Avis :
Tenir un groupe sur de nombreuses années est parfois un chemin de croix. Entre des disputes qui peuvent survenir, des membres qui vont faire des dérives, des décès ou encore des divergences musicales, il n’est pas aisé de garder une formation jusqu’au bout. Et même les plus grands groupes ont connu des changements majeurs. Néanmoins, les changements de line-up alimentent les ruptures totales et peu de groupes tiennent la route après plusieurs départs. Ce fut le cas de Kenziner qui, en 1999, a vu tout le monde se barrer, sauf le guitariste. Il va en résulter un split durable, et c’est en 2012 que le groupe revient, avec seulement le guitariste comme membre d’origine. Comme si cela ne suffisait pas, en 2018, rebelote, trois membres quittent le navire, deux claviéristes et le chanteur. Il faut alors tout refaire pour le groupe finlandais.
Recrutant alors un nouveau chanteur et un nouveau claviériste, Jarno Keskinen, guitariste de Kenziner depuis le début, va pouvoir travailler à nouveau sur un nouvel album, Phoenix. Quatrième album pour le nom du groupe, on va trouver ici un mélange très simple de Power, de Heavy, avec une pointe de métal néoclassique. On pourrait alors croire à quelque chose de grandiloquent, mais finalement, Phoenix sera un album assez classique, peut-être même trop, manquant d’originalité et de personnalité. Pourtant, la formation évite gentiment l’introduction gargantuesque. Eye of Horus démarre sur les chapeaux de roues et délivre des riffs puissants et vifs. Le chant, bien que classique pour le genre, se marie assez bien avec le reste et permet alors d’offrir un titre plaisant et entrainant. Alors certes, on remarquera déjà quelques scories redondantes, mais on sent que le groupe en a sous la pédale.
D’ailleurs, il va délivrer une belle proposition avec Listen to the Devil. Assez court pour du Heavy, le morceau va aller à l’essentiel et pousser tous les curseurs vers le Speed. Le refrain n’est pas en reste, rentrant directement en tête et laissant un bon goût de reviens-y. Le groupe ne se laisse pas abattre par la suite avec Shadow of the Moon, qui démarre à toute berzingue pour mieux nous laisser sur le carreau. C’est rapide, carré d’un point de vue technique et finalement, le seul obstacle à une expérience optimale, c’est le thème qui n’est pas assez visité. En effet, le groupe aborde la mythologie égyptienne, mais rien ne laisse transparaître des élans orientaux dans les sonorités. Pire, le titre tombe dans certains travers pénibles propres au Heavy/Power, des orchestrations trop grandiloquentes qui n’ont pas vraiment d’intérêt par moment. Et c’est le cas ici…
L’autre défaut que l’on va pouvoir trouver au sein de l’album, outre son absence de travail sur l’ambiance de la thématique principale, c’est que tout se ressemble un peu. Certes, les finlandais balancent la sauce, à un tel point que cela peut faire la différence dans un genre sclérosé, mais pour autant, certaines pièces ont du mal à exister. Tears of Destiny et son clavier omniprésent qui ressemble à une sonnerie de téléphone manque de répondant. The Mirror, malgré des fulgurances Speed et une rythmique endiablée, manque de personnalité et de moments percutants qui restent en tête. Ce constat, on va le faire tout au long de l’album, en se disant que c’est franchement pas mal, mais que tout cela serait mieux si ça ne ressemblait pas à tel ou tel groupe.
Même Osiris Rising, pourtant même rapide que les autres, manque d’ajouts entêtants. Alors que c’est un des rares morceaux à utiliser des sonorités égyptiennes. La suite sera du même acabit. Des titres plaisants, rapides, avec des riffs bien placés, mais qui manquent de personnalité. Curse of the Pharaoh est bien sympathique, avec un chanteur qui se permet plus de variations dans sa voix, mais globalement, on reste dans quelque chose de très calibré. To Hell and Back nous permet de sortir un peu la tête de l’eau, avec une rythmique plus lente, et un genre qui lorgne grandement vers un Hard plus classique. C’est efficace et ça fonctionne plutôt bien. Phoenix Rising ressemblera à tous les autres morceaux de l’album, mais il y a aura un petit moment agréable dans le refrain. Enfin, The Miracle permettra de terminer en douceur, avec une ballade et un joli solo qui fait… hispanique…
Au final, Phoenix, le dernier effort en date de Kenziner, est un bon album. Malgré son aspect calibré, malgré une certaine redondance dans les rythmiques et le style, on trouve de bonnes choses au sein de cet opus. Les rythmiques rapides et puissantes changent un peu du tout-venant Heavy qui parfois se contente de singer ses pairs. Ici, les finlandais infusent un peu de Speed, quelques touches de Power et des éléments de Prog pour mieux nous surprendre sur la nervosité de l’ensemble. Il est juste dommage que le thème égyptien ne soit pas plus utilisé et qu’au final, l’album manque d’identité propre.
- Eye of Horus
- Listen to the Devil
- Shadow of the Moon
- Tears of Destiny
- The Mirror
- Osiris Rising
- Curse of the Pharaoh
- To Hell and Back
- Phoenix Rising
- The Miracle
Note : 13/20
Par AqME