mars 28, 2024

17 Fois Cécile Cassard

De : Christophe Honoré

Avec Béatrice Dalle, Romain Duris, Jeanne Balibar, Ange Ruzé

Année : 2002

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Ce film dresse, à travers dix-sept moments clefs de sa vie, le portrait de Cécile Cassard, une femme qui tente de reconstruire sa vie.

Avis :

Christophe Honoré est un réalisateur dont j’aime énormément le cinéma depuis que j’ai découvert « Les chansons d’amour« . D’emblée, le film est entré dans mon panthéon des films qui m’ont fait le plus de bien. Depuis, j’ai découvert beaucoup de films du cinéaste, mais même s’il a été capable de m’offrir de très jolis moments de cinéma « Les biens-aimés« , « Non ma fille, tu n’iras pas danser« , « Plaire, aimer et courir vite« , ou encore « Chambre 212« , il est aussi un cinéaste qui est capable de beaucoup me décevoir et m’ennuyer.

Après une carrière d’auteur et romancier, après s’être illustré comme chroniqueur notamment au « Cahier du cinéma », Christophe Honoré commence les années 2000 en se lançant dans la réalisation. Si « 17 fois, Cécile Cassard » contient déjà beaucoup de ce qui fera le cinéma de Christophe Honoré, ce premier essai va bien avoir du mal à fonctionner. Se voulant chaud, décalé, voire même poétique, « 17 fois, Cécile Cassard » est tout l’inverse, se posant comme un film froid, plat, qui ennuie, et au-delà de ça, qui se fait déprimant. C’est bien simple, plus Christophe Honoré présente le personnage de Cécile, et moins on s’y attache, alors même que tous les ingrédients sont réunis pour livrer un joli drame. Bref, un premier essai qui se pose comme une première déception.

Cécile Cassard, la trentaine, vient de perdre son mari dans un accident. Mère d’un petit garçon, Lucas, ce décès violent et brutal détruit complétement Cécile qui ne voit aucune autre échappatoire pour guérir que de fuir sa vie, laissant derrière elle son fils à une amie. Conduisant sans but, elle arrive à Toulouse, où elle va faire la connaissance de Matthieu, un jeune homme frais et plein de vie…

Premier film de Christophe Honoré, « 17 fois, Cécile Cassard » est un film qui va traiter du deuil et de la reconstruction d’une femme à travers plusieurs moments (saynètes) de sa vie. Le deuil, la solitude, le rejet, la culpabilité, l’avenir, la volonté, autant de sujets et de sentiments qui vont être au cœur de cette histoire, et s’il est clair que « 17 fois, Cécile Cassard » tient de très jolis moments pleins de charme et de poésie, sur son ensemble, ce premier film manque cruellement de vie et d’intérêt. Il y a quelque chose avec ce premier film qui sonne faux et surjoué. Alors que l’idée de départ est touchante (même si elle est loin d’être neuve), que ce soit dans le jeu de ses comédiens, dans les idées de ses scènes, ou dans l’ambiance générale de son film, « 17 fois, Cécile Cassard » a franchement du mal à émouvoir et ça, à plus d’un titre.

Si l’on va chercher du côté de l’écriture et de ce que veut raconter Christophe Honoré, l’ensemble n’est pas vraiment clair. L’idée de faire un ensemble de saynètes qui vont peindre son personnage, l’état émotionnel dans lequel elle se trouve ou encore petit à petit, sa reconstruction, est bonne et intéressante sur le papier, une fois passé à l’écran, c’est assez lourd, et ces rencontres ont bien du mal à fonctionner. De plus, l’ensemble manque d’émotion. Alors qu’il y a beaucoup d’éléments pour toucher le spectateur, Christophe Honoré enferme son personnage dans une déprime qui va être communicative. S’il y a bien quelques scènes qui vont injecter de la vie (on pense à une danse de Duris, qui fait franchement du bien), sur l’ensemble, plus le film avance, et plus il se fait déprimant, et surtout, moins on accroche au parcours de cette femme, qui ne donne pas envie qu’on s’intéresse à elle.

Cette déprime, on la ressent aussi à chaque instant à l’image et dans la construction du film de Christophe Honoré. « 17 fois, Cécile Cassard » est sombre, trop sombre, c’est un film qui s’enferme dans sa tristesse, et même si le personnage se reconstruit peu à peu, c’est tellement étouffé dans sa mise en scène, qu’on a bien du mal à ressentir quelque chose et être pris dans cette histoire. Histoire qui enchaîne les longueurs d’ailleurs. Christophe Honoré n’arrive pas à trouver son rythme, et comme dans son idée, il passe d’une saynète à l’autre, sans vraiment de transition, et on n’arrive pas à accrocher. On se sent perdu et au lieu de piquer notre curiosité, finalement, on reste surtout sur le bas-côté, attendant finalement que le film passe.

Ce sentiment est dommage, car derrière toute cette étouffante tristesse, et ce rythme mal mené, « 17 fois, Cécile Cassard » tient de belles idées et plusieurs séquences, quand on les prend seules, demeurent très jolies, dotées d’une composition raffinée, comme l’introduction, la rencontre entre Cécile et deux jeunes, la façon dont est filmé le couple Romain Duris, Julien Collet, la danse de Duris… Bref, il y a plein d’idées qui sont belles et évoquent déjà le cinéma de Christophe Honoré, dommage que sur l’ensemble ça ne fonctionne pas.

Donc, malgré de bonnes idées, ce premier film pour Christophe Honoré se pose comme une déception. Long, lourd, faux, et ennuyant, « 17 fois, Cécile Cassard » laisse transparaître le talent de son réalisateur, l’image est jolie, la composition est belle, les acteurs sont bien dirigés, mais à force de sentiments étouffés, on finit par attendre que ça se passe, pour passer à autre chose. Dommage.

Note : 07/20

Par Cinéted

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