mars 29, 2024

Chère Léa – Coincé dans un Café

De : Jérôme Bonnell

Avec Grégory Montel, Grégory Gadebois, Anaïs Demoustier, Léa Drucker

Année : 2021

Pays : France

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

Après une nuit arrosée, Jonas décide sur un coup de tête de rendre visite à son ancienne petite amie, Léa, dont il est toujours amoureux. Malgré leur relation encore passionnelle, Léa le rejette. Éperdu, Jonas se rend au café d’en face pour lui écrire une longue lettre, bousculant ainsi sa journée de travail, et suscitant la curiosité du patron du café. La journée ne fait que commencer…

Avis :

Jérôme Bonnell est un réalisateur français assez discret. Actif depuis la fin des années 90, on pourrait presque dire que Jérôme Bonnell fait son petit bonhomme de chemin loin des projecteurs. Connu et reconnu, le cinéma de Jérôme Bonnell oscille entre comédie et drame, entre un cinéma lumineux, plein de délicatesse et de sensibilité, et un cinéma où regrets, remords et autres maux de l’âme de se tutoient.

Après six ans d’absence, le cinéaste français fait son retour dans les salles obscures avec un nouveau film qui va être un petit et joli kaléidoscope des émotions citées plus haut. Sensible, drôle, amoureux, cocasse, poétique même, « Chère Léa » se pose comme un bon petit film qui, certes, s’il ne bousculera pas notre année de cinéma, se laissera suffisamment déguster pour qu’on y passe un chouette moment à regarder et suivre ces personnages qui, de scène en scène, se font de plus en plus adorables.

Après une nuit bien arrosée, Jonas, sur un coup de tête, décide d’aller voir sa petite amie avec laquelle il s’est séparé quelques semaines plus tôt. Après une dernière « relation » avec elle, Jonas, bouleversé, s’installe dans un café juste en bas de chez elle. Ne sachant comment traduire sa douleur, Jonas se met à écrire un petit mot… Un mot qui va devenir une lettre… Une lettre de plusieurs pages où passion, remords, regrets et espoirs vont se côtoyer.

À première vue, comme ça, « Chère Léa » ne paye pas vraiment de mine. C’est vrai, c’est l’histoire d’un mec qui, dévasté, écrit une lettre à son ancienne petite amie dans l’espoir de… Lui-même ne le sait pas vraiment… Mais ça, c’est à première vue, car le nouveau film de Jérôme Bonnell est bien plus que cela finalement. Original dans son idée, aussi amusant qu’il va être touchant, « Chère Léa » est un film qui observe et raconte une histoire d’amour sans jamais raconter ce qu’a été cette histoire d’amour. À travers la force et la beauté des non-dits, des lectures silencieuses de cette lettre, des regards des personnages, et l’intelligence des dialogues, Jérôme Bonnell nous raconte une histoire qu’il nous laisse imaginer, et c’est en partie ce qui fait la beauté et la sensibilité de ce nouveau film.

De plus, avec ce film, derrière l’histoire d’amour non dite, Jérôme Bonnell nous fait vivre au rythme d’un quartier parisien à travers les vitres d’un café. Pour cela, l’intrigue nous propose tout un tas de personnages qui vont être amusants. À travers les allées et venues dans ce café, sur les trottoirs ou encore dans ces rencontres, il y aurait presque quelque chose de la pièce de théâtre que Jérôme Bonnell filme avec dynamisme.

Le scénario amuse aussi en bloquant son personnage dans ce café, trouvant toujours un prétexte amusant pour faire que jamais le personnage ne quitte vraiment ce lieu. Bref, ce scénario, comme ça, peut résonner comme simpliste et déjà trop vu, mais finalement, il se fait très plaisant et démontre, au travers de l’intelligence de son écriture, qu’il a plein de jolies choses à offrir. Au-delà de ça, il raconte très bien une histoire d’amour qui fut, sans jamais la raconter, nous laissant, nous spectateurs, imaginer ce que l’on veut, au travers des indices que le réalisateur et les personnages sèment, et ça, c’est le plus fort du film de Bonnell.

Ce qui fait aussi la force, la beauté et l’intérêt de « Chère Léa« , ce sont ces acteurs qui trouvent là de jolis personnages. Si l’on peut mentionner Nadège Beausson-Diagne, Pablo Pauly ou Léa Drucker dans de petits rôles, « Chère Léa« , c’est avant tout son trio de tête, avec en arrière une Anaïs Demoustier qui arrive à être tragique et pétillante à la fois. Puis devant, il y a Grégory Gadebois en tenancier d’un bistrot qui est génial, et bien sûr Grégory Montel, qui en amoureux perdu fait des merveilles, arrivant à être aussi touchant que poétique et plein de délicatesse. Tour à tour drôle, un brin loufoque, parcouru de maux et de regrets, ces personnages ne cessent de se faire attendrissants et intéressants à suivre.

C’est donc une petite chronique pour un petit film plein de charme et de finesse. Cette sorte de bulle temporelle qui bloque en quelque sorte le personnage dans ce café à regarder toujours en l’air, vers la fenêtre du troisième étage de l’immeuble d’en face, distille un très joli charme. Comme je le disais, le film ne bousculera pas notre année de cinéma, mais ce n’est pas pour cela qu’on doit passer à côté de lui, car « Chère Léa » a plein de jolies choses à nous offrir, à commencer par cette idée assez magique de nous raconter cette histoire d’amour vécue, sans jamais en parler. Bref, un bon et chouette moment en salle.

Note : 13/20

Par Cinéted

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