octobre 16, 2025

Ne Tirez pas sur l’Oiseau Moqueur – Harper Lee

Auteur : Harper Lee

Editeur : Le Livre de Poche

Genre : Drame, Récit de Vie

Résumé :

Dans une petite ville d’Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.

Avis :

A quoi reconnait-on un chef-d’œuvre ? Tout simplement par le fait que l’œuvre en question traverse les décennies sans subir la moindre ride. Une histoire, qu’elle soit en roman, au cinéma, voire même en musique, peut être considérée comme un chef-d’œuvre à partir du moment où malgré le temps qui passe, elle est toujours d’actualité, et ne subit pas les affres d’une société qui est supposée évoluer. Ecrit en 1960, gagnant le prix Pulitzer l’année suivante, Ne Tirez pas sur l’Oiseau Moqueur fait partie de cette trempe. D’ailleurs, il s’agit d’un best-seller, qui plus est, qui a été adapté au cinéma avec Gregory Peck, et qui aujourd’hui encore, résonne comme une œuvre majeure, avec comme sujet principal, le racisme, cet affreux monstre qui ne semble jamais disparaître.

L’histoire, dans sa globalité, est relativement simple. Atticus Finch est un avocat blanc. Il vit à Maycomb, une petite ville de l’Alabama, avec son fils, Jem, qui a dans les douze/quinze ans, et sa fille Scout, qui a dans les huit ans. Un beau jour, Atticus doit défendre Tom Robinson, un jeune noir, qui est accusé d’avoir violé une jeune femme blanche à son domicile. Ce dernier risque alors la peine de mort. Et un tel évènement, dans une Amérique profonde des années 30, alors même que le racisme est établi, ça va faire beaucoup de bruit, surtout quand un blanc prend la défense d’un noir. Bref, ce type de récit, on l’a déjà lu et vu, et en soi, il ne recèle d’aucune nouveauté, sauf si on le remet dans son contexte de l’époque, les années 60.

Une époque où l’on se battait pour les droits civiques des gens de couleur. Forcément, le roman va marquer de par son sujet, et de par son pamphlet humaniste et qui marque une lutte forte contre le racisme. Cependant, ce n’est pas uniquement cela qui a fait le succès du roman, et qui fait qu’aujourd’hui encore, il reste un chef d’œuvre de la littérature. La vraie raison provient de sa narration. En effet, Ne Tirez pas sur l’Oiseau Moqueur est raconté par Scout, la petite fille de la famille, qui va énumérer ce qu’elle voit, ce doit elle est témoin. Et afin d’apporter de la richesse à son récit, l’autrice va prendre son temps pour décrire Maycomb, mais aussi et surtout les jeux de Scout, sa vision de la vie, de son père, ou encore des éléments qui ont bousculé une jeunesse heureuse, mais pleine de questions.

En faisant ainsi, Harper Lee nous plonge dans une histoire naïve, pleine de bons sentiments, mais aussi de réflexions judicieuses. Les jeux de Scout lui permettent de grandir, de faire connaissance avec les habitants du quartier, de comparer les différents points de vue, mais aussi de se rendre compte de l’injustice qui peut régner dans sa société. On va y trouver les enseignements de son père, qui se refuse à prendre une arme, à combattre ceux qui font du mal par le mal, et l’ensemble forme une histoire touchante, belle, naïve, mais qui va remuer en nous plein de sentiments et d’émotions. Ce choix de narration est vraiment très intéressant, car on voit l’évolution de la jeune fille, mais aussi de son quartier, et comment des évènements anodins prennent une grande ampleur.

Ainsi, en plus d’être un tollé contre le racisme, le roman est aussi une photographie d’une époque révolue, où des jeux d’enfants contiennent tout un monde. On peut aussi y déceler quelques visions acerbes autour des familles d’adoption, avec ce pauvre Dill, l’ami de Scout, qui ne vient que l’été et qui est ballotté de famille d’accueil en famille d’accueil le reste de l’année. On peut aussi lire une réflexion sur la fin de vie, et comment les gens peuvent se battre contre les addictions. Ou encore comment une jeune fille, un peu garçon manqué, arrive à adoucir des péquenauds qui ont décidé d’en venir aux mains. Bref, le roman est d’une très grande richesse, et ne se contente de parler d’un sujet de société qui nous préoccupe encore aujourd’hui.

Au final, Ne Tirez pas sur l’Oiseau Moqueur est encore et toujours un immense chef-d’œuvre. L’histoire n’a pas pris une ride, alors même qu’elle flirte avec les soixante-cinq ans, pointant du doigt encore et toujours le racisme envers les personnes de couleur, et les défaillances d’un système judiciaire à deux vitesses. L’intelligence de la narration réside dans le point de vue, celui d’une jeune fille intelligente de huit ans, qui voit Maycomb comme un monde à part entière, et qui sera révoltée de voir autant d’injustice dans un monde d’hommes, où l’on préfère juger hâtivement en fonction de ses origines, plutôt que par le prisme de ses actes. Bref, un roman qui n’a pas vieilli d’un poil, et qui reste un immanquable absolu.

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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