Auteur : David Emton
Editeur : Albin Michel
Genre : Thriller
Résumé :
Une nuit de Noël, dans un Paris disloqué par la crue du millénaire, une jeune femme reçoit un étrange colis : un nouveau-né enveloppé dans une membrane protectrice, avant de se retrouver poursuivie par des tueurs au service de pays et d’organisations aux objectifs contradictoires. Au cours d’un périple effréné dans une capitale à moitié submergée, elle apprendra que l’enfant est porteur d’une souche virulente du SIDA, transmissible par l’air. Euthanasier le nouveau-né permettrait l’élaboration d’un vaccin salvateur. Vivant, il libérerait dans l’atmosphère un mutant foudroyant qui exterminerait la race humaine. Que doit faire sa » mère » ? Une galerie de personnages inquiétants : généticien manipulateur de virus, milliardaire psychopathe, tueur sanguinaire venu d’Asie, agent secret américain, préfet de police déchiré entre devoir et morale, sans oublier le nouveau-né enfermé dans sa bulle… Au-delà de l’intrigue et de la description d’un Paris englouti par les eaux du déluge, l’auteur pose une question fondamentale : la nature nous veut-elle du bien ?
Avis :
Avec Le secret de Dieu, David Emton se penchait sur les mystères religieux au sens large du terme. En dépit de certaines maladresses, il en ressortait un livre divertissant au rythme non moins soutenu par une multitude de péripéties en tout genre. S’il délaisse l’ésotérisme, il demeure néanmoins dans le thriller pour nous narrer sa dernière histoire. Ici, on s’attarde sur la problématique des pandémies et autres virus qui attendent une bonne occasion pour ravager l’humanité. Le tout est enrobé sur fond de crues diluviennes s’abattant sur la capitale française. L’intrigue est-elle à la hauteur du cataclysme qu’elle décrit ou se contente-t-elle d’une approche spectaculaire sans fond réel ?
D’emblée, on retrouve une structure qui rappelle le précédent ouvrage de David Emton. Chapitres très courts, rythme enlevé, succession des points de vue sur différents axes temporels et géographiques… La progression est d’une telle vélocité qu’on a parfois l’impression que certains passages sont trop précipités. La faute à un minimum d’explications comblé par un maximum d’effets tonitruants. En tête de gondole, la tempête qui ravage Paris. On oublie la chaleur suffocante de Jérusalem, ces ruelles étroites promptes à évoquer le Moyen-Orient, pour rejoindre Paris sous la grisaille et les trombes d’eau. De là à considérer Le dernier déluge comme un roman catastrophe et non un thriller somme toute classique, il n’y a qu’un pas.
En ce sens, il est vrai qu’on remarquera de nombreuses allusions au septième art et à des productions cataclysmiques (parfois, au sens littéral du terme). Les comptes rendus réguliers, les décisions en haut lieu, les conséquences sur les habitants et, bien sûr, une plongée au cœur même d’une capitale en passe de se noyer. Chacun de ses éléments concourt à dépeindre une fresque apocalyptique sans toutefois creuser l’aspect survivaliste. On s’éloignerait quelque peu du sujet principal qui n’est autre que la virologie. Pour ce faire, David Emton nous sert un excellent enrobage qui, sous couvert d’une course effrénée à travers les rues et les sous-sols de Paris, tente de faire planer une menace latente sur la France et le monde entier.
Si l’on ne pouvait s’empêcher de songer au Da Vinci Code à la lecture du Secret de Dieu, ici c’est à Inferno, autre roman de Dan Brown, qu’on s’en remet. Certes, le cadre est différent, mais les propos tenus, ainsi que la manière dont les personnages progressent entre deux eaux, se rapprochent inévitablement de son aîné. Toutefois, là où Inferno se préoccupait de la surpopulation mondiale en pointant du doigt les errances de notre société consumériste, Le dernier déluge balaye toutes ses considérations en inversant les rôles. Autrement dit, l’homme est le souffre-douleur de la nature depuis l’aube des temps et il lui revient de la domestiquer pour s’en laver les mains. Un message quelque peu douteux sur la forme, à tout le moins maladroit dans la manière de le présenter.
À cela, on pourrait également reprocher à l’histoire de faire dans la grandiloquence. Outre les effets spectaculaires inhérents à pareil cas de figure, la succession des événements se révèle peu crédible tant la caractérisation s’avère sommaire. Non pas que l’intrigue soit inintéressante au possible, mais elle ressasse des poncifs qui ne duperont personne. Entre le fidèle mercenaire effectuant les basses besognes, le patron mégalomane, les autorités dépassées et incompétentes, sans oublier un duo de tête intrépide, on a droit à un florilège de clichés qui paraissent secondaires au regard des intentions de l’auteur. Le but premier de son livre étant son côté divertissant et sensationnel.
Au final, Le dernier déluge semble être le parfait stéréotype du thriller spectaculaire. Une histoire efficace, mais percluse de maladresses et de faits attendus, des portraits trop succincts et pas assez percutants, ainsi que quelques raccourcis faciles… Il s’agit d’un produit basique, très accessible et qui, une fois quelques idées reçues écartées, se laisse appréhender sans trop de mal. Rien d’exceptionnel à contempler, mais rien d’ignoble à fustiger non plus. Le dernier déluge s’inscrit dans une moyenne où l’on prodigue une intrigue dynamique et sans temps mort en délaissant toute originalité. On regrettera surtout le fond qui s’accorde sur des considérations biaisées par un point de vue réducteur. Un thriller catastrophiste sans grandes prétentions.
Note : 13/20
Par Dante