avril 19, 2024

L’Homme de la Cave – Pépère Austère

De : Philippe Le Guay

Avec François Cluzet, Jérémie Renier, Bérénice Bejo, Jonathan Zaccaï

Année : 2021

Pays : France

Genre : Thriller

Résumé :

A Paris, Simon et Hélène décident de vendre une cave dans l’immeuble où ils habitent. Un homme, au passé trouble, l’achète et s’y installe sans prévenir. Peu à peu, sa présence va bouleverser la vie du couple.  

Avis :

Philippe Le Guay est un réalisateur français qui a su se composer une jolie petite filmographie au cours de ces trente dernières années. S’il a commencé sa carrière discrètement, à partir des années 2010, il s’est fait plus marquant, avec des films légers qui ont très bien su trouver leur public. Ainsi, « Les femmes du 6e étage » ou encore « Alceste à bicyclette » ont tout deux eu de très jolis parcours avec plus de deux millions d’entrées pour le premier et plus d’un million pour le second. Par la suite, Philippe Le Guay nous aura offert le dernier rôle de l’immense Jean Rochefort pour le joli « Floride« .

Après une comédie agricole sortie en 2018, Philippe Le Guay commence cette nouvelle décennie en changeant de registre. Lui, qui depuis une belle vingtaine d’années nous offrait des films légers, revient cette année avec un drame qui a des allures de thriller. Retrouvant François Cluzet pour l’occasion, « L’homme de la cave » est un film plutôt original, qui s’inspire d’une histoire vécue par des amis du réalisateur. Or, si l’idée est bonne, voire même excellente, une fois transposée à l’écran, malgré une bonne tension et une réflexion intéressante, « L’homme de la cave » laisse une impression mitigée au final, nous laissant finalement sur notre faim.

Paris, Simon et Hélène sont un couple sans histoire qui, pour rénover leur cuisine, décident de mettre en vente l’une de leur cave. Après avoir vu quelques acheteurs, ils décident de faire affaire avec M. Fonzic, un homme d’une soixantaine d’années, ancien professeur d’histoire qui est à la retraite. Fonzic veut y entreposer des archives et au-delà de ça, l’homme semble on peut plus correct. Ce que Simon et Hélène n’avaient pas prévu, c’est que Fonzic n’avait absolument pas l’intention d’entreposer des archives, non, l’homme veut habiter dans cette cave, et plus Simon fait des recherches sur Fonzic, plus il va découvrir un homme glaçant.

Parmi les sorties cinéma de ce mois d’Octobre 2021, je dois bien avouer que le dernier film de Philippe Le Guay était de ceux qui m’attiraient le plus, car son intrigue était d’emblée prenante, puis derrière ça, j’étais on ne peut plus curieux de voir ce que pouvait donner le réalisateur quand ce dernier décide de prendre des risques et de sortir de sa zone de confort. « L’homme de la cave« , comme je le disais, avait tout pour faire un bon thriller. L’idée est là et elle est très bonne, les acteurs y sont tous excellents et ce casting est plus qu’alléchant. De manière générale, Philippe Le Guay ne s’en sort pas trop mal dans ce changement de style pour lui, son film tenant une bonne ambiance et il arrive à nous tenir attentif jusqu’à sa fin. Bref, tous les ingrédients sont là et pourtant, il manque cruellement quelque chose à cet « … homme de la cave » pour totalement nous embarquer et cela vient de plusieurs petits détails, qui mis bout à bout, finissent par abîmer l’ensemble.

D’un côté « L’homme de la cave« , c’est un bon scénario, enfin, du moins dans son fil rouge et dans ce qu’il soulève comme interrogations. Philippe Le Guay gère bien son intrigue, laissant s’immiscer cet homme au sein de ce couple et de cet immeuble. Dans son écriture, « L’homme de la cave » s’aventure sur le passé des personnages et ce qui définit (ou pas) une personne. Héritage, haine, amour, peur, interrogations, vérité, mensonges et faux semblants font très bon ménage et au fur et à mesure que l’emprise de cet homme agit, il est intéressant, voire même passionnant, de voir comment ce couple si parfait en apparence s’avère fragile dans ses fondations. De plus, toujours dans les bons points, il est aussi intéressant de voir comment les rôles entre victimes et « bourreaux » peuvent être très facilement inversés, se cachant derrière les lois et « le légal ».

Bref « L’homme de la cave » à vraiment de quoi séduire, mais pourtant, malgré ça, le scénario de Philippe Le Guay, sur certains de ses côtés, laisse une sensation d’inachevé, et plus largement au détour de certains de ses rebondissements, ou de ses obsessions, le film a du mal à nous convaincre. Ainsi, parfois, on se demande où veut nous emmener son cinéaste et quel est le véritable sujet de son film. « L’homme de la cave » a tendance à s’éparpiller, et sous couvert d’approfondir son intrigue et ses personnages, Philippe Le Guay ouvre certaines portes, mais jamais il ne les franchit vraiment pour voir ce qu’il y a derrière. Non, il ne fait que jeter un rapide coup d’œil et à force d’hésitation et de proposition, « L’homme de la cave » finit par nous laisser sur notre faim.

Et ce sentiment est dommage, car en changeant de genre, Philippe Le Guay, dans sa mise en scène et l’ambiance que tient son film, épouse bien le thriller et il arrive dans un sens à bien faire monter sa tension.

Un sentiment qui est aussi dommage face au très bon casting, enfin surtout à ce face-à-face entre un Jérémie Renier juste, qui s’enfonce petit à petit, et un François Cluzet glaçant, qui est à contre-emploi de ce qu’il livre ces derniers temps. Cluzet compose un personnage infâme et particulièrement intéressant, car il ne cesse de se planquer derrière les lois pour hurler qu’il est une victime, et qu’il a le droit à la parole. Après, on sera étonnamment moins convaincu par le personnage tenu par Bérénice Bejo, car si l’actrice est très bien, son personnage manque de consistance et donne l’impression d’être bien vite obsédée. Idem pour le personnage tenu par Jonathan Zaccaï, qui sera même un poil agaçant. Quant à la jeune Victoria Eber, si elle est excellente, son personnage manque de surprise et s’avère assez cliché.

« L’homme de la cave » avait bien des arguments pour nous faire passer un bon petit moment de cinéma entre noirceur et paranoïa, malheureusement, le film de Philippe Le Guay, malgré qu’on y passe un moment relativement intéressant et prenant, n’arrive jamais pleinement à aller jusqu’au bout de lui-même et entre ses défauts et ses qualités, on en ressort assez déçu, et surtout avec ce sentiment de clairement rester sur notre faim.

Note : 10/20

Par Cinéted

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