décembre 9, 2024

City of Lies – Notorious B.I.G. ou 2Pac?

De : Brad Furman

Avec Van Epperson, Johnny Depp, Forest Whitaker, Toby Huss

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame, Biopic, Policier

Résumé :

L’intrigue suivra Russell Poole, célèbre pour avoir tenté d’élucider le mystère de la mort des deux stars du rap 2Pac et Notorious B.I.G.

Avis :

Brad Furman est un réalisateur américain dont j’aime bien le cinéma. Il faut dire que le metteur en scène a créé une bien belle surprise en 2011 avec « La défense de Lincoln« , film qui avait ramené Matthew McConaughey sur le devant de la scène. Depuis ce film, Furman a enchaîné les bons projets et parmi ceux-là, il y en avait un qui m’intéressait tout particulièrement. Un film qui est aujourd’hui tourné et monté depuis plus de trois ans. Un film qui est ainsi bloqué dans le tiroir depuis 2018 et qui, même s’il est présenté au Festival de Deauville, n’a pas encore de date de sortie. Ce film, c’est « City Of Lies« , un film qui revient sur le meurtre de Notorious BIG.

Je l’aurais attendu presque amoureusement ce film. J’ai même cru qu’il ne verrait jamais le jour, qu’il allait rester dans les tiroirs à jamais, et finalement, Johnny Depp étant en « voie » de réinsertion, si l’on peut dire, voici que « City Of Lies » se dévoile et cette attente valait amplement le coup.

Très différent de ce à quoi je m’attendais, assez facile dans un sens, notamment au niveau de sa construction scénaristique, « City Of Lies » n’en demeure pas moins un film excellent, et même passionnant, politique et engagé. Puissant et terrible à la fois, dur, triste, injuste, et en même temps « kiffant » de bout en bout, « City Of Lies » se pose même comme le meilleur film de son réalisateur à ce jour.

1997, dix jours après le meurtre de Christopher Wallace, alias Notorious BIG , Russel Poole est envoyé sur une affaire d’homicide entre deux policiers infiltrés. Poole ne le sait pas encore, mais ce meurtre va emmener son enquête sur l’affaire Christopher Wallace, et sa vie va en être bousculée à jamais.

En 1997, le monde du rap fut bouleversé en l’espace de quelques mois avec les meurtres de Tupac et Notorious BIG, et ces deux meurtres n’ont jamais été résolus.

Pour son cinquième film, Brad Furman a décidé de se lancer dans un film qui interrogerait ces morts et plus particulièrement celle de Notorious BIG. Ainsi, pour raconter cette enquête, le réalisateur s’est intéressé à une théorie, celle d’un inspecteur de la police de Los Angeles, un certain Russell Powell, qui est arrivé sur cette enquête de manière hasardeuse.

Tenu par un scénario excellentissime, « City Of Lies » est un film tout simplement passionnant. Passionnant dans son enquête, passionnant dans ce qu’il raconte de la police, du milieu du rap, du journalisme, et plus largement de la politique, car avec ce film, Brad Furman livre là un film qui dénonce aussi bien la corruption dans la police que la fracture entre les services de police et la population, ou encore les retentissements de l’affaire Rodney King qui a grandement abîmé et fragilisé l’image de la police aux Etats-Unis, et encore plus à Los Angeles.

Construit sur une base un peu facile, voire même déjà vue, puisque l’une des ficelles du scénario s’appuie sur un journaliste qui, pour les vingt ans de ces affaires, s’apprête à publier un article. Pour cela, il lui faut replonger dans l’affaire et qui de mieux pour raconter cette affaire que l’un des enquêteurs, aujourd’hui retraité. Ainsi, avec cette trame, « City Of Lies » sera fait d’allers/retours entre le présent et le passé. Certes, cette façon de faire est facile et loin d’être neuve, mais Brad Furman l’emploie de manière diablement efficace.

Ainsi, on sera passionné par les détails de l’affaire, par les indices, les preuves, les incohérences ou encore les concours de circonstances qui sonnent parfois comme très « gros ». L’affaire est complexe, et plus la théorie de cet inspecteur se solidifie, plus cette dernière devient intéressante et surtout elle devient brûlante. Bien sûr, Brad Furman explore une théorie, et il y a en a d’autres, mais celle-ci est vraisemblable, même si elle garde aussi sa part de mystère, ce qui rend le film encore plus prenant et efficace. En plus d’évoquer la corruption au sein de la police, en plus d’évoquer le racisme, « City Of Lies » est un film qui parle très bien d’une époque, et la peinture que son réalisateur en fait est là encore passionnante. Et d’ailleurs, même si c’est lointain, beaucoup de ces sujets sont tout à fait d’actualité.

L’autre efficacité de « City Of Lies« , c’est la mise en scène de Brad Furman, qui nous entraîne là dans un vrai film d’enquête. Nerveux quand il le faut, prenant son temps pour poser ses ambiances, ses intrigues ou encore pour présenter ses personnages, Brad Furman livre un film qui, plus il avance, plus il se fait bon. Le réalisateur nous accroche, avec sa plongée au cœur des années 90, avec la reconstruction du meurtre de Notorious BIG, il nous accroche partout où il s’aventure, car chacune des décisions qu’il prend sert encore et toujours à essayer de s’approcher de la vérité. On sera aussi étonné de trouver un film qui est loin des clichés habituels, proposant une enquête plus « posée », plus dans la réflexion et le questionnement que dans l’action. Bien entendu, « City Of Lies » tient une BO terrible, qui est un petit best of rap de cette époque-là. Bref, c’est que du bon.

Moins grimé que d’ordinaire, plus posé, moins expansif, avec le rôle de Russell Poole, Johnny Depp revient en très grande forme, trouvant là son meilleur rôle depuis « Strictly Criminal« . Le comédien est passionnant dans la peau de cet inspecteur obsédé par la quête de vérité. Intéressant de bout en bout, il sait aussi se faire touchant, et l’on se plaît à voir par exemple sa relation de « boulot » se développer avec un excellent Forest Whitaker. À noter dans les rôles marquants celui de Shamier Anderson, Neil Brown Jr., ou encore Amin Joseph qui sont quelques-uns des suspects. Puis une très belle mention à une scène incroyablement belle, dure, triste et tendre entre Johnny Depp, Forest Whitaker et Voletta Wallace qui n’est autre que la propre mère de Notorious BIG.

« City Of Lies » se dévoile enfin sur quelques grands écrans et c’est vraiment dommage qu’il soit sûrement privé de sortie en salle, car à bien des arguments, à des bien des scènes et des idées, « City Of Lies » se pose comme un petit bijou passionnant de bout en bout. Œuvre évidemment politique, cinéma qui dresse un constat compliqué, cinéma aussi engagé, social, que divertissant, « City Of Lies » se pose même comme le meilleur film de son réalisateur. Quand celui-ci sortira au cinéma ou en DVD, il ne faudra pas le manquer.

Note : 16/20

Par Cinéted

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