mai 2, 2024

Iron Maiden – Senjutsu

Avis :

Il est toujours très compliqué d’aborder un nouvel album en provenance d’un groupe de légende. Car il y a plusieurs pièges dans lesquels on peut tomber. Par exemple, celui du fan de base, qui ne va voir que le bon dans l’album, ignorant volontairement tous les poncifs et les ratés. A contrario, il y a ceux qui vont être durs, car leur attente est grande et exigeante. Comment se placer lorsque l’on fait face au dix-septième album d’Iron Maiden, Senjutsu ? Les britanniques refusent de se reposer sur leurs lauriers, ont toujours soif de nouveautés et veulent continuer à fournir de la nouvelle matière à leurs fans. Une initiative louable, qui permet à la formation, stable depuis 1999, d’offrir des albums toujours plaisants et d’une qualité technique indéniable. Six ans après The Book of Souls, Iron Maiden était attendu au tournant et le résultat est très satisfaisant.

Enregistré en 2019 lors d’une pause sur la tournée Legacy of the Beast pour cause de pandémie, Senjutsu va permettre au groupe de se recentrer et d’écrire un peu plus précisément ses nouveaux morceaux. De ce fait, on aura droit à un double album riche, d’une grande durée. L’effort commence avec le titre éponyme de l’album. Et le groupe de nous balancer un premier titre de plus de huit minutes d’une belle densité et qui va nous montrer à quel point la formation est en forme. Bruce Dickinson est en pleine possession de ses moyens et délivre un chant juste, alors que les trois guitaristes se passent la balle pour échanger quelques solos par-ci, par-là. Pas de doute, Iron Maiden maîtrise son Heavy sur le bout des ongles et suscite un engouement rare de nos jours. Surtout sur un genre qui fonctionne, mais qui se fait vieillissant et redondant.

En abordant Stratego, les anglais reviennent à quelque chose de plus simple et de plus pur. Moins long (ici, on dépasse à peine les quatre minutes), le titre se veut plus percutant, plus rapide, mais surtout plus efficace. Les riffs accrochent dès le coup de canon qui marque le début, pour ne plus nous lâcher jusqu’à son final. On va alors se rendre compte que le groupe n’est jamais aussi meilleur que sur des morceaux plus concis. En renouant avec leurs premiers albums qui, rappelons-le, duraient moins de quarante minutes, le groupe fait preuve d’une plus grande efficacité. Pour autant, les longs titres ne sont surtout pas à jeter. The Writing on the Wall en est un parfait exemple. Plus doux que le reste de la playlist, il demeure un titre à la structure protéiforme alléchante et aux élucubrations Blues/Country très attrayantes.

Rajoutons à cela un refrain ultra entêtant qui ne s’oublie pas et les britanniques ne se sont pas trompés en utilisant ce morceau comme premier tube pour vendre l’album. Par la suite, le groupe va tenter de changer un peu le cours des choses. Lost in a Lost World démarre presque comme une ballade, ce qui peut étonner, mais c’est pour mieux nous surprendre par la suite avec un morceau énergique et percutant comme les anglais en ont le secret. Cependant, si le titre est intéressant et bénéficie d’une longue structure qui monte petit à petit, il lui manque ce petit truc en plus pour qu’il reste en tête. Trop long, parfois trop complexe à appréhender, le morceau manque d’un soupçon de simplicité pour vraiment faire mouche.

Ce qui ne sera pas le cas avec Days of Future Past, rapide, renouant avec un passé pas si lointain, et démontrant les qualités d’écriture du groupe qui, encore une fois, démontre qu’il est peut-être plus talentueux dans les morceaux durant quatre/cinq minutes, plutôt qu’une dizaine. Mais la grandiloquence fait aussi partie intégrante du groupe, qui va se lâcher entre The Time Machine et le deuxième CD qui ne contient que des titres très longs. Darkest Hour est un titre très touchant et qui va montrer une nouvelle facette du groupe. Si le Heavy est toujours sur le devant de la scène, on a droit ici à un moment gracieux et d’une rare beauté. Un titre à écouter les yeux fermés. Et quel solo ! Peut-être bien l’un des meilleurs titres de cet album. Pour les trois derniers morceaux, Iron Maiden se met en mode roue libre.

Death of the Celts dépassera allègrement les dix minutes pour nous offrir un spectacle grandiose et puissant, qui sera peut-être à contre-emploi dans la thématique du Japon médiéval, mais qui reste un gros morceau de l’album. The Parchment (plus de douze minutes !) va peaufiner son ambiance en utilisant des sons égyptiens pour mieux nous imprégner d’un univers particulier. Le titre est long, mais il ne suscite jamais l’ennui grâce à une montée constante et une construction complexe mais très accessible. Enfin, Hell on Earth (plus de onze minutes !) termine ce double-album de la plus belle des façons, en parfaite synthèse de tout ce que l’on vient d’écouter. Redonnant d’ailleurs un petit coup de fouet à l’ensemble, nous donnant envie de nous y replonger ardemment. Seul bémol sur cet effort, la sensation d’un thème peu utilisé, voire pas du tout exploité, alors qu’il aurait pu donner des titres superbes.

Au final, Senjutsu, le dernier bébé de chez Iron Maiden, est une grande réussite. Qu’on le veuille ou non, les vieux briscards ont toujours le feu sacré en eux et font la nique à tous les jeunes groupes de Heavy d’aujourd’hui. Sans complexe, cherchant toujours la grandiloquence, mais aussi l’efficacité, la formation prouve sa grande forme et se permet de délivrer un double-album qui ne faiblit jamais et ne suscite aucun vrai point faible. Le respect est total.

CD1

  • Senjutsu
  • Stratego
  • The Writing on the Wall
  • Lost in a Lost World
  • Days of Future Past
  • The Time Machine

CD2

  • Darkest Hour
  • Death of the Celts
  • The Parchment
  • Hell on Earth

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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