De : Iain Softley
Avec Julianne Hough, Teddy Sears, Penelope Mitchell, Madalyn Horcher
Année: 2015
Pays: Etats-Unis
Genre: Horreur
Résumé:
Parti pour un long voyage afin de rejoindre son fiancé, une jeune femme prend en stop un homme qui va la terroriser. Finalement piégée dans sa voiture accidentée, elle doit faire face à son bourreau.
Avis:
La maison de production Blumhouse a explosé il n’y a pas si longtemps, captant vite la manne exponentielle des films d’horreur à petit budget. En effet, Jason Blum, le fondateur, a vu en Paranormal Activity un film très économe mais qui a rapporté beaucoup d’argent grâce à une communication très efficace. De ce fait, il est devenu le maître en la matière et Blumhouse est LA maison de production de films d’horreur du moment. Et ça, que ce soit pour de gros films qui sortent dans les salles, comme pour des productions timides destinées au marché du DVD ou du bluray. Prenons un exemple tout simple, Curve. Réalisé par Iain Softley, à qui l’on doit notamment l’adaptation du roman Cœur d’Encre, Curve est un film qui mélange horreur et thriller mais qui se limite à deux lieux, une voiture accidentée et une maison sur la fin du métrage. Car oui, il s’agit d’un film qui ne bouge pas d’un endroit, une nana étant bloquée dans sa voiture et faisant tout pour survivre pendant qu’un maniaque s’amuse à la regarder dépérir. Un film low cost donc, qui voit aussi la participation financière de Jaume Collet-Serra (Esther, La Maison de Cire). Mais est-ce bien suffisant pour en faire un bon film ?
La réponse est tout simplement non. S’inspirant volontairement de films comme Buried, Curve place donc une jeune femme qui doit partir rejoindre son futur mari à Denver mais qui choisit d’emprunter la route touristique. Elle tombe alors en panne au milieu de nulle part et un bel inconnu vient l’aider. Alors qu’il répare sa voiture, pour le remercier, elle le prend avec lui dans la voiture. Sauf que le type est un déséquilibré. Elle va alors créer un accident pour s’échapper. Manque de bol, à son réveil après l’accident, elle a le pied coincé dans la voiture et ne peut en sortir. Et son ami le taré semble être en pleine forme. Elle va alors tenter de survivre dans cette voiture pendant que son bourreau s’amuse à venir la voir de temps à autre. Très clairement, on reconnait très vite la patte Blumhouse au niveau de la production. C’est-à-dire que c’est propre, mais ça vise à chaque l’économie. Les acteurs ne sont pas vraiment connus et on mise à fond sur Teddy Sears, déjà vu dans la série The Flash, pour jouer un psychopathe à la gueule d’ange qui peut sortir une saloperie en claquant des doigts. Mais surtout, on mise à fond sur l’économie de décor et de mise en scène. Hormis la jeune femme dans sa bagnole, on n’aura peu de choses à se mettre sous la dent et c’est bien dommage.
En fait, le film n’arrive jamais à créer une tension suffisante pour que l’on ressente la douleur de la jeune femme. On n’évitera pas les écueils du genre, à savoir bouffer du rat, boire sa pisse ou encore se réchauffer avec un feu maîtrisé grâce à divers ustensiles trouvés comme par magie dans la bagnole. Toutes ces opérations de survie sont assez basiques et n’arrivent pas à créer une véritable tension. La raison est toute simple, cette jeune femme ne nous est pas sympathique et on se fout un peu de ce qui va lui arriver. En effet, au début du film, elle hésite à se marier, à partir rejoindre son amour, et on sent qu’elle n’est pas indifférente au charme de l’autre taré. Du coup, on n’a pas forcément envie qu’elle s’en sorte, baignant constamment dans le doute et étant presque prête à tromper son futur mari. Ensuite, ce qui ne marche pas, c’est le méchant du film. Si Teddy Sears semble habitué aux rôles de méchant (il jouait Zoom dans la deuxième saison de The Flash), il n’est pas du tout charismatique et les raisons de son comportement sont tout ce qu’il y a de plus basique. D’ailleurs, son portrait est à peine esquissé, mais cela ne veut pas dire qu’il y a un moindre mystère autour de son personnage, mais simplement que le scénariste ne savait pas quoi dire dessus. Si on ajoute à cela des évènements fortuits comme une pluie diluvienne qui entraine une inondation pile là où il y a la voiture, alors on a le pompon du n’importe quoi.
Fort heureusement, la dernière partie du film est un peu plus intéressante. Le cadre change, ainsi que la direction du fil, délaissant l’aspect survival pour plonger dans un film de vengeance avec une pointe de slasher. Le film bouge un peu plus, il y a des morts assez crades et on voit une imagerie un peu plus glauque qui se dégage du métrage. Alors oui, c’est peu de chose et ça arrive sur la fin, mais le film sort un peu de sa torpeur et Iain Softley montre qu’il est capable de gérer une maison, avec quelques mouvements de caméra et surtout une bonne gestion spatiale. Malheureusement, c’est bien peu de chose pour sauver le film qui n’arrive pas à proposer des personnages touchants ou un tueur complètement frappé. On voit que ça essaye, que ça tâtonne, mais ça ne marche jamais vraiment, la faute à un traitement par-dessus la jambe et à une volonté d’aller au plus vite, comme si on craignait de faire un film trop long ou avec des personnages trop complexes. Encore une fois, c’est dommage et tout ça manque vraiment d’ambition. Le seul vrai point positif, c’est que l’ambiance, sur la toute fin, est assez sympathique, loin des simples DTV moisis que l’Amérique du Nord nous envoie à la pelle.
Au final, Curve est un film qui loupe le coche de peu de chose. S’inspirant de films comme Buried, où là une jeune femme est bloquée dans sa voiture, le film s’embourbe dans un rythme lancinant et dans des péripéties qui se ressemblent ou qui semblent arriver comme un heureux hasard. Si la dernière partie est plus prenante, elle n’arrive pas à rattraper l’ensemble, la faute à un traitement trop classique et à un méchant bas du front. Bref, un film vite oubliable et on s’étonne encore que des noms comme Jason Blum ou Jaume Collet-Serra aient cru en ce métrage.
Note : 08/20
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Par AqME