avril 23, 2024

Pyramide

Titre Original : The Pyramid

De : Grégory Levasseur

Avec Ashley Hinshaw, Denis O’Hare, James Buckley, Christa Nicola

Année : 2015

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

En Égypte, en plein désert, des archéologues découvrent une pyramide unique en son genre. En y pénétrant, ils vont affronter bien plus qu’une malédiction. Ils sont piégés au cœur d’un labyrinthe, et quelque chose les traque…

Avis :

Compère de toujours dans l’écriture et la production d’Alexandre Aja (depuis Furia, à l’aube des années 2000), Grégory Levasseur avait lui aussi des envies de réalisation. Profitant du succès énorme de son ami de toujours sur le remake de La Colline a des Yeux, il va alors se mettre derrière la caméra pour fournir Pyramide. Epaulé par son camarade de jeu (qui n’est pas présent car il tourne alors Horns au même moment, mais vérifie tous les plans à distance), Levasseur va se laisser tenter par le found-footage, sans pour autant tomber pleinement dedans. Une solution de facilité qui lorgne sur les grosses du genre avec, par exemple, la franchise des Paranormal Activity. Tout était alors réuni pour faire de Pyramide un film intéressant, avec des bases solides. Malheureusement, le film se révèlera médiocre à plus d’un titre.

Quand t’es dans le désert

Le pitch de départ est relativement simple et s’inspire d’une technologie de pointe qui existe vraiment, la fouille par satellite. En Egypte, alors que le pays se révolte contre son gouvernement, des archéologues américains trouvent une pyramide triface. C’est la première fois que cela arrive et une entrée est vite trouvée. Alors que l’équipe doit quitter les lieux à cause d’un climat politique délétère, elle décide de rentrer dans la pyramide pour la visiter et récupérer un robot super cher qui a eu un accident à l’intérieur. C’est le début de la fin pour toute l’équipe. Le pitch est assez téléphoné, et on se doute qu’une créature se cache à l’intérieur du bâtiment. D’ailleurs, Pyramide ne cachera pas bien longtemps ses ambitions de créer de l’effroi avec de l’invisible et de susciter la curiosité avec une créature d’un autre âge.

Néanmoins, quand on tient un scénario aussi simple, il faut créer des personnages solides, qui ont du background et des relations qui tiennent la route. L’empathie est très importante. Manque de bol, et malgré les réécritures des personnages par Levasseur et Aja pour leur donner plus de poids, on fait face à une flopée de clichés. La relation père/fille plutôt conflictuelle ne sert pas à grand-chose et même lorsqu’un des deux est en danger, on ne ressent pas forcément le traumatisme suite à la perte d’un être cher. On retrouvera aussi le beau gosse de service ou le rigolo de la bande, qui va essayer de dédramatiser tout le bazar. Pyramide ne sort jamais vraiment de son carcan de pseudo survival et aligne des personnages dont on se fout gentiment. Mention spéciale au cliché du militaire arabe gueulard qui ne va pas faire long feu dans le film.

Depuis trop longtemps

Si d’un point de vue purement scénaristique, on frôle l’indécence, surtout avec cette histoire de robot à aller chercher dans la pyramide car il appartient à la NASA et coûte un bras, la partie technique reste relativement propre. Fort de plusieurs années dans les pattes d’Alexandre Aja, Grégory Levasseur a su s’entourer de bons techniciens et délivre un métrage qui est assez réussi dans ses choix de lumière, dans sa photographie ou encore dans son mélange des genres. Car au-delà du film d’horreur qu’il veut être (et là c’est plutôt loupé), Pyramide est aussi un film d’aventure à l’ancienne. Cette pyramide est blindée de pièges qu’il faut éviter pour survivre. Outre les dangers dû à l’usure, on retrouvera les couloirs qui se remplissent de sable, ou bien les fosses à piques. Tout le bagage culturel du réalisateur y passe et c’est finalement assez plaisant.

Cependant, si les effets « old school » sont grisants et fonctionnent encore aujourd’hui, il n’en est pas de même avec les effets numériques. Déjà dépassé à son époque de sortie, Pyramide ne s’arrange pas avec le temps. Les incrustations sont hideuses et certains passages frôlent le foutage de gueule. Notamment lorsque les chats maigres bouffent la nana sur les piques. C’est tout simplement dégueulasse. En plus de nous sortir du film. L’autre point qui va nous faire sortir de l’histoire, c’est la multitude de points de vue. Levasseur n’a pas voulu faire un found-footage à plein temps. De ce fait, le film commence comme tel, puis, quand ça l’arrange, le réalisateur cale un plan traditionnel. Si l’intention est compréhensible sur le papier, pour ne pas faire de redite avec tout ce qui a été fait, il manque de la cohérence dans la mise en scène.

Anus Bis

Ce manque de rigueur sur la mise en scène empêche de pleinement rentrer dans le film. C’est un peu comme une invitation à vivre une expérience, puis au bout d’un moment, on te laisse sur le bas-côté pour que tu regardes les copains jouer. Cette idée ne marche pas et porte même préjudice au film. Tout comme sa créature finale dont le design est absolument immonde. Alors il est intéressant de mettre en avant un Dieu égyptien, et de s’amuser avec sa mythologie (comme la pesée des âmes), encore faut-il qu’il ait de la gueule. Et là, on fait face à un mauvais monstre de jeu vidéo, animé avec le cul. Les séquences où ils bougent sont affreuses, et les gros plans sont encore pires, offrant une vieille cinématique à deux balles. C’est dommage, il y avait certainement matière à faire plus sale, plus lugubre et peut-être plus sobre.

Au final, Pyramide est un film d’horreur qui était déjà en retard sur son époque lors de sa sortie en salle, et il ne gagne pas de galons avec les années. Désuet, sans moment poignant, porté par des personnages binaires et doté d’une mise en scène incohérente, cette première expérience de réalisation pour Grégory Levasseur se solde par un cuisant échec. Alexandre Aja ne pourra rien y faire, tout comme les acteurs qui sont investis mais ont des personnages trop caricaturaux. Ce n’est pas avec ce métrage que l’on aura un bon film d’horreur se basant sur les croyances égyptiennes…

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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