Auteure : Krystine Saint Thomas
Editeur : Encre Rouge
Genre : Thriller
Résumé :
Amélien décide de démasquer le criminel qui terrorise la région, mais aussi de découvrir l’identité de ses parents. Amélien habite un village au nom étrange, comme ses habitants d’ailleurs. Trouvé dans une niche alors qu’il n’était qu’un nourrisson, il rêve de retrouver ses parents. Au cours de ses recherches, il se découvre un ancêtre mystérieux, une sorte de magicien qui a dompté les loups et sauvé son village. Mais, surtout, il y a ce criminel qui revient sur ses traces et qui, de nouveau, terrorise les habitants. Alors, Amélien, décide qu’il va retrouver ses parents mais aussi découvrir qui se cache derrière le masque de l’assassin. Tout un programme surtout quand on est un petit garçon et qu’on a seulement huit ans.
Avis :
Même s’il s’agit ici d’un roman jeunesse, le prologue donne de sacrés frissons ! Les adultes sauront apprécier cette histoire géniale, entre mystères familiaux, enquêtes policières, jeux d’enfants, et légendes oubliées. Cruauté, énigmes, actions et épouvantes sont au rendez-vous !
Bien que la narration laisse s’exprimer une voix d’enfant, la maturité du personnage principal, tout comme ses réflexions ou son langage, ne donnent pas toujours la sensation que l’on a affaire à un petit garçon qui se rend à l’école primaire. Cependant, certaines de ses pensées ou quelques-uns de ses questionnements nous ramènent à la réalité, déliant nos lèvres par un sourire ; des exclamations muettes du genre : « Il n’y a qu’un enfant pour penser comme ça ! » surviennent sans crier gare.
Cette balance complexe, bien construite, apporte sa force au récit atypique qu’est L’ombre du meneur de loups. Un roman prenant, haletant, à la frontière du fantastique, empreint d’amour, de violence, de tendresse et de non-dits.
Un village et des prénoms étranges
L’atmosphère saisissante, brumeuse, étrange, pleine de mystères, rappelle quelque peu celle du jeu de rôles Loup-garou de Thiercelieux. Pour agrémenter ce côté énigmatique, la plupart des enfants se retrouvent affublés d’un prénom inclassable, laid ou surprenant, issu d’une tradition non moins douteuse.
Tout le monde se connaît mais ne se côtoie pas, tout le monde s’espionne mais ne se critique pas. L’hypocrisie, les masques, et les mensonges sont monnaie courante dans le village. Heureusement, il aura fallu la volonté d’un petit garçon pour que la vérité reprenne sa place, et que les mauvaises personnes soient évincées.
Le passé du village, mis en scène dans une légende liée aux loups, donne à l’endroit une identité propre et attrayante, qui rappelle celle des récits mythologiques ou des contes d’autrefois. Ce mélange entre récit contemporain et histoire d’antan marche à la perfection ; cette drôle association nous fait rêver. Le lecteur s’évade, marchant d’abord prudemment sur des sentiers goudronnés, avant de tomber sur des chemins de terre menant à une dense forêt.
Des points de vue d’enfants
Le roman commence par nous présenter les différents protagonistes : les enfants. Et quoi de mieux pour cela qu’ils se décrivent eux-mêmes, avec leurs mots, leurs sensations et leurs yeux presque neufs ?
Chacun des personnages s’exprime d’une manière unique, et nous présente son environnement avec affection et candeur. Les parents restent souvent incompris, les frères et sœurs des enquiquineurs, et les professeurs des gens bizarres. Il est dommage que ces points de vue ne reviennent plus par la suite, et que seul celui du héros reste prédominent.
Une histoire familiale douloureuse
Très rapidement, l’intrigue en vient à questionner l’enfance du héros et ses origines : D’où vient-il ? Pourquoi a-t-il été abandonné à la naissance ? Le jeune héros intrépide, curieux et têtu, n’en démordra pas jusqu’à parvenir à comprendre ce qui est arrivé à ses parents. Quitte à entraîner ses amis dans sa folie et les mettre en danger.
Sa détermination anime l’histoire, la rythme, tel un flot capricieux contraint de suivre un courant sauvage. Cette impétuosité, cette effervescence innocente nous replonge en enfance.
Une enquête bien menée
L’auteure sait nous mener en bateau et jouer de suspense. Les révélations arrivent au compte-goutte, jusqu’à exploser sur les dernières lignes. Des flash-backs placés à des moments cruciaux, ralentissent le rythme, tout en consolidant l’intrigue.
L’histoire des parents du héros, celle sa propre vie, celle de sa famille d’accueil, celle du village et celles des autres enfants s’entremêlent, se percutent et se soutiennent, pour un dénouement magique, ni tout blanc ni tout noir. La lumière perce néanmoins au bout du tunnel, et les âmes noires se désagrègent, au prix d’une vérité dérangeante, blessante.
Entre obscurité et lumière
Le récit nous rappelle que l’habit ne fait pas le moine, que les rumeurs déforment souvent l’authenticité des faits, et que seule l’honnêteté peut renforcer les liens des membres d’une famille. Les non-dits et les cachotteries, même perpétués dans une volonté de faire le bien, ne perdurent jamais bien longtemps, et se délitent souvent dans la douleur.
L’ombre du meneur de loups se lit avec plaisir, d’une traite. Ce qui se dégage des mots et des personnages ne s’explique pas ou mal ; notre cœur comprend heureusement ce langage et bat à l’unisson, en rythme avec la gravité de l’histoire, les voix enfantines et le chant des loups.
Note : 19/20
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Par Lildrille