avril 20, 2024

Tokyo Shaking

De : Olivier Peyon

Avec Karin Viard, Stéphane Bak, Yumi Narita, Philippe Uchan

Année : 2021

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Tokyo, le 11 mars 2011 : un tsunami ravage la côte du Japon, menaçant de détruire la centrale de Fukushima. Alexandra, qui travaille depuis peu pour une banque française à Tokyo, se retrouve au cœur de cette crise. Tiraillée entre les ordres de sa direction et la volonté de protéger sa famille et ses collaborateurs, Alexandra tente de composer avec la situation et se retrouve, presque malgré elle, à défendre une certaine idée de l’honneur.

Avis :

Olivier Peyon est un réalisateur qui est assez discret, et pourtant, lorsque l’on jette un coup d’œil sur sa carrière et sa filmographie, l’homme n’a cessé de travailler. Travaillant dans la production dans les années 90 et 2000, il a accompagné pour des sorties françaises beaucoup de gros films qui ont marqué (« Fargo« , « The Big Lebowski« , « Le vent se lève« , « High Fidelity« , « Trainspotting« , « Une vie moins ordinaire« , « 4 mariages et 1 enterrement« , « Usual Suspects » …). C’est à la même époque qu’il se lance dans la réalisation, enchaînant les courts-métrages. Oscillant entre fiction et documentaire, c’est en 2007 que sort son premier film, « Les petites vacances » avec entre autres, Bernadette Lafont.

Olivier Peyon n’était pas revenu la fiction depuis « Une vie ailleurs« , un film qu’il a tourné en Uruguay avec Isabelle Carré. Le film était sorti en toute discrétion en 2017. Après un documentaire la même année, Olivier Peyon s’est lancé dans un projet plus gros, racontant à travers les yeux d’un expat la tragédie de Fukushima survenu en 2011. Le film étant prévu pour Mars 2021, afin de marquer les dix ans du drame, finalement, il sortira avec quelques semaines de retard. Très intéressant dans son choc des cultures, très intéressant aussi pour ce qu’il dénonce sur le monde de la finance et plus largement du capitalisme, porté par une Karin Viard que plus rien n’arrête, cette immersion dans un Tokyo quasi-désertique est une belle expérience de cinéma et un film étonnant.

Tokyo, Mars 2011, Alexandra travaille depuis peu pour le crédit mutuel de France. Alexandra vient d’emménager dans cette immense ville, et même si le poste est loin de ce qu’elle avait imaginé, elle s’accroche. Le 11 Mars, après un tremblement de terre, un tsunami frappe le nord du Japon. Très vite, l’une des centrales du pays, Fukushima, est la source de problèmes, menaçant d’exploser. Alors que panique et chaos s’emparent des habitants et plus particulièrement des expatriés, Alexandra ne sait comment faire face à cet événement, partagée entre sa famille et ce travail, dont il a l’air d’être la seule et unique solution pour mettre tout le monde à l’abri.

Troisième film de fiction pour Olivier Peyon, « Tokyo Shaking » va prendre la catastrophe de Fukushima pour finalement aborder tout un tas de thèmes et dresser un portrait peu glorieux du monde de la finance.

Ainsi donc, c’est à travers le portrait d’une cadre financière que le réalisateur va nous offrir une plongée de cinq à six jours dans ce moment d’histoire. Tenu par un scénario exigeant, « Tokyo Shaking » est un film très riche qui s’aventure sur beaucoup de terrains à la fois. Si l’on pourrait lui reprocher de parfois survoler certaine de ces thèmes (et encore), ou encore prendre des raccourcis pour dynamiser son récit, sur son ensemble, le film d’Olivier Peyon est un petit bijou d’intérêt. Avec ce film, le réalisateur français arrive aussi bien à nous parler de la vie et les choix d’expatrié, que la catastrophe elle-même, et des choix qui vont en découler, ou encore, et c’est peut-être là le plus intéressant, le choc des cultures et des regards entre la culture asiatique et la culture occidentale.

On sera alors pris dans ces jours désespérés et le scénario passionnera autant qu’il pourra révolter face à certains choix qui vont être fait. À travers ces choix et ces personnages de tout horizon, Olivier Peyon questionne le courage, l’intégrité, les priorités de chacun et puis derrière ça, il pointe du doigt les ambassades menteuses ou cachottières, le monde de l’entreprise qui se défausse en permanence, ou encore bien sûr le monde de la finance qui, bon grès mal grès, profite de chaque occasion pour faire de l’argent. Alors que la caricature aurait pu être reine, tant le piège est facile, Olivier Peyon arrive avec nuance à brosser ces portraits et mélange tous ces thèmes pour livrer avant tout un regard sur ces jours-là, celui de son personnage, Alexandra, et comme je le disais plus haut, ce regard est vraiment très intéressant.

Ce qui est intéressant aussi, ce sont les idées de mise en scène que peut avoir Olivier Peyon pour nous placer au même niveau que son personnage. Ainsi, on peut se sentir perdu face à ces événements extraordinaires, dont finalement, on ne sait comme on pourrait réagir avant d’y être confronté. Olivier Peyon insistera sur l’importance des images, avec par exemple des chaînes d’informations qui ne cessent de diffuser les informations, ce qui crée un sentiment d’oppression et d’insécurité permanent. Olivier Peyon porte aussi son film avec justesse, ne sombrant jamais dans le drame pur, le larmoyant, la démesure. Non, avec « Tokyo Shaking« , il livre un film à hauteur d’homme, ce qui rend l’ensemble convaincant et surtout touchant.

Puis enfin, « Tokyo Shaking » est un film qui est porté par une Karin Viard incroyable. Une Karin Viard qui assure dans toutes les facettes de ce personnage, drôle, touchante, passionnante, l’actrice livre encore une très belle prestation. Puis elle est soutenue par Stéphane Bak, qui continue son très bon début de carrière. On sera ravi aussi de trouver Philippe Uchan en chef d’entreprise on ne peut plus agaçant avec ses phrases toutes faites. En enfin, Yumi Narita est une belle découverte.

Olivier Peyon passe donc aisément le cap de la troisième œuvre, livrant un film très intéressant. Un film réaliste, documenté, impliqué, qui en plus de se faire politique, offre un regard passionnant sur l’entreprise, la culture japonaise (le final est superbe), et plus largement cette catastrophe qui « fête » ses dix ans cette année. À voir pour sûr.

Note : 14/20

Par Cinéted

Une réflexion sur « Tokyo Shaking »

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