Auteure : Julie Saurel
Editeur : Les Plumes du Web
Genre : Fantasy, Romance
Résumé :
Un paiement. Rien qu’un petit paiement…
Dans un monde où les humains ont été réduits à l’esclavage et répartis en différentes castes sous le joug des Surnaturels, Jenny appartient au bas de l’échelle sociale : les Aturales. Elle n’est rien. C’est pourquoi les siens n’hésitent pas à la livrer au clan MacFillan, de puissants lycanthropes établis en Écosse, pour régler leur dette.
Mais celle qui ne devait être qu’une marchandise va vite faire tourner les sens des loups présents au château et ébranler bien des convictions. D’autant qu’elle se refuse à leur obéir. Surtout à ce rustre de Keir, le fils cadet des MacFillan, aussi collant qu’agaçant. Elle est particulière, il le sent. Le sait… et n’est pas le seul à s’en rendre compte.
Utilisée, convoitée et mise à prix, le danger rôde autour de la jeune femme, dont les alliés se révèlent plutôt surprenants. Pour sauver sa peau et dévoiler les secrets du château, Jenny est désormais prête à bousculer l’ordre établi.
Avis :
Un univers prometteur mais peu développé
A la fin de La dernière chamane, un problème de taille se pose : le lecteur en veut encore ! Le roman, à la narration lente mais addictive, se lit vite, et l’action dévoilée ne s’étend que sur quelques jours. Au final, il ne se passe pas grand-chose et, en même temps, il se passe trop de choses ! L’univers dépeint n’a pas le temps de se développer en si peu de pages (le roman est un one-shot, du moins pour l’instant), tout comme les personnages. Entre frustration et plaisir, ce roman hypnotise surtout grâce au caractère rebelle de son héroïne et à ses dons chamaniques, dont quasi rien ne nous est révélé.
Le titre semble peu adéquat ici, étant donné que le côté chamane, certes essentiel, n’est pas la part mise en avant dans le roman. La romance, quant à elle, l’est, au même titre que les échanges entre les deux protagonistes. Et c’est dommage ! L’univers promettait de belles choses : des loup-garous qui soumettent des humains, un royaume à feu et à sang, un système totalitaire, aux mœurs rigoureuses et archaïques. Le roman s’avère moins sombre qu’il en avait l’air.
Un récit prenant
Dans sa construction, le récit n’étonne guère : les rebondissements arrivent à point nommé, alors que tout semblait perdu. Ils restent néanmoins satisfaisants, assez complexes pour nous donner frissons et suspens jusqu’au bout.
L’atmosphère particulière, entre manoir hanté et grotte ténébreuse, nous envoûte rapidement. Fantômes et pouvoirs s’invitent à la danse, au fur et à mesure de la lecture, amenant leurs lots de questions et donnant envie au lecteur de comprendre les tenants et aboutissants, de mieux plonger dans cet univers pour en démêler tous les rouages.
Cette atmosphère géniale se délite néanmoins au profit des personnages qui prennent toute la place. Jenny, une humaine du bas de l’échelle sociale, attire par sa force de caractère, son franc parler et son courage. Son acolyte lycanthrope n’intéresse guère au départ, il semble rude, rustre et peu aimable. Leur relation progresse, évolue et s’enrichit. Les héros deviennent également autres grâce au contact de l’autre. Ils apprennent à mieux se connaître, à mieux vivre ensemble. A leurs côtés, les autres lycanthropes s’avèrent captivants, tous très différents et indomptables. Une meute sympathique à suivre, un clan écossais fascinant dont on aurait aimé en apprendre plus.
Du cliché réussi
Une jeune humaine pauvre qui tombe amoureuse d’un noble loup-garou : l’idée peu originale offre néanmoins une histoire réussie, notamment grâce aux protagonistes et à l’univers étonnant. Les dons chamaniques de Jenny apparaissent dans le premier tiers du roman ; le lecteur qui attendait un début d’intrigue se retrouve alors happé par ce nouveau mystère. Les dialogues impliquant Jenny en deviennent plus savoureux, tout comme les situations amusantes ou dangereuses dont elle ne peut que difficilement se défaire. Sa nouvelle condition n’est que peu assimilée au sein du clan lycanthrope, à la fois effrayé et intrigué par ses facultés. Leur « bonne entente » n’en devient que plus houleuse.
Les deux protagonistes nous partagent leurs sensations via un point de vue interne, à tour de rôle. Leurs pensées s’épanchent allégrement, parfois trop, au détriment de l’action. Néanmoins, cela aide le lecteur à mieux les comprendre. De stéréotypes, ils en deviennent plus complexes et intéressants.
La plume fluide et efficace de l’auteure nous aide à nous immerger dans cette histoire. Tous les ingrédients s’y retrouvent : héros attachants, univers prometteur, belle écriture, histoire d’amour romanesque, dénouement étonnant, fin radieuse et personnages secondaires plaisants. Pourtant, il manque à ce roman un élément pour le transformer en coup de cœur.
Les impressions de clichés au démarrage gâchent la lecture, et l’aspect superficiel que prend l’univers également. Les dons chamaniques de Jenny restent peu, voire pas, traités : rien n’est expliqué ! Et cela frustre énormément. L’auteure appuie sur la magie qu’ils dégagent et leurs effets poétiques (et très classes, il faut bien l’avouer), mais le lecteur curieux se retrouve en manque d’informations majeures pour mieux rester ancré. De la même manière, l’histoire de l’univers n’est que peu mise en avant alors qu’elle aurait mérité un peu plus de place.
La dernière chamane reste un voyage prenant, qui nous offre une romance fantaisie de qualité, sans pour autant nous émouvoir au point de nous marquer. Plus qu’une simple romance, l’histoire s’essaie également à changer le système, à briser les codes pour que humains et loup-garous puissent vivre en paix. Une belle moralité.
Note : 16/20
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Par Lildrille