Avis :
Genre souvent boudé en France à cause de son côté extrême, le Death Métal connait pourtant de beaux jours dans les salles souvent pleines de groupes aussi connus que Children of Bodom ou encore Gojira, le seul groupe français qui a réussi à s’exporter à l’étranger avec un immense succès. Souvent très technique malgré sa brutalité, ce sous-genre du Métal est en pleine extension et des groupes de tous les pays y jouent, car il permet de s’amuser avec de nombreux instruments et d’aborder des thèmes divers et variés. Fleshgod Apocalypse n’est pas un groupe américain comme on pourrait le croire, puisqu’ils chantent en anglais, mais italien. Alors que l’on connait Lacuna Coil et ses fulgurances métal à tendance pop, depuis maintenant dix ans, Fleshgod Apocalypse s’impose petit à petit comme une référence du Death, au point de gagner des salles en tant que tête d’affiche. King est le quatrième album de la formation et il part d’un concept très intéressant. Comme le laisse supposer la jaquette, cet album va raconter une histoire, celle d’un roi, de son ascension au trône à sa déchéance, en pensant par différents stades de sa vie. Un album qui sera même un double album avec un deuxième skeud en version orchestrale, qui pourrait parfaitement faire l’affaire dans un film. Succès mondial en 2016, revenons sur ce qui a fait la réussite de ce skeud.
L’album démarre avec un court morceau instrumental qui se nomme Marche Royale. Avec ce titre très évocateur, on peut déjà deviner la grandiloquence de l’album, puisque on a l’impression d’assister à un concert symphonique lors de l’accession au trône d’un roi moyenâgeux. Une entrée en matière forte qui démontre toutefois que le Death n’est pas qu’une question de violence et tapage sur des fûts. Bien entendu, la suite sera beaucoup plus puissante avec un autre sens, puisque In Aeternum démarre sur les chapeaux de roue, à grands renforts de double-pédale, de chœur lyrique, de piano et de riffs agressifs et rapides. Ajoutons à cela un chant guttural efficace et on obtient un savant mélange de fureur et de délicatesse qui montre que le groupe en a sous le capot. Certes, c’est violent et peut-être un poil complexe pour les néophytes, mais force est de constater que techniquement, c’est surpuissant et que le groupe parvient à dépeindre un monde à la fois épique et guerrier. Ce que va confirmer Healing Through War, qui est un titre dans le même délire que le précédent mais avec une rythmique plus scandée et plus discernable, car le mélange des genres est moins confus. Cela reste volontairement épique, un peu à la manière d’un Métal Symphonique, mais plus accessible, hormis peut-être le refrain qui envoie du lourd. D’autres morceaux seront dans cette mouvance comme l’hyper violent And the Vulture Beholds malgré un refrain en chant clair et des chœurs lyriques féminins derrière. On pourra aussi compter sur Gravity et son rythme lourd et gras qui s’impose comme l’un des titres les plus virulents du skeud.
Le plus impressionnant dans cet album réside vraiment dans l’orchestration des différents instruments. En dehors des riffs de gratte bien tranchants et de la batterie qui fait tourner la double-pédale comme personne, on aura droit à des instruments plus classiques qui vont atténuer la violence des compositions. Si le piano a une place prépondérante en fond sonore sur quasiment tous les morceaux (on l’entend vraiment bien dans Gravity), on trouvera aussi des violons et tout ce qui compose un orchestre lyrique. C’est beau et cela rend chaque pièce plus grandiloquente que ce qu’elle n’est déjà. On pourra aussi se délecter de l’introduction de The Fool (qui parle du fou du roi bien évidemment) qui est faite au clavecin et qui rappelle immédiatement l’époque de Louis XIV avant d’entamer la même rythmique avec des grattes bien énervées, encore une fois atténuées par des orchestrations lyriques de premier ordre. Bien évidemment, King, qui clôture l’album sera un sublime chant du cygne au piano, sorte de veillée funèbre splendide en hommage à un roi guerrier et destructeur. Mais là où l’on sent vraiment le génie du groupe, c’est dans sa faculté à rebondir sur des choses inattendues, comme ce deuxième album composé uniquement de la version orchestre, mais surtout de Paramour en plein milieu de l’album qui est un morceau d’opéra lyrique à lui tout seul. Un moment perdu dans le temps d’une beauté infinie qui marque une courte pause dans ce déluge de violence épique.
Au final, King, le dernier album de Fleshgod Apocalypse, est une véritable réussite qui mérite bien toutes les louanges à son égard. Puissant, violent tout en étant doux et grandiloquent, ce quatrième album est d’une finesse rare et prouve que le Death Métal n’est pas qu’une question de virulence et d’excès d’énergie mal dirigée. Bien au contraire, on sent qu’il y a un vrai boulot de composition derrière et Fleshgod Apocalypse est la preuve vivante que l’on peut se réinventer à chaque fois et produire quelque chose de violent mais de constructif et techniquement irréprochable.
- Marche Royale
- In Aeternum
- Healing Through War
- The Fool
- Cold as Perfection
- Mitra
- Paramour (Die Leidenschaft Bringt Leiden)
- And the Vulture Beholds
- Gravity
- A Million Deaths
- Syphilis
- King
Note : 17/20
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Par AqME