Titre Original : Bakctrack
De : Michael Petroni
Avec Adrien Brody, Sam Neill, Robin McLeavy, Bruce Spence
Année: 2015
Pays: Australie, Angleterre, Emirats Arabes Unis
Genre : Thriller, Horreur
Résumé :
Un psychothérapeute souffre de cauchemars qui le perturbent. Des étranges visions le conduisent à sa ville natale où il est persuadé d’avoir à résoudre un mystère oublié depuis des décennies.
Avis :
Etrange carrière que celle d’Adrien Brody. Commençant sa carrière à la fin des années 80 dans le film New-York Stories, c’est clairement dix ans plus tard, dans La Linge Rouge que sa carrière va littéralement exploser. Physique intéressant, jeu plus que correct, sachant être touchant sans jamais en faire des tonnes, Adrien Brody avait toutes les cartes en main pour devenir l’un des acteurs les plus bankables de sa génération. Et les années 2000 vont aller dans ce sens avec des chefs-d’œuvre comme Le Pianiste, King Kong ou encore les films de Wes Anderson. Cependant, en 2009, il fait une grosse erreur en produisant et jouant dans Giallo de Dario Argento, un film qui va lui causer beaucoup de torts à cause de son histoire assez pauvre et de son méchant jaune plus rigolo qu’autre chose. Depuis, l’acteur oscille entre Wes Anderson qui pense toujours à lui et des sorties DTV assez douteuses, sans être honteuses. Backtrack fait partie de ces films dont on n’entend pas parler, qui sont sympathiques sur le moment, mais qui ne laisse pas une trace indélébile sur le septième art.
Coproduction australienne, anglaise et arabe, ce film de fantômes essaye d’être novateur là où d’autres sont déjà passés. Ainsi donc, on se retrouve devant un psychiatre qui vient de perdre sa fille et qui essaye tout de même de garder une vie. Sauf qu’il commence à avoir la visite de fantômes et qu’il se rend compte que toutes ces personnes sont mortes le même jour dans un accident de train auquel il est lié. Il va donc retourner chez son père pour tenter de recoller les morceaux et arrêter ces intrusions dans sa psyché. En l’état, Backtrack n’a rien de bien nouveau et il va être d’un classicisme assez pénible par moments. Non pas que le film soit mauvais, au contraire, même s’il reste anecdotique, il est plutôt agréable à suivre, mais il ne recèle aucune nouveauté en tant que thriller horrifique avec des fantômes messagers.
La grande force du film réside dans son ambiance. En effet, le réalisateur peaufine son cadre avec des couleurs grisonnantes, une météo pluvieuse et des personnages en proie au doute et à la dépression. Il s’agit d’un cadre idéal pour mettre en avant des entités fantomatiques voulant toujours montrer quelque chose. Les premières apparitions laissent planer un doute sur les personnes (sont-elles de vrais être vivants ou des fantômes ?) et c’est petit à petit que l’on va comprendre le schéma du film, qui est construit comme un puzzle où chaque pièce s’emboîte au fur et à mesure. En ce sens, le film est plutôt réussi et pour un métrage privé de salles, il n’en demeure pas moins plutôt bien fichu, même au niveau des effets spéciaux. Les apparitions sont convaincantes, certains moments sont plutôt accrocheurs malgré une prépondérance au jump scare un poil trop facile.
Malheureusement, cette ambiance froide et dépressive va aussi être un frein pour le métrage. En posant une ambiance comme celle-ci, et en mettant un père qui vient de perdre sa fille, le film devient presque trop sombre psychologiquement parlant. C’est-à-dire que l’on tombe facilement dans le pathos, que ce soit dans la vie de famille, avec la mère complètement shootée aux médocs pour survivre à la mort de sa fille, ou dans l’enquête dont les rebondissements sont de plus en plus incongrus. Les flashbacks deviennent aussi assez vite énervants, la faute à une intrigue qui ne fonctionne que sur la mémoire du protagoniste principal, qui va se rappeler par bribes des évènements le jour de cet accident. Le problème, c’est que même si l’on a vécu un drame, il semble difficile d’en occulter un autre à ce point, surtout lorsqu’il touche quelqu’un de proche. Du coup, entre une ambiance sympathique mais trop lourde et une intrigue qui piétine par moments, Backtrack se révèle assez moyen.
Et puis enfin, il y a les acteurs. Misant à fond sur Adrien Brody, il semblerait que le réalisateur ait oublié les autres protagonistes. Et ce n’est pas le géant Sam Neill qui va prouver le contraire, jouant un rôle important dans les premières minutes, puis s’évaporant lorsque le « héros » retour chez son père pour mener son enquête. De ce fait, hormis Brody, tous les autres acteurs passent à la trappe et demeurent assez inconsistants ou ont des relations familiales qui collent avec celles de Brody, tenant lieu de chance provocante. C’est dommage, car finalement, il y avait vraiment quelque chose d’intéressant à faire avec ce film, même si le sujet semble éculé depuis des années.
Au final, Backtrack – Les Revenants est un film mi-figue mi-raisin qui souffle le chaud et le froid pour un résultat assez mitigé. Si d’un côté l’ambiance est soignée et que le film se suit sans problème de rythme, le fond de l’intrigue reste assez sommaire et le réalisateur n’apporte jamais une once de nouveauté à l’histoire de son métrage. Quant à Adrien Brody, il fait ce qu’il peut pour sauver le film, offrant un rôle agréable et un jeu tout en nuances, mais malheureusement, il sera bien le seul à exister dans ce monde de fantômes à la fois revanchard et préventif. Un petit film donc, qui se regarde sans déplaisir, mais qui reste complètement anecdotique dans sa démarche.
Note : 10/20
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Par AqME