Avis :
L’aventure de Belzebubs est un peu particulière. En effet, le groupe n’existe pas vraiment. A la base, Belzebubs est un webcomic qui va connaître un succès fou. Bande dessinée du finlandais JP Ahonen, le retentissement va être tel, qu’un format papier sera alors créé et disponible pour les fans, un peu partout en Europe et notamment en France. Chose encore plus drôle et qui montre le succès important de ce comic, un vrai groupe, à l’image du groupe fictif de la BD, va alors être crée. Si l’identité des membres est alors inconnue, un label va être intéressé par la démarche, Century Media. C’est alors qu’en 2019 sort un vrai premier album de Belzebubs, Pantheon of the Nightside Gods. Empruntant des looks et des gimmicks propres au Black finlandais (Emperor pour ne citer qu’eux), ce premier album, qui lorgne vers du Death mélodique est une belle réussite.
Le skeud débute avec Cathedrals of Mourning et c’est un sacré morceau. Démarrant de façon douce avec une orchestration mélodique, le groupe va alors partir vers ses atours Black où la double-pédale est reine. La voix du chanteur, tout en growl, est impressionnante et il se dégage du titre une sorte de force, de puissance, à faire trembler les murs, même ceux des cathédrales. L’entrée en matière force le respect et on sent que derrière ce projet atypique se cache certainement des musiciens de groupes plus ou moins connus. Néanmoins, la qualité est là et elle ne réduira pas avec The Faustian Alchemist. Le piano de départ laisse entrevoir une nervosité en latence, qui va vite surgir, tout en gardant une certaine mélodie. Alors certes, ça tabasse fort, mais il y a toujours, en arrière-plan, des chœurs qui donnent une atmosphère particulière à l’ensemble.
De plus, les riffs de grattes se partagent bien l’affiche, avec une partie lourde devant, et des riffs plus aigus en arrière. L’ensemble fonctionne à la perfection et même si le titre est plus direct que le précédent, cherchant moins la grandiloquence, il reste d’une efficacité redoutable. Blackened Call va mettre tout le monde d’accord. Premier tube avant même la sortie de l’album, le morceau est une flagrante réussite. Partant vers un Death mélodique du plus bel effet, le groupe s’abroge de certaines règles pour parfois s’adoucir, et d’autres fois partir vers des effets plus virulents. Le résultat est non seulement vivifiant, mais il démontre le talent technique des musiciens, qui enchainent les solos et semblent se régaler. Acheron va aller dans le même sens que le titre précédent. Le début est enchanteur, bucolique, puis le groupe trouve la ressource pour aller vers quelque chose de plus mélodique qu’à l’accoutumée.
C’est avec ce titre que l’on ressent le plus les références piochées. On y trouvera des éléments de At the Gates, voire même Dark Tranquillity, et l’ensemble est relativement savoureux. Il y a vraiment une alchimie magique qui se dégage de ce titre, à la fois entêtant et puissant, mainstream tout en gardant un aspect plaisant pour les rompus au style. Bref, c’est encore une fois une réussite. Par la suite, le groupe va un peu faire dans la redite, du moins d’un point de vue structurel. Nam Gloria Lucifer est très plaisant et détient un solo de folie, mais il est moins marquant que les autres morceaux. The Crowned Daughters va surprendre tout le monde avec du chant clair, qui reste perfectible, mais qui a pour lui d’amener un peu de douceur dans ce monde de brutes.
Et brutal est bien le mot qui convient le plus à Dark Mother, pièce maîtresse de l’album. Dépassant les neuf minutes, se déclenchant d’un coup dès le départ, on sent que Belzebubs a mis les bouchées doubles sur ce titre. Epique, violent, rugueux et pourtant facile d’accès, le morceau tient bien son statut de pierre angulaire d’un album déjà de très haute volée. Et pourtant, malgré toute la violence qui se dégage du morceau, on trouvera une orchestration magistrale en arrière-plan, donnant une épaisseur insoupçonnée au titre. Bref, c’est une belle réussite, qui tient sur toute sa longueur et ne suscite jamais aucun ennui. The Werewolf Bride fera partie des bons morceaux, mais qui seront un peu effacés par rapport au reste. Il n’en demeure pas moins un excellent titre, maîtrisé du début à la fin. Les trois derniers morceaux auront par contre une saveur particulière.
Pantheon of the Nightside Gods est un titre qui possède deux facettes. Il démarre sur les chapeaux de roues et nous met sur les rotules, avant de se terminer en moment éthéré, avec une orchestration symphonique à la fois sombre et douce. Une sorte de descente aux enfers suave et doucereuse, qui nous envahit petit à petit. Et les deux autres morceaux seront du même acabit. Nuns in the Purgatory et Maleficarum – The Veil of the Moon Queen Pt. 1 iront un peu dans le même sens, gardant dans les veines un côté Black pur jus et ses allusions à la religion, tout en donnant un sens tragique à cette fin. C’est beau, c’est envoûtant et ça fonctionne à plein régime.
Au final, Pantheon of the Nightside Gods, le premier « vrai » album de Belzebubs, est une franche réussite. Faisant des allers-retours entre Black et Death, le groupe se permet des incartades payantes pour plaire au plus grand nombre, néophytes fans de la BD et habitués des styles scandinaves dans le Black et Death. Il est assez intéressant de voir qu’un tel projet, qui pourrait être une vaste farce au départ, fait la nique à bien des groupes et s’impose comme un album imposant et factuellement réussi. On adore la démarche, faite avec amour et volonté.
- Cathedrals of Mourning
- The Faustian Alchemist
- Blackened Call
- Acheron
- Nam Gloria Lucifer
- The Crowned Daughters
- Dark Mother
- The Werewolf Bride
- Pantheon of the Nightside Gods
- Nuns in the Purgatory
- Maleficarum – Veil of the Moon Queen Pt.1
Note : 18/20
Par AqME