avril 23, 2024

Invaders

Titre Original : Occupation

De : Luke Sparke

Avec Temuera Morrison, Dan Ewing, Jacqueline McKenzie, Stephany Jacobsen

Année : 2018

Pays : Australie

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Des vaisseaux d’origine inconnue se tiennent en position stationnaire au-dessus des mégalopoles. Dans un déluge de feu, les navires de guerre venus de l’espace transforment les cités en champs de ruine et annihilent les derniers bastions des défenses terriennes. Les humains prisonniers sont envoyés dans des camps de travaux forcés. Mais à l’autre bout du monde, en Australie, une poignée de survivants organise un réseau de résistance. La riposte peut commencer.

Avis :

Le cinéma australien a la réputation d’être sec et âpre. A l’image de films de genre comme Wake in Fright ou Razorback, l’Australie n’est pas là pour faire rire et même lorsqu’il faut aborder un côté social, ça gratte un peu sous le goudron. Néanmoins, il existe des métrages plus légers et tout aussi débile que dans d’autres pays. On peut évoquer Bait et ses requins dans une supérette par exemple. Quand on évoque un cinéma plus audacieux, plus grandiloquent, avec plus de sous, on pense immédiatement aux Mad Max et à George Miller. Mais il semblerait que Luke Sparke, parfait inconnu, ait lui aussi des ambitions en délivrant Invaders (Occupation en version originale). Film de SF où des aliens envahissent l’île-continent, on ne peut pas dire que la réussite soit là, malgré des envies évidentes de faire dans le grand spectacle.

Pire, le film se vautre dans une médiocrité crasse à force d’éviter les sujets sensibles et de faire dans la gaudriole ricaine. Car on ne va pas se mentir, Invaders n’a d’australien que ses origines et son lieu de tournage, pour le reste, Luke Sparke tente de copier vainement ses références mal digérées.

Invasion Sydney

Malgré sa longueur (quasiment deux heures), le film démarre dès son premier quart d’heure. On nous présente rapidement quelques personnages qui auront de l’importance pour plus tard, comme un père de famille protecteur, deux rugbymen qui ne s’apprécient pas trop et leurs nanas, un clochard et un redneck qui vend des fruits et légumes. Très vite donc, des aliens viennent, butent quelques personnes et en kidnappent d’autres. La petite troupe s’échappe, et va mettre en place une vie en communauté faite de larcins et de sabotage pour tenter de libérer les prisonniers des extraterrestres. Et le film de ne raconter que cela sur presque une année. On va donc passer d’une survie à une vie en communauté, où des aliens à la technologie avancée semblent incapables de trouver une dizaine de terriens planqués dans les bois à cent mètres de leur base. Cynique ? A peine…

C’est-à-dire que dès le départ, on sait que quelque chose ne va pas fonctionner. Les interactions entre les personnages ne sont pas crédibles. Il manque réellement du liant pour que tout ce petit monde soit cohérent et entretienne un semblant de tension. Là, on rythme l’ensemble avec deux trois blagues, des revirements de décisions qui n’ont ni queue ni tête et des situations ubuesques qui ennuient plus qu’autre chose. A titre d’exemple, on peut parler de la rivalité entre les deux rugbymen qui va s’amenuir, mais qui n’apporte rien de tangible, si ce n’est un sauvetage à la fin complètement pété. On peut aussi évoque le père protecteur, qui veut contrôle la vie de sa belle-fille et qui annonce à tout le monde que c’est un ancien chef de gang en repentir. Rien n’est vraiment fait pour aller à l’essentiel et fournir quelque chose de frontal et de plus vif.

Les zinzins de l’espace

Car en plus d’être raté et bien Z sur son histoire, Invaders traine la patte. Le film dure trois plombes et n’arrive jamais à bien équilibrer ses parties. La première pose le problème et construit la petite communauté. Avec ce que ça implique de rencontres amoureuses, de disputes et de concessions. Puis la deuxième, huit mois plus tard, tente de montrer un camp de résistants qui veut libérer les otages humains. Là encore, c’est raté, on ne comprend pas vraiment les intentions des aliens, et lorsqu’un semblant de réponde arrive, c’est tellement simple que cela en est insultant. Le film de se la jouer alors film de commando avec quelques raids qui sont aussi impactants qu’une baffe en coton. L’ennui est bel et bien là et les tensions ne montent jamais. Pas même lorsqu’il faut faire une mission suicide pour récupérer un objet qui mettrait en péril l’humanité.

Et le film de ne pas savoir équilibrer sa tonalité. C’est à partir de là que l’on voit que le métrage lorgne du côté des blockbusters américains décérébrés. L’avenir de l’humanité est en jeu. Les aliens ont mis au point d’un produit chimique qui peut décimer toute vie humaine. On envoie les deux rugbymen dans une mission suicide. Ils font des blagues et utilisent leur sport pour faire sortir le produit du vaisseau-mère. De qui se moque-t-on ? Non seulement c’est malhabile, mais on a vraiment la sensation de se foutre de notre gueule, en imposant un fond dramatique, voire tragique, et de résoudre cela avec légèreté. Et ce ton badin dessert aussi la fatalité de certains protagonistes. Invaders s’amuse à tuer un peu n’importe qui, dans l’espoir de faire réagir, ou de susciter des émotions. Mais cela ne marche jamais, car tout est fait pour dédramatiser l’ensemble.

Effets mais rides

Outre les tonalités mal gérées, les personnages dont on se fout éperdument ou encore la mise en scène bancale qui n’a rien à raconter, on ne peut pas dire que les effets spéciaux soient fous. Alors certes, ils sont loin d’être moches. Les plans larges du grand vaisseau sont plutôt bien intégrés. Le réalisateur évite même, avec un certain talent, à éviter les incrustations dégueulasses en numérique. Cependant, la tronche des aliens laisse à désirer. Le choix de costumes est une bonne idée et évite de faire dans le CGI ignoble. Mais les extraterrestres font peu crédibles et on capte de suite que ce sont des costumes en latex pas vraiment bien finis. Cela manque de fluide, de texture et l’ensemble fait très cheap. Il en va de même avec les décors, qui donnent lieu à des passages ubuesques, comme cette fusillade dans un champ vide.

Au final, Invaders est un très mauvais film de science-fiction. Gérer une invasion alien est compliqué et il faut un budget conséquent pour ne pas tomber dans le ridicule. Ou alors faire dans la simplicité et l’intime, ce que ne semble pas capable de faire Luke Sparke. De ce fait, on tombe dans un film insignifiant, mal équilibré, qui fait faire les gros bras, mais n’est jamais allé à la salle. Invaders tombe dans tous les travers du genre pour devenir un navet quasi imbuvable, où même la musique est ratée. Bref, un énième film cheap et sans intérêt qui tente de faire passer une invasion alien pour de la tartignole.

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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