juillet 20, 2025

Cryptopsy – An Insatiable Violence

Avis :

Il y a tellement de sous-genres dans le métal, que parfois, on ne sait plus à quel saint se vouer. De plus, il existe des formations qui aiment flouter les limites de la musique, à un tel point que leur son résonne comme un mélange qui travers plusieurs styles. Néanmoins, il y a des nominations qui alertent rapidement l’auditeur. En règle générale, quand on dit que ce groupe fait du Raw, du Brutal Death ou encore du Grindcore, on se doute que l’on ne va pas entendre des chants clairs et quelques vocalises. C’est le cas par exemple de Cryptopsy, groupe canadien formé en 1988, mais qui trouvera son nom définitif en 1992. Outre sa pochette qui fait peur et le titre de ce nouvel album qui ne laisse que peu de chance à la douceur, la formation est cataloguée dans le Brutal/Raw Death métal.

De bien grands mots pour désigner un groupe qui ne fait pas dans la dentelle, et qui est là pour nous assommer avec des riffs brutaux, un chant guttural d’outre-tombe, et des compositions qui peuvent résonner comme des coups de massue dans nos tympans. Bref, une musique de niche qui est à réserver aux initiés. Et pourtant, avec ce neuvième album, les canadiens nous prouvent qu’il est possible de faire de la musique extrême, de ne faire aucune concession, et pourtant d’envoyer plusieurs nappes mélodiques au sein d’un morceau, et de faire étalage d’un talent technique époustouflant. Oui, An Insatiable Violence recèle de quelques moments étonnants, perdus dans un train en marche et dont les freins ont clairement lâché. Et tout commence avec The Nimis Adoration qui blaste à tout va et ne laisse aucun moment de répit. Le titre est la définition même de violence.

Mais comme évoqué précédemment, malgré ce côté ultra violence, à la limite du non-sens musical, on retrouve quelques petits moments rondement menés, avec des breaks très groovy, qui viennent arrondir le côté sec et surpuissant de l’ensemble. Et si l’on est attentif, on a même droit à des passages plus légers à la guitare, avec en prime un solo qui déchire tout. Bref, une entrée en matière maîtrisée qui pousse à la curiosité pour connaître la suite. Et Until There’s Nothing Left sera un énorme parpaing dans la tronche, entre blasts, hurlements primaires, et des guitares qui sont en mode accéléré. Bien évidemment, le résultat n’est pas à mettre entre toutes les oreilles, car il n’y a ici aucune concession, sinon un léger pont qui permet à la basse d’exister un peu plus. Et puis on pourra compter sur un solo à vitesse grand V.

Dead Eyes Replete peut ressembler au titre précédent, notamment dans sa gestion cacophonique d’une mélodie parfaitement maîtrisée, mais on y trouvera quelques différences, avec un riff plus complexe et une structure un poil plus difficile à cerner. Cependant, on reste sur un morceau qui frappe fort, et peut-être trop pour les néophytes. Fools Last Acclaim sera d’un autre acabit. Tout en gardant son aspect extrême avec ses gargarismes et son blast, le morceau se veut un peu plus abordable que le reste, notamment avec ses partitions musicales. Et il y réside un côté plus groovy que dans les deux précédents titres. The Art of Emptyness pousse le bouchon encore plus loin en ralentissant son rythme, et en prenant des allures plus horrifiques. Le chant est, au début, moins gueulard, mais il propose une introduction qui fonctionne à merveille et permet de voir de jolis changements au sein du groupe.

En abordant Our Great Deception, les canadiens peaufinent une ambiance qui se veut plus « symphonique » qu’au départ. Cela ne dure pas forcément longtemps, mais ça permet de poser une ambiance, et de donner plus de poids à la violence qui déboule par la suite. Une violence maîtrisée, ultra virulente, mais qui fait l’essence même de Cryptopsy. Embrace the Nihility rentre dans le même moule, avec une envie d’en découdre pleinement, et cela donne un morceau dense et percutant, qui laisse aussi plus de place aux guitares, leur accordant un gimmick qui marque bien. Enfin, le groupe clôture son album avec Malicious Needs qui avoisine les six minutes, et se pose comme le titre le plus long de l’album. Cela permet de peaufiner la structure en jouant de complexité, tout en permettant aux musiciens de mieux s’exprimer sur des nappes techniques impressionnantes.

Au final, An Insatiable Violence, le dernier album de Cryptopsy, est à l’image du groupe, et ne délivre aucune concession. C’est violent, sombre, percutant et d’une densité rare. Il est certain que c’est un genre de métal qui n’est pas à mettre entre toutes les oreilles, et ce neuvième album montre bien l’envie des canadiens de ne pas sombrer dans la facilité, ou d’agrandir sa communauté. Et c’est sans doute mieux comme ça, car cet album, aussi difficile d’accès soit-il, démontre une superbe qualité technique, et un aspect groovy qui se marie parfaitement bien avec le côté massif inhérent au groupe.

  • The Nimis Adoration
  • Until There’s Nothing Left
  • Dead Eyes Replete
  • Fools Last Acclaim
  • The Art of Emptiness
  • Our Great Deception
  • Embrace the Nihility
  • Malicious Needs

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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