mars 28, 2024

Bloody Waters

Titre Original : Dinoshark

De : Kevin O’Neill

Avec Eric Balfour, Iva Hasperger, Aaron Diaz, Humberto Busto

Année : 2010

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

A la suite de la fonte des glaces, une étrange créature mi-requin, mi-dinosaure s’échappe de là où elle était prise au piège depuis des millions d’années. En grandissant, elle devient une bête féroce et sanguinaire qui sévit sur les côtes mexicaines.

Avis :

Les films d’horreur se divisent en plusieurs catégories. Si on connait tous les slasher, le torture-porn ou encore le film d’épouvante, il y a un sous-genre qui revient beaucoup, le survival animalier. Enfin, survival est à mettre entre guillemets suivant la bestiole, comme par exemple le requin. Le Shark Movie est un genre à part entière et c’est peut-être le prédateur le plus mis en avant dans le cinéma d’horreur, et le navet. Car force est de constater que le squale n’a pas toujours les ailerons dans le vent. Bien au contraire, les bons films de requins se comptent sur les doigts d’une main et on aura plus de mal à faire les comptes sur des navets imbuvables. Des requins fantômes, des requins possédés, des requins avec plusieurs têtes, on a même eu droit à des requins atomiques… Alors qu’est-ce qu’un requin préhistorique ?

Bouffez-moi les yeux

Avant de clairement commencer cette chronique, il faut avouer une chose, on s’est bien fait avoir par la pochette française du produit. Plutôt joli, le titre est mystérieux, les images choisies pour illustrer le film sont plutôt bonnes et on nous vante Eric Balfour dans le rôle principal. On est loin de s’imaginer qu’il s’agit d’un gros navet aux images pixelisées. Grand mal nous a pris de jeter notre dévolu sur ce film qui est tout sauf du cinéma. Ni même un nanar par ailleurs, puisqu’ici, Kevin O’Neill, le réalisateur, est pleinement conscient de ce qu’il a entre les mains et Bloody Waters remugle plus le cynisme que la fausse manipulation qui se voulait sérieuse à la base. Pour autant, le ton est donné dès l’introduction du métrage.

On assiste, impuissant à un stock shot de la banquise qui se brise, puis à un effet numérique désuet pour montrer l’échappée d’un requin préhistorique. Le cinéaste balance dès le départ toutes ses cartes pour nous cracher à la gueule. Effets numériques désuets, incrustation maladroite, images issues de documentaires libre de droits, bref, on va très vite savoir que l’on met les pieds dans une immense flaque de merde. Et cela va se confirmer avec les premières vraies images tournées. La caméra bouge dans tous les sens, elle est trop proche du premier acteur. Et surtout, il n’y a aucun travail sur l’étalonnage ou la lumière. On a l’impression de regarder un film amateur de pépé Maurice sur son voilier. Avec ces premières impressions, on sera très surpris de ne pas voir le logo de Asylum ou Syfy sur le boîtier, alors que le film en a tous les atours…

Pamphlet écologique ? Mon cul !

Ce qui est généralement assez marrant avec ce genre de productions, c’est que les scénaristes essayent toujours de mettre en avant un message fumeux concernant l’écologie. Les poissons sont gros et carnivores, c’est la faute à la pollution. Ce requin à dix-huit têtes, c’est certainement la faute à une entreprise qui a versé du fluor dans la flotte. On a toujours des excuses à la con. Dans les faits, cela ne sert à rien, puisque cet élan écologique n’est jamais exploité et tente juste d’excuser un scénario indigent. Avec Bloody Waters, on est un peu dans le même cas de figure. On tape sur le réchauffement climatique et la fonte des glaces pour libérer un super-prédateur, mais cela ne revient jamais dans le film. La profondeur n’est jamais présente et on sent que le film n’est là que pour montrer un semblant de tuerie.

Une tuerie qui arrivera très vite, à croire que le petit embryon du début ne mettra que quelques minutes pour avoir une taille adulte. Les attaques du requin seront répétées ad nauseam, tuant à tout va, sans limite de temps ou même d’espace. Un coup le squale est dans un canal, le plan d’après, il est en pleine mer, pour ensuite attaquer près du bord. La cohérence a foutu le camp et on se retrouve face à un film qui n’a clairement rien à foutre de ce qu’il propose. D’autant plus que les attaques sont toujours les mêmes, avec des gens qui se font attirer par le fond en hurlant, dans quelques gerbes de sang trop gentillettes. On aura droit aussi à l’attaque de l’hélicoptère, au bateau bouffé ou encore au héros qui va réussir son coup du premier coup pour sauver tout le monde.

Et tout le monde s’en branle

C’est naze dans tout ce que ça entreprend, ne faisant jamais peur et ne créant que très peu de gore. De ce fait, le film n’est jamais vraiment drôle, ni même effrayant. Il faut dire que le design du requin est ridicule et les effets spéciaux sont indignes. Ensuite, les personnages sont très mal écrits. On ne ressentira aucune empathie, et on aura même de l’antipathie pour certains d’entre eux, comme ce patron d’hôtel libidineux qui veut à tout prix chopper une jeune nana. Pire, les relations sont superficielles et ne servent à rien. Pour preuve, lorsqu’une fille de la bande est retrouvée morte déchiquetée, personne ne pleure et les réactions sont neurasthéniques. On sera plus triste nous, devant la déchéance de ce film, que les personnages. Ajoutons à cela des moments ringards comme la fusillade sur le requin avec des fusil à pompe qui font le bruit de mitraillettes…

Au final, Bloody Waters est une immense purge, et il n’y a pas besoin de plus épiloguer là-dessus. Navet qui pourrait provenir de chez Syfy ou The Asylum, le film de Kevin O’Neill est imbuvable à tous les niveaux. Cynique, moche et crétin, Bloody Waters ne possède strictement aucun bon point. Pas même celui de faire rire à un moment, car tout, absolument tout, est foiré dans ce métrage qui trompe la marchandise avec une jolie jaquette. Bref, comme le disait Jean-Pierre Coffe, c’est de la merde.

Note : 01/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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