De : Regina King
Avec Eli Goree, Kingsley Ben-Adir, Aldis Hodge, Leslie Odom Jr.
Année : 2021
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame
Résumé :
Miami, le 25 février 1964, le jeune Cassius Clay (futur Mohamed Ali) devient champion du monde de boxe, catégorie poids lourds. A cause de la ségrégation raciale, il doit fêter sa victoire à l’écart des autres sportifs. Entouré de ses amis, l’activiste Malcolm X, le chanteur Sam Cooke et la star du football Jim Brown, Cassius Clay décide de définir un nouveau monde.
Avis :
Regina King est une actrice américaine que j’aime énormément depuis que je l’ai découverte dans la série « Southland« , une série policière qui est une véritable bomne atomique. Depuis, je me plais à suivre la carrière de l’actrice, qui se révèle avoir bien plus d’une corde à son arc. Productrice et bientôt Showrunneuse, Regina King est aussi une réalisatrice et elle a débuté cette carrière sur la dernière saison de « Southland » justement. Restant du côté de la télévision et du monde des séries, Regina King s’est fait la main sur des séries comme « Shameless« , « Scandale« , « Animal Kingdom » ou encore « This Is Us » et « Good Doctor« .
Oscarisée en 2019 pour son rôle dans « Si Beale Street pouvait parler« , c’est sûrement grâce à cette récompense que Regina King (et bien sûr tous les épisodes sur lesquels elle a travaillé) peut enfin réaliser un premier long-métrage.
Débarqué en Janvier dernier sur Amazon Prime, « One Night In Miami… » est un huis clos inspiré d’un côté de faits réels et de l’autre adapté de la pièce de théâtre que Kemp Powers a mis en scène en 2013. Film politique qui s’aventure de manière très intéressante sur tout un tas de sujets, cette première réalisation pour Regina King impose très bien ses arguments et ses confrontations et surtout elle nous entraîne dans une discussion très intéressante, où combats pour l’égalité, espoirs, désespoirs et amitiés font très bon ménage.
Miami, le 25 Février 1964, le jeune Cassius Clay devient le champion du monde de boxe dans la catégorie des poids lourds. Après le combat, Cassius est invité par son ami Malcolm X a célébré cette victoire dans sa chambre d’hôtel. Sont conviés le chanteur Sam Cook et le footballeur Jim Brown. Tous les quatre sont amis et cette soirée si particulière, au gré des discussions, va prendre un tournant évidemment engagé et politique.
Pour son premier film en tant que réalisatrice, Regina King a décidé de s’attaquer à un sujet fort, la place de l’homme noir dans les années 60 aux Etats-Unis. Pour cela, elle va s’arrêter sur un fait précis, la victoire de Cassius Clay, futur Mohammed Ali, en 1964. Après cette victoire, quelque part entre fiction et fait réel, la cinéaste réunit quatre stars afro-américaines, et nous entraîne dans un huis clos passionnant fait de conversations, de points de vue, de combats et d’espoirs.
La lutte des droits civiques dans les années 60 pour les noirs américains est un sujet qui a été mainte et mainte fois traité au cinéma et pourtant, c’est assez fou de voir qu’encore aujourd’hui, certains cinéastes arrivent à livrer des films, sans rien révolutionner ou apporter de neuf, mais offrent un nouvel axe et quelque chose d’intéressant. « One Night In Miami… » est un film qui n’a rien de vraiment neuf dans son schéma, on pourrait même dire que le film est assez simple, puisqu’il propose d’enfermer quatre personnages dans une chambre d’hôtel et de les laisser parler. L’exercice du huis-clos n’est pas facile, et l’on a vu bien des réalisateurs nous ennuyer au bout d’un moment, car ils n’arrivent pas à renouveler leur idée de base et c’est avec plaisir que l’on découvre que Regina King évite ça, nous livrant un film qui ne fait que rebondir encore et encore.
« One Night In Miami… » est un film qui n’est fait que de points de vue qui s’affrontent et pour cela, il faut mentionner son scénario qui est un petit bijou d’écriture à lui tout seul. Confrontations des idées, prise de conscience, jugement hâtif ou non et le regard que pose chacun de ces hommes sur le monde qui les entoure et les différentes luttes à mener et à venir, Regina King et ses comédiens arrivent sans aucun mal à nous tenir jusqu’au bout de cette nuit. Au détour de ces conversations houleuses ou non, « One Night In Miami… » aborde évidemment la lutte pour les droits civiques, le sentiment d’injustice, la question de porter une cause, celle de la célébrité et l’engagement face à cette cause, « la survie » aussi, puis de manière assez terrible, Regina King s’aventure et pose aussi la question de l’extrémisme, opposant les idées et la vision du monde blanc de Malcolm X à celle de Sam Cook ou encore du footballeur Jim Brown. Peuplé de répliques piquantes, d’échanges courtois, de reproches, ou encore de manipulation, Regina King rythme parfaitement cette conversation, qui laisse le sentiment d’un match de tennis chacun rebondissant sur l’un des arguments de l’autre, pour appuyer ou non, telle ou telle thèse.
Pour habiller cette conversation, « One Night In Miami… » se drape d’une mise en scène élégante. Si on pourrait reprocher à Regina King de mettre un peu trop de temps pour mettre en place ses pions, une fois son film lancé, la réalisatrice nous tient et ne cesse de piquer encore et encore notre intérêt. Très bien filmé, joliment esthétique, ne tombant jamais dans l’excès ou le pathos, « One Night In Miami… » dégage une très belle énergie, et démontre que Regina King, même si elle fait très simple, gère très bien sa narration, et au-delà de ça la direction de son film. On pourra même noter plusieurs passages formidables, que ce soit dans l’intensité d’une dispute ou la chaleur d’une salle de concert. Puis le tout est très joliment soutenu par une BO sublime, qui me révèle le talent de chant de Leslie Odom Jr.
D’ailleurs, si l’on s’aventure du côté de ses comédiens, « One Night In Miami… » est une petite merveille, car il est tenu par un quatuor d’acteurs au top. Chacun tenant un rôle d’égal à égal, il est terrible de les voir s’affronter, se respecter ou encore s’admirer.
Cette première réalisation pour Regina King est donc une jolie, très jolie, réussite. King n’a pas choisi la facilité, que ce soit dans son, ou ses, sujets, dans ses personnages ou encore dans l’idée d’un huis-clos et même si son film a du mal à se lancer, ou encore s’il se conclut de manière un peu abrupte (oui, je n’avais pas envie de quitter cette chambre d’hôtel), sur l’ensemble, « One Night In Miami… » est passionnant et le seul regret qu’il y ait à la sortie de cette séance, c’est que le film fut privé de salle de cinéma, car il méritait vraiment un grand écran.
Note : 16/20
Par Cinéted