janvier 20, 2025

La Chambre du Fils

Titre Original : La Stanza del Figlio

De : Nanni Moretti

Avec Nanni Moretti, Laura Morante, Jasmine Trinca, Giuseppe Sanfelice

Année : 2001

Pays : Italie

Genre : Drame

Résumé :

Dans une petite ville du Nord de l’Italie, Giovanni mène une vie paisible, entouré de sa femme, Paola, et de ses deux enfants déjà adolescents : Irene, l’aînée, et Andrea, le cadet.
Giovanni est psychanalyste. Dans son cabinet qui jouxte son appartement, ses patients lui confient leurs névroses, tandis que sa vie privée est réglée par un tissu d’habitudes : lire, écouter de la musique et s’épuiser dans de longues courses à travers la ville.
Un dimanche matin, Giovanni est appelé en urgence par un patient. Il ne peut aller courir avec son fils, comme il le lui avait proposé. Andrea part plonger avec ses amis. Il ne reviendra pas…

Avis :

Forte et importante personnalité du cinéma italien et européen, Nanni Moretti est un cinéaste qui touche à tout. Réalisateur et acteur, Nanni Moretti est aussi scénariste, producteur, distributeur, et même directeur de salle, ayant racheté deux cinémas à Rome. Commençant dans les années 70, il lui faudra attendre les années 90 et son prix de la mise en scène à Cannes, pour éclater à l’internationale avec « Journal intime« . Depuis ce prix, chacun des films de Nanni Moretti est attendu par un certain public avec impatience et curiosité.

Présenté au Festival de Cannes qui est présidé cette année-là par la comédienne norvégienne Liv Ullmann, « La chambre du fils« , film donc de Nanni Moretti, fut sacré, décrochant la précieuse Palme d’Or. Aimant le cinéma de l’italien, très étrangement, je n’avais pas encore trouvé le temps de m’arrêter sur celui-ci et avec une telle récompense à la clef, je dois bien dire que je m’attendais à un cru exceptionnel, et si cette « … chambre du fils » demeure joli, il n’ira pas vraiment plus loin, tant finalement, malgré l’intime, malgré le drame vécu par ses personnages, j’ai eu la sensation de déjà connaître ce film par cœur. Non pas que le film de Nanni Moretti soit mauvais, loin de là, il est même assez touchant et se laisse gentiment regarder, non, le souci que j’ai eu face à ce film, c’est que finalement, j’ai déjà vu et revu cette histoire et je l’ai même déjà vu racontée de manière plus bouleversante.

Dans une petite ville en Italie, Giovanni, la quarantaine bien passée, mène une petite vie paisible, partagé entre sa famille et son métier de psychanalyste qu’il affectionne et exerce avec soin. Un dimanche matin, alors qu’il devait aller courir avec son fils, il se rend chez un patient qui l’appelle au secours. Profitant de l’absence de son père, Andrea, son fils adolescent, part faire de la plongée avec des amis et il ne viendra pas. Piégé dans une grotte sous-marine, le jeune garçon mourra noyé.

« La chambre du fils » est un film aussi joli qu’il est arrivé à se faire décevant, dans le sens où malgré ses qualités certaines (et le film en tient une belle tripotée) cette histoire de deuil m’a déjà été racontée et si l’on ajoute à cela le prix ultime de Cannes, le film de Nanni Moretti ne s’est pas révélé être à la hauteur des espérances et des désirs. Mais ça, c’est un avis tout fait personnel, car si l’on regarde bien, « La chambre du fils » est plutôt un bon et beau film. Le deuil, la perte d’un enfant, comment y faire face, comment vivre après pour ceux qui restent, et notamment les parents, dont ce n’est pas dans l’ordre des choses.

La principale qualité du film de Nanni Moretti, c’est l’intime que le réalisateur arrive à capturer. À mille lieues d’un tire larmes, à mille lieues de tout larmoyant, « La chambre du fils » est un film qui résonne comme juste et réaliste dans sa description du drame, et l’épreuve incommensurable du deuil. Les personnages que décrit le réalisateur, qui comme toujours est aussi l’acteur principal de son film, sont beaux. Il y a beaucoup de justesse dans leurs discussions, de ce qui peut leur arriver, dans leur façon de gérer l’après et le vide laissé. Mais si la description est juste, et l’atmosphère que dégage le film touchante, il faut dire aussi que « La chambre du fils » tient un scénario qui est assez plat.

Nanni Moretti livre un film qui est loin de tout tire larmes comme je le disais, mais à force de vouloir faire de « l’anti-pathos », le film a une tendance à tomber dans l’effet inverse, c’est-à-dire que si l’ensemble est touchant, « La chambre du fils » n’arrive jamais à se faire bouleversant. Ainsi donc, on suit ces personnages avec intérêt, mais on les suit aussi avec l’attente que le drame nous emporte et finisse par s’inscrire comme inoubliable, et ceci n’arrivera jamais. À cela s’ajoute aussi, comme je le disais plus haut, le fait que finalement, malgré toutes les qualités que peut tenir le film de Moretti, cette « … chambre du fils » souffre d’un effet de comparaison. Un film sur la perte d’un enfant n’a rien de vraiment « neuf », et cette histoire, on l’a déjà vu chez d’autres et de manière plus prenante. Çà et là, on peut citer des films comme « Tout sur ma mère« , « Je vais bien ne t’en fais pas« , « Au-delà de nos rêves« , « Rabbit Hole« , « Bobby seul contre tous » ou encore « Pour l’amour de Bennett » (pour ne citer que ces films-là), qui auront su fournir plus d’émotions que le film de Nanni Moretti.

Ce sentiment d’attendre d’être pris dans un tourment est d’autant plus dommage, car « La chambre du fils » est bien tenu par ses acteurs. On trouve ici un Nanni Moretti touchant et juste, et une Laura Morante comme toujours talentueuse.

Derrière l’écriture et les comédiens, il y a la mise en scène de Nanni Moretti, et si le film est globalement plat et très linéaire, ne sortant jamais de ce qu’on imagine qu’il va nous raconter, il faut toutefois souligner de belles idées de montage, notamment la scène où tout va se jouer. Ainsi que de très jolies scènes, où la douleur s’installe peu à peu chez ce père, pendant ces consultations qui le ramènent presque toujours à sa propre vie, et au moment qu’il est en train de vivre.

Je ressors donc assez dubitatif sur cette Palme d’or 2001, car si « La chambre du fils » demeure un joli film sur son ensemble, et qu’il se laisse gentiment regarder, il déçoit dans la façon dont il crée une attente d’émotion. Je reste aussi dubitatif sur cette récompense, car cette année-là, face au film de Nanni Moretti, on trouve quand même des films comme « La Chambre des officiers » de François Dupeyron, « Mulholland Drive » de David Lynch ou encore « The Barber » des frères Coen. Bref, quoi qu’il en soit, si j’en ressors quelque peu déçu, je ne regrette cependant pas de m’être arrêté sur ce Nanni Moretti qui, je le répète, sur son ensemble, demeure un joli petit film.

Note : 11/20

Par Cinéted

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