avril 20, 2024

Dead Man Talking

De : Patrick Ridremont

Avec Patrick Ridremont, François Berléand, Virginie Efira, Christian Marin

Année : 2013

Pays : Belgique, France, Luxembourg

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

20 h. Une prison quelque part. William Lamers est condamné à mort. La loi ne précisant pas la longueur de sa dernière déclaration, il va profiter de ce vide juridique pour dérouler le fil de sa vie afin d’échapper à la sentence. Son exécution qui ne devait être qu’une formalité va alors devenir le plus incroyable des enjeux politique et médiatique.

Avis :

Aujourd’hui, au rayon des noms inconnus, on s’arrête sur Patrick Ridremont, acteur et réalisateur belge, qui fut marié à Virginie Efira dans les années 2000. Patrick Ridremont est un touche à tout, qui oscille très aisément entre scénariste et metteur en scène. Il fait du One Man Show, il écrit pour des comiques, c’est lui qui a écrit par exemple le deuxième spectacle de Virginie Hocq. Au début des années 2000, il passe devant la caméra et il commence une petite carrière où il enchaîne quelques petits rôles, notamment chez François Girod ou Jean-Paul Lilienfeld. Vers la fin des années 2000, il devient professeur à l’université de Bruxelles.

Avec toutes ces cordes à son arc (et encore on n’a pas parlé de son titre de champion du monde d’improvisation, décroché à Montréal en 1999), il fallait bien à un moment ou un autre que Patrick Ridremont se laisse séduire par la réalisation. Ainsi, c’est en 2013 que l’homme passe derrière la caméra, pour un premier film qui est une surprise totale. Un premier film brillant et passionnant, qui se fait aussi drôle que critique, percutant, fort et touchant. Passé quelque peu inaperçu, oublié depuis, « Dead Man Talking » mérite un joli coup de projecteur tant le film de Patrick Ridremont est une petite bombe.

William Lamers, la trentaine bien passée, est condamné à mort et ce soir-là, c’est « le grand soir », à 20h, c’est-à-dire que dans quelques minutes, il sera exécuté par injection. Ce soir-là, hormis un journaliste, personne n’est venu le soir. Au moment fatidique, alors que le garde lui demande si William a une dernière parole à prononcer, l’homme se met alors à parler. La loi est très précise dans ce cas-là, William ne peut être exécuté avant d’avoir fini de parler, et si jamais à minuit, il n’est pas mort, l’exécution sera remise au lendemain. Lui, que personne n’était venu voir mourir, va alors faire l’objet de toutes les attentions et au fur et à mesure des jours, il va même devenir aussi bien un enjeu politique qu’un symbole.

Ce que j’aime dans le cinéma, c’est cette façon qu’il a de pouvoir surprendre à des moments où l’on s’y attend le moins et clairement ce « Dead Man Talking« , même si l’idée me plaisait beaucoup, c’était surtout un film qui m’avait donné envie de m’y arrêter grâce à son casting, qui réunit ni plus ni moins que Virginie Efira, le trop rare Jean-Luc Couchard et le râleur de première François Berléand, en directeur de prison dépassé par les évènements, et je l’imaginais déjà livrer l’excellent show dont il a le secret. Mais voilà, ce premier film de Patrick Ridremont, qui s’est aussi donné le premier rôle, puisque c’est lui qui incarne William, le condamné à mort, m’a offert bien plus que je n’aurais pu l’imaginer.

Oscillant entre le drame et la comédie, tenant un sujet très sérieux, Patrick Ridremont arrive à s’amuser avec, tout en nous emmenant vers un bouleversement. La film est bourré d’idées, que ce soit dans la mise en scène ou dans son intrigue. Une intrigue qui se fait politique, pour un film qui dénoncera bien plus l’hypocrisie des hommes politiques, plus que de livrer un pamphlet pour ou contre la peine de mort, « Dead Man Talking« , en mélangeant tout ceci et bien plus encore, s’est imposé d’emblée comme un grand film, qui aura su me tenir de bout en bout.

Écrit par Patrick Ridremont, « Dead Man Talking » est un film intelligent dans ce qu’il raconte, avec l’histoire de cet homme qui repousse encore et toujours son injection mortelle. Tenant une idée de départ terrible, Patrick Ridremont livre un scénario qui va toujours plus loin. Un scénario qui ne cesse de se réinventer, apportant toujours un plus qui fait que jamais la tension et l’attention ne redescendent. Décrivant très bien ses personnages, décrivant parfaitement leur ambition, distillant petit à petit des éléments attachants, jouant avec son univers pour livrer quelque chose de décalé, ce qui lui donnera encore plus de caractère, Patrick Ridremont sait parfaitement comment nous tenir et à l’image finalement de ce Talk Show télé indécent (de ce côté-là, le réalisateur pointe du doigt la télé-réalité) qu’un politique mettra en plus, l’histoire et la destinée de cet homme nous tiennentt en haleine, et l’on reste pendu au film, se demandant jusqu’où « Dead Man Talking » ira et comment cette histoire va se conclure. Et toutes les promesses que l’intrigue fera au fur et à mesure seront tenues, et l’on quittera « Dead Man Talking » avec l’envie d’ores et déjà d’y revenir.

Ce qui fait que le film de Patrick Ridremont marque, c’est aussi grâce à son ambiance. Tout comme son scénario, « Dead Man Talking » est bourré d’idées dans sa mise en scène et cette dernière tient un sacré cachet. Il y a une pâte aussi étrange qu’inhabituelle, ce qui rend le film passionnant dans son imagerie. « Dead Man Talking« , c’est aussi bien un huis clos qu’un drame, un film à tension (une tension qui ne cesse de grandir d’ailleurs), qu’une comédie jouissant d’un humour belge terrible, ou encore un film qui a une belle portée psychologique, parfois même métaphysique, nous offrant de magnifiques évasions en dehors de cette salle d’exécution. Le tout est accompagné d’une bande son absolument géniale, qui habille le film à merveille. Une bande son qui souligne parfaitement les moments importants de l’histoire, et les actions ou réflexions de ses personnages.

Personnages terribles d’ailleurs tenus par des comédiens parfaits dans leurs rôles. Ainsi, on citera Virginie Efira terrible en dircom prête à tout pour faire élire son gouverneur. François Berléand, qui tient un personnage assez étonnant, tout comme Denis Mpung dont l’histoire offre une direction très touchante. Jean-Luc Couchard en gouverneur débile au possible est jouissif. Mais il est vrai qu’au-dessus de tout ce petit moment, il y a Patrick Ridremont qui en condamné à mort qui se sauve chaque soir, en racontant son histoire, est bouleversant. Comme le dit l’un des personnages, il raconte si bien son histoire et l’on reste pendu à ses lèvres.

Je m’attendais à passer un petit moment somme toute sympathique devant ce petit film perdu caché dans l’ombre et finalement, je me suis retrouvé dans un film incroyable. Un film passionnant, qui part d’une idée aussi terrible que géniale et qui oscille entre le drame et la comédie décalée, s’est posé comme un grand film qui pointe la folie humaine, la bêtise et l’hypocrisie de certains. Passionnant de bout en bout, ce premier et seul film à ce jour de Patrick Ridremont est une réussite totale. Et comme je le disais, j’ai d’ores et déjà envie de m’y replonger, car l’intrigue, tout comme la mise en scène, est si riche, que je suis certain qu’elle ne m’a pas livré tous ses secrets en une projection. Bref, inconnu, perdu dans les dédales du cinéma, « Dead Man Talking » mérite un grand coup de projecteur !

Note : 17/20

Par Cinéted

Une réflexion sur « Dead Man Talking »

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