Titre Original : The Nutcracker and the Four Realms
De : Lasse Hallström, Joe Johnston
Avec Mackenzie Foy, Keira Knightley, Helen Mirren, Morgan Freeman
Année : 2018
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique
Résumé :
Tout ce que souhaite Clara, c’est une clé. Une clé unique en son genre, celle qui ouvrira la boîte contenant l’inestimable cadeau que sa mère lui a laissé avant de mourir.
À la fête de fin d’année organisée par son parrain, Drosselmeyer, Clara découvre un fil d’or qui la conduit jusqu’à cette précieuse clé … mais celle-ci disparaît aussitôt dans un monde étrange et mystérieux. C’est dans ce monde parallèle que Clara va faire la connaissance d’un soldat nommé Phillip, d’une armée de souris, et des souverains de trois Royaumes : celui des Flocons de neige, celui des Fleurs et celui des Délices.
Pour retrouver cette clé et restaurer l’harmonie du monde, Clara et Phillip vont devoir affronter la tyrannique Mère Gingembre qui vit dans le quatrième Royaume, le plus sinistre d’entre tous…
Avis :
Durant les fêtes de fin d’année, on a toujours le droit à des immanquables. Si les chaines de télévision se battent pour passer le téléfilm le plus sirupeux de la planète. Si Netflix s’acharne à fournir son catalogue de merdes infâmes qui dégoulinent de sucres d’orge fondus, on a aussi droit à certains inédits et des films qui deviennent de bonnes surprises. Comment passer à côté du film d’animation Klaus par exemple ? Mais l’avantage de ces plateformes de streaming, c’est qu’elles permettent aussi de rattraper son retard en matière de films de Noël. En ce sens, Casse-Noisette et les Quatre Royaumes permet à Disney+ de renflouer un peu son catalogue pour les fêtes. Mais est-ce une bonne chose ? Film plus ou moins maudit ayant bénéficié de reshoots importants, la plateforme ramène Disney à ses pires déboires et à un film que l’on préfèrerait oublier.
Casse-Bonbons
L’histoire de ce film se réfère à deux versions de Casse-Noisette. Le célèbre ballet de Piotr Ilitch Tchaïkovski, mais aussi le conte originel écrit par Ernst Theodor Amadeux Hoffmann. La volonté du premier réalisateur, Lasse Hallström, fut de faire évoluer ce film et de le rendre plus moderne, tout en gardant son contexte historique. De plus, il fallait créer un univers particulier pour plaire à un public plutôt jeune, Disney oblige. De ce fait, il en résulte un pot-pourri assez indigeste qui brille surtout pour ses fonds verts. Car oui, la première chose qui frappe avec cette version de Casse-Noisette, c’est tout son aspect factice. Certes, il est difficile de matérialiser plusieurs royaumes fantastiques, mais d’entrée de jeu, le film nous met face à un hibou qui survole des décors en animation. Non seulement c’est très moche, mais cela ne va pas en s’améliorant.
Même lorsque l’héroïne va voyager dans sa ville, ou dans les différents royaumes, il n’y a rien qui fasse véritablement vrai. On a l’impression d’assister à un film d’animation avec de vrais acteurs qui se démènent pour faire croire que ce qu’ils touchent est réel. Malheureusement, ça ne marche pas et il sera très difficile de rentrer dans le film. D’autant plus que le scénario n’est pas très intéressant, même pour des enfants. Ici, une jeune fille a du mal à faire le deuil de sa mère et après avoir récupéré le dernier cadeau de celle-ci, elle doit trouver une clé pour ouvrir la boîte à musique. La recherche de cette clé va l’envoyer dans des royaumes fantastiques où la discorde règne. Elle va alors devoir réparer tout cela. Assez cliché dans son déroulement, le film n’arrivera jamais à vraiment décoller pour nous faire ressentir des émotions.
Casse-Pieds
Dans son introduction, on va voir que cette jeune fille a du mal à faire le deuil de sa mère, contrairement à son jeune frère ou à sa sœur aînée. Pour autant, son père essaie de sauver les apparences et de rendre tout le monde heureux, mais il ne parvient pas à redonner le sourire à sa fille. On pourrait être touché par cette famille à la recherche du bonheur après un terrible malheur, mais cela ne fonctionnera pas. Il manquera au film une sincérité palpable et une volonté de toucher sans tirer vers le mélo enfantin. On se doute bien que cette quête dans les quatre royaumes ne sera qu’une excuse pour brasser quelques thèmes universels à destination des enfants et des adolescents, mais rien ne prendra vraiment. En fait, l’histoire est trop lisse, trop téléphonée et rien ne viendra vraiment nous surprendre.
De plus, au niveau des thèmes, on est vraiment dans quelque chose de lambda et que l’on capte dès le début. Le film évoque bien évidemment la confiance en soi pour réussir, mais aussi le deuil comme une étape importante pour grandir. Un deuil qui ne peut se faire seul car on est rarement tout seul dans cet état-là. Le film n’arrive jamais vraiment à exploiter tout cela pour jouer sur les émotions et reste tout le temps en surface, avec des aventures qui n’ont pas vraiment de rapport avec cela. Alors oui, on pourra aussi y voir une guerre des jalousies dans les quatre royaumes, ou encore qu’il ne faut pas se fier aux apparences pour juger une personne, mais là encore, c’est en filigrane, derrière l’accumulation d’aventures qui ne servent pas à grand-chose.
Casse-Tration
La mise en scène a aussi toutes les peines du monde à nous faire ressentir quoi que ce soit. Il faut dire que le film a subi de nombreux reshoots, à un tel point qu’il a été décidé de mettre les noms des deux réalisateurs au générique, chose rare, voire exceptionnelle. Cela se ressent aussi dans le montage, qui manque de fluidité et qui passe souvent sur des choses importantes. On aurait pu avoir plus de détails sur les différents royaumes, ou encore sur le parrain de l’héroïne qui semble avoir quelques menus secrets, mais il n’en sera rien. Le film préfère foncer tête baissée dans une action non-stop, mais gérée avec des effets spéciaux numériques insupportables et des personnages sans charisme. Le fameux casse-noisette est d’une banalité affligeante, à un tel point qu’il n’est qu’une pièce rapportée avec peu d’impact dans l’histoire.
Au final, Casse-Noisette et les Quatre Royaumes est un terrible déception. Le film sonne creux et manque totalement de réalisme dans sa mise en scène. Les fonds verts se voient beaucoup trop et la magie n’opère jamais. La faute à une mise en scène factice donc, mais aussi à des personnages inutiles, peu attachants, et à une aventure trop calibrée pour pleinement convaincre. Reste les clowns qui bénéficient d’une séquence proche d’un film d’horreur et qui vaut le détour à elle seule. Mais c’est si peu de chose…
Note : 07/20
Par AqME