
Avis :
Fer de lance du Metalcore moderne, fondé en 2004, Architects est un groupe anglais qui ne lésine pas sur le boulot. C’est bien simple, le groupe fournit un album tous les deux ans, si ce n’est pas tous les ans, et cela n’a jamais dérogé à cette règle. Stakhanoviste accompli, le groupe est devenu culte aux yeux de nombreux fans, autant pour leur musique que pour leurs revendications, avec un mode de vie qui se veut vertueux, notamment sur le véganisme. Cependant, depuis 2016 et la mort brutale du guitariste Tom Searle, la formation a eu du mal à s’en remettre, au point de fournir par la suite des efforts moins percutants qu’à l’accoutumée, s’aliénant à des rythmiques Pop, voire « radio-friendly », afin de toucher un public plus large. Alors forcément, The Sky, the Earth & All Between était attendu au tournant.
Car oui, quand un groupe déçoit coup sur coup, on se dit que la passade est un peu longue, et si un troisième album vient à ne pas retenir l’attention, c’est peut-être un chant du cygne malheureux. Mais que l’on se rassure de suite, ce onzième effort studio est une grande réussite, qui marque un retour aux sources, avec un son plus lourd, des riffs plus agressifs et une énergie communicative. Et cela sans oublier des moments plus doux, continuant cette mue observée dans les deux précédents albums, mais trouvant ici un équilibre plus juste, et s’imbriquant parfaitement dans les passages plus dingos. En ce sens, Elegy, qui ouvre les hostilités, en est le parfait exemple. Le début est très doux, Sam Carter jouant de ses prouesses vocales, avant de balancer la double-pédale et de proposer un pur Metalcore ultra violent.
Le morceau mélange alors la fougue virulente des débuts du groupe, en l’alliant à des élans plus Pop que l’on retrouve dans les deux derniers opus. C’est malin, et les anglais espèrent alors ménager la chèvre et le chou. Force est de constater que ça marche plein pot, et que l’on se régale. Whiplash s’enclenche alors, ne laissant aucun doute sur l’envie du groupe à revenir vers quelque chose de plus brutal. Le chant crié prédomine, l’entrée en matière envoie du très lourd, le refrain en chant clair reste bien en tête, et le deuxième couplet, un peu plus rappé fonctionne à merveille. Bref, c’est le retour en grâce du groupe anglais. Blackhole viendra alors confirmer cela avec peut-être leur morceau le plus sauvage. Ici, ça blaste, ça gueule, on en prend plein la tronche et c’est d’une rare puissance. Et le chanteur en profite pour parfaire ses différentes palettes.

Everything Ends sera le moment pause de cet album. Après trois titres dévastateurs, Architects propose alors un morceau plus doux, plus Pop, avec des inserts électro qui ne sont pas désagréables. Alors certes, le titre marque moins que les précédentes pistes, mais on reste sur quelque chose d’intéressant. Puis Brain Dead déboule, et on va se reprendre une jolie mandale dans la tronche. Ici, le groupe épouse un côté Post-Punk à la limite du Hardcore étonnant, en duo avec House of Protection (Rap/Métal), et le résultat est puissant, même s’il manque peut-être d’un petit truc en plus pour se rendre plus marquant. Quant à Evil Eyes, ce sera sur la structure que le morceau étonnera. Ultra violent dans son démarrage, le titre pose alors un refrain hyper aérien, pour ensuite descendre petit à petit, jusqu’à un final presque trop calme.
Landmines va alors débouler, et on renouera avec les morceaux du début. C’est-à-dire que l’on retrouve une rythmique rapide et nerveuse, même si l’on tombe sur un chant clair plus présent. Pour autant, le plaisir d’écoute est là, et le titre est très efficace, restant en tête un long moment. Judgement Day, en featuring avec Amira Elfeky, rentre dans un Metalcore très moderne, via des arrangements électro très présents, permettant à la chanteuse de presque prendre le dessus sur Sam Carter. Elle apporte un côté sensuel très intéressant, malgré les riffs bien lourds. Broken Mirror débute comme une ballade avant de lâcher les vannes et de mieux nous percuter. Puis Curse va faire partie de ces titres sympathiques, mais auxquels il manque une aura plus intense. Heureusement, Seeing Red envoie du très lourd avec un côté Babymetal pas déplaisant. Puis Chandelier clôture le tout en douceur et mélancolie.
Au final, The Sky, the Earth & All Between, le dernier album de Architects, est une jolie réussite qui fait plaisir à entendre. Le groupe repart de plus belle, retrouve une fougue qu’il avait un peu perdu et signe un album complet, dense, qui arrive à trouver le juste équilibre entre la nervosité des premiers albums, et le côté plus Pop des deux derniers. Bref, Architects est de retour et on a hâte d’entendre ça sur scène.
- Elegy
- Whiplash
- Blackhole
- Everything Ends
- Brain Dead feat House of Protection
- Evil Eyes
- Landmines
- Judgement Day feat Amira Elfeky
- Broken Mirror
- Curse
- Seeing Red
- Chandelier
Note : 17/20
Par AqME