mars 28, 2024

Ammonite

De : Francis Lee

Avec Kate Winslet, Saoirse Ronan, Fiona Shaw, Gemma Jones

Année : 2021

Pays : Angleterre, Australie, Etats-Unis

Genre : Drame, Biopic

Résumé :

1840. Mary Anning fut une paléontologue renommée mais vit aujourd’hui modestement avec sa mère sur la côte sud et sauvage de l’Angleterre. Mary glane des ammonites sur la plage et les vend à des touristes fortunés. L’un d’eux, en partance pour un voyage d’affaires, lui demande de prendre en pension son épouse convalescente, Charlotte. C’est le début d’une histoire d’amour passionnée qui défiera toutes les barrières sociales et changera leurs vies à jamais.

Avis :

Il y a quatre ans de cela, Francis Lee, un comédien britannique qui traine sa barbe à la télévision anglaise depuis une bonne vingtaine d’années, a décidé de s’essayer à la réalisation. Pour son premier film, Francis Lee a eu l’envie de quelque peu se raconter et son « Seule la terre » fut l’une des plus jolies surprises de 2017. Histoire d’amour entre deux hommes perdue quelque part dans la campagne anglaise, Francis Lee livrait alors un film riche, émotionnel et tout en pudeur.

Dès lors, l’acteur s’est posé comme un réalisateur qu’on gardait à l’œil, attendant un second film qui serait dans la veine de son premier et peut-être même plus encore. Après quatre ans de silence, Francis Lee est donc de retour et cette fois-ci, le metteur en scène a décidé de s’aventurer dans une histoire entre deux femmes dans l’Angleterre du milieu du XIXe siècle. Intéressant, joli, pudique, presque étouffé, « Ammonite » est un film aussi beau, qu’il peut aussi avoir tendance à décevoir, tant il ne se mesura pas à la hauteur de « Seule la terre« .

Angleterre, 1840, dans le Dorset sur la Jurassic Coast, Mary Anning est une paléontologue renommée qui explore et creuse la Jurassic Coast pour y déterrer ses fossiles. Mary vit seule avec sa mère et on ne peut pas dire qu’elle ait le contact facile. Un matin, elle voit débarquer dans sa boutique un homme, Roderick Murchison, un homme de Londres passionné par le travail de Mary. Ce dernier lui demande de l’emmener là où elle travaille, et de la regarder faire. L’homme est accompagné de sa femme, Charlotte, qui souffre de mélancolie et dont on lui a prescrit l’air marin pour la remettre d’aplomb. Quand Roderick doit partir pour quelques semaines, il demande alors à Mary de s’occuper de sa femme pour ne pas qu’elle soit seule. Mary se voit dans l’obligation d’accepter, et petit à petit, une complicité s’installe entre les deux femmes.

Après sa sublime histoire d’amour entre Josh O’Connor et Alec Secareanu, pour son second métrage, Francis Lee a convoqué devant sa caméra deux grandes actrices, Kate Winslet et Saoirse Ronan pour une toute aussi belle histoire d’amour.

Après la campagne anglaise et le monde de l’agriculture, Francis Lee place sa caméra dans l’Angleterre de 1840 dans un petit village sur la côte. « Ammonite » faisait partie de ces films que j’attendais avec une certaine forme d’impatience, car l’envie de voir où Francis Lee pouvait nous emmener avec une seconde œuvre piquait grandement ma curiosité, et même si je dois bien dire que j’en ressors un poil déçu, « Ammonite » confirme bien que l’Angleterre voit s’imposer un réalisateur qui a tout d’un grand.

« Ammonite« , dans les grandes lignes, un peu comme « Seule la terre » d’ailleurs, est un film qu’on connaît déjà. Il faut dire qu’une histoire d’amour entre deux femmes piégées dans une époque qui n’accepte pas, ça n’a rien de vraiment très neuf, et c’est là qu’on voit le talent ou non d’un metteur en scène, car avec cette histoire convenue en un sens, Francis Lee arrive à livrer un film aussi beau qu’il est intéressant. Beau de par son esthétisme, le jeu incroyable de ses comédiens, ou encore beau de par la pudeur de son histoire, des sentiments qu’il explore et surtout qu’il laisse s’infiltrer petit à petit. Puis intéressant, car « Ammonite » est un film qui va plus loin qu’une histoire entre ces deux femmes. « Ammonite« , c’est aussi un film parle d’une femme, le personnage de Mary, qui sort radicalement des convenances, vivant seule, s’assumant financièrement et tenant même un métier d’homme (d’ailleurs, le réalisateur filme très bien les petits gestes du métier). Autant de sujets et de thèmes qui trouvent une récurrence dans le cinéma de Francis Lee, et au-delà de ça, qui sont bien explorés par son réalisateur.

Si le scénario, écrit par Francis Lee sur son ensemble, est très beau, il faut toutefois dire qu’il est assez inégal. Si le milieu et le final d’ »Ammonite » demeurent très beaux, très touchants et très prenants, pour arriver à ces émotions et ces envolées, il va falloir attendre quelque peu, car le film a vraiment du mal à démarrer. Un sentiment qui est étrange, car très vite, Francis Lee pose son ambiance, il présente très bien ses personnages, et d’un coup, pour installer petit à petit la séduction et l’attirance, le réalisateur rame et son film va alors tenir des longueurs. Des longueurs qui peuvent même finir par inquiéter, car on ne voit pas le bout de cette introduction. Mais bon, une fois tout mis en place, et une fois passé ces longueurs, d’un coup, « Ammonite » se ressaisit et se fait très beau.

Si le film se fait très beau aussi, c’est parce que Francis Lee a su tirer le meilleur de ses deux comédiennes. Couple magnifique, même si ces personnages sont aussi d’une grande tristesse. Si le film offre un beau rôle de composition pour Saoirse Ronan, « Ammonite » nous offre surtout une immense Kate Winslet, qui trouve là un personnage magnifique, riche et complexe. À noter dans un petit rôle assez amusant, le plaisir de retrouver Alec Secareanu, ainsi que Gemma Jones, qui encore une fois est parfaite de justesse.

Joli film et confirmation d’essai, même si ce « Ammonite » n’est pas aussi beau et puissant que « Seule la terre« , il demeure un joli morceau de cinéma. Francis Lee, malgré des maladresses, confirme bel et bien qu’il est un bon réalisateur qui a des choses à dire et qui a un univers. « Ammonite » se voit alors privé de salle, même s’il est imparfait et un poil longuet, il n’en reste pas moins qu’il est un film de cinéma, un film qui appelle la salle, et c’est vraiment dommage qu’il en soit privé.

Note : 13/20

Par Cinéted

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