mars 28, 2024

Werewolf by Night – Marvel vers un Renouveau?

De : Michael Giacchino

Avec Gael Garcia Bernal, Laura Donnelly, Harriet Samson Harris, Leonardo Nam

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur, Fantastique

Résumé :

Par une nuit sans lune, une cabale de chasseurs de monstres se rassemble au redoutable Bloodstone Temple après la mort de leur chef. Au cours d’une cérémonie étrange en sa mémoire, les membres de cette organisation secrète participent à une mystérieuse compétition, au péril de leur vie, dans l’espoir de récupérer une relique magique. Cette course au trésor les conduira à affronter un monstre terrifiant.

Avis :

Quand on pense au MCU, on s’imagine rapidement un film de super-héros calibré, avec de l’humour et une mise en scène sans âme. Car si les débuts étaient sympathiques, la firme a vite pris le coup de produire une tonne de films avec des yes men derrière la caméra pour envahir non seulement les salles de cinéma, mais aussi le domaine de la pop culture dans sa globalité. Aussi, on a une forte tendance à se méfier de Marvel et de ses nouveaux films, qui ne sont clairement pas à la hauteur de nos attentes. Seulement voilà, on a la sensation d’avoir fait le tour des grands super-héros, des plus connus, et maintenant, il faut faire de la place à des personnages moins réputés et un peu plus « secondaires ». C’est alors l’occasion pour explorer de nouveaux médiums, telles que les séries, mais aussi le moyen-métrage.

Peu de personnes le savent, mais chez Marvel, il y a des comics d’horreur. On peut par exemple évoquer Le Tombeau de Dracula, mais il y a aussi Man Thing et donc des histoires avec un loup-garou. Werewolf by Night est un personnage assez classique, en hommage aux films d’horreur de chez Universal, et l’homme-bête se confronte de temps à autre à Moon Knight. Un terreau qui semble assez fertile et presque vierge (on préfère oublier les films de Man-Thing), notamment à l’approche d’Halloween. Cependant, en faire un film complet est une prise de risque que ne veut pas faire Kevin Feige, et encore moins sortir cela au cinéma. De ce fait, il va utiliser la plateforme Disney+ et commander un moyen-métrage à Michael Giacchino, le compositeur, qui s’investit réalisateur, après un premier court-métrage. Nouveau format, thème horrifique, noir et blanc, de quoi intriguer.

Le scénario n’est clairement pas le point fort de film. Ici, on va assister à une nuit de chasse où plusieurs chasseurs de monstre se retrouvent afin d’honorer la mémoire de l’un d’entre eux qui vient de mourir, et récupérer par la même occasion la pierre de sang, qui octroie des pouvoirs et affaiblit les monstres. Donc ce petit regroupement va devoir jouer à un petit jeu, pourchasser un monstre dans un labyrinthe et récupérer la pierre de sang. On retrouve alors tous les clichés possibles sur les chasseurs, avec l’asiatique, le viking, le black, la fille désavouée du défunt chasseur ou encore celui qui semble être hispanique. Bref, tout ce joli va s’affronter et on va découvrir que le personnage central n’est pas celui qu’il dit être. Peu de surprise là-dessus, tout est dans le titre et dans l’affiche.

Du coup, l’histoire tourne assez court, et avec ce nouveau format, Michael Giacchino n’a pas le temps de tergiverser. On rentre rapidement dans le vif du sujet, avec de nombreux combats et une rivalité entre chasseurs qui trouvera une pause lorsque notre héros conclut un pacte avec la fille du chasseur mort. Le film se pose alors quelques minutes pour afficher les caractères de chacun et leurs motivations. Car si l’un veut sauver son copain monstre, l’autre veut récupérer la pierre de sang, car elle estime qu’elle lui revient de droit. Pour les autres personnages, hormis la gloire, on n’aura rien à se mettre sous la dent. Mais, rappelons-le, nous sommes sur une durée de moins d’une heure, et on n’a pas vraiment le temps de s’arrêter sur les backgrounds des personnages secondaires. Du coup, le plus intéressant réside dans les choix artistiques du metteur en scène.

Le film est quasiment en intégralité en noir et blanc. Cela lui confère une aura particulière, et on sent une volonté forte de rendre hommage aux films de chez Universal des années 30 et 40. Et plus précisément au film du Loup-Garou de George Waggner. Le réalisateur va, à plusieurs reprises, tenter de renouer avec un cinéma plus classique, notamment à travers des mouvements de caméra simple, comme un travelling avant vers une actrice apeurée, ou alors avec de gros plans sur les visages, pour mieux saisir les émotions. Jusqu’au maquillage, qui est une belle référence à certains classiques, évitant un petit peu tout effet numérique. Ce choix de la colorimétrie et certains partis pris de mise en scène permettent au film de surnager dans l’univers Marvel, avec une vraie volonté de bousculer les codes contemporains en remettant au goût du jour des balises plus anciennes.

Cela fonctionne donc, même si on sent que le réalisateur a dû se plier à quelques immanquables de l’univers Marvel. On y retrouve parfois des blagues potaches pas forcément réussies, mais aussi des séquences d’action brouillonnes qui ne rendent pas justice à Giacchino. A titre d’exemple, on peut citer la bagarre entre la fille du chasseur et l’asiatique, qui manque de lisibilité. Mais on ne peut renier une vraie générosité dans l’ensemble. On aura droit à des moments assez violents, notamment le combat du loup-garou sur la fin et on retrouve un aspect horrifique gothique assez plaisant. Alors certes, ce n’est pas dans l’architecture des décors ni dans un excès de mise en scène expressionniste (Murnau et compagnie peuvent dormir tranquille), mais plutôt dans un sentiment global régressif mais respectueux du matériau d’origine. Et Michael Giacchino sait qu’il ne fera jamais mieux que Waggner.

Après, on peut se poser la question sur l’utilité d’un tel film. Quelle est sa place au sein du MCU ? Est-ce juste un petit happening pour Halloween afin de rappeler que Marvel est toujours dans la place ? Ou bien est-ce un épisode spécial qui va permettre d’introduire d’autres monstres au sein de la grande famille des super-héros ? le mystère reste entier, même si Kevin Feige a laissé entendre qu’il pourrait relier tout ça à la phase IV, et après tout, pourquoi pas ? Comme dit auparavant, le loup-garou se confronte à Moon Knight dans les comics, et on a même droit à Man-Thing, qui a déjà bénéficié d’une adaptation et qui pourrait être un personnage intéressant. Bref, des questions qui trouveront peut-être des réponses dans un futur plus ou moins proche, mais qui permettraient au MCU de changer un peu de registre.

Au final, Werewolf by Night est une bonne surprise, surtout quand on sait qu’elle vient de chez Marvel. La raison est toute simple, il y a un vrai parti pris graphique, mais aussi dans le format de ce film, qui peut se voir comme un moyen-métrage. Michael Giacchino rend hommage aux films de chez Universal, mais il ne fait pas n’importe quoi non plus, offrant un film hybride entre les Marvel habituels (humour ringard et phase d’action) et un vieux classique (noir et blanc et certains plans) pour changer nos habitudes. Bref, sans être un coup de cœur, ça reste un film intéressant à plus d’un titre, qui ne perd pas son temps et ose enfin quelque chose de différent.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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