda, de parler des réseaux sociaux. Le réalisateur nous plonge dans un film qui va être partagé entre monde réel et monde virtuel, telle une Matrice que chacun connaît et décide de s’y rendre et d’en sortir quand il le souhaite. À travers ces deux mondes, Mamoru Hosoda aborde bien entendu les méfaits des réseaux sociaux, mais il parle aussi de leur bienfait, du moins quand on sait bien s’en servir. Puis derrière ça, le réalisateur parle du mal-être chez l’adolescent, du manque de confiance en soi, du regard des autres, et quand on ouvre l’objectif encore un peu plus, le réalisateur aborde le deuil. Un deuil presque impossible, du moins chez une petite fille qui a perdu sa mère.
Ainsi, « Belle » est déjà surprenant et passionnant, mais avec l’arrivée de Dragon dans le scénario, le film prend une toute autre tournure et une autre dimension. Magnifique, encore plus incroyable, bouleversant et surtout très surprenant, Mamoru Hosoda se lance alors dans une relecture ultra moderne de « La Belle et la bête« . Le film de Disney est celui que préfère le réalisateur et l’idée d’emprunter cette histoire, pour lui faire raconter tout autre chose, est purement et simplement un coup de génie. C’est incroyable, et plus le réalisateur dévoile son intrigue et plus finalement « Belle » se fait bouleversant, en plus d’être original, car le film s’aventure sur des sentiers jamais approchés pour un film d’animation.
S’ajoute à cela que « Belle » est une pure merveille dans son animation, son esthétisme, son visuel, ses couleurs, ses graphismes, ses personnages, ses caractères, et la façon que le réalisateur a de gérer les deux mondes. Peuplé de scènes puissantes, oscillant entre émerveillement, humour et drame, « Belle » est une leçon de cinéma qui impose décidément Mamoru Hosoda comme l’un des plus grands cinéastes d’animation. Le cinéaste a tout compris et arrive aussi bien à offrir de grandes scènes d’action que des scènes plus intimes qui vont être bouleversantes. Il a aussi parfaitement compris comment s’amuser et réadapter le chef-d’œuvre de Disney, réutilisant plusieurs scènes pour finalement, comme je le disais, raconter tout autre chose. À noter que le film est parcouru d’une BO magnifique et incroyable signée Ludvig Forssell.
Surprise totale, bluffant de bout en bout, ne cessant de se réinventer, « Belle« , le neuvième film de Mamoru Hosoda, est un sans-faute. Magnifique et bouleversant, surprenant au fur et à mesure qu’il dévoile son intrigue, jusqu’à ce dénouement final qu’on ne peut pas voir venir. Bref, chef-d’œuvre puissant, ne cherchez plus, Mamoru Hosoda livre le film d’animation de l’année !
Note : 20/20
Par Cinéted