avril 25, 2024

Solstafir – Endless Twilight of Codependent Love

Avis :

Les changements de style dans le métal sont peut-être aussi nombreux que les changements de line-up. Beaucoup de groupes évoluent et décident, en cours de carrière, de faire autre chose. On peut citer des formations comme Linkin Park, AqME ou encore Solstafir. Fer de lance du Black métal islandais, le groupe a connu un succès fulgurant durant les années 2000, avant de changer de style. En effet, le groupe va délaisser progressivement le Black pour aller doucement, mais sûrement, var le Post-Métal. Préférant l’ambiance à la violence, Solstafir a su changer de direction sans pour autant décevoir les fans. Et ce n’est pas avec Endless Twilight of Codependent Love que la formation va revenir à ses premiers amours. Langoureux, jouant essentiellement sur l’ambiance pour susciter des émotions profondes, Solstafir offre un septième effort qui peut ennuyer comme il peut envoûter.

Akkeri

Le skeud débute avec le morceau Akkeri, et il s’agit du plus long titre de l’album, dépassant les dix minutes. Et à quelque part, c’est peut-être le titre le plus synthétique de l’album et de l’évolution du groupe. Car si on garde le chant crié (loin du growl) du chanteur, on est loin, très loin du Black, voire même d’un métal traditionnel. Ici, les riffs sont plus rock, assez catchy, avec une rythmique qui fluctue en fonction des émotions que le groupe veut susciter. A la fois touchant et nerveux, lorgnant parfois vers un métal progressif, le morceau est annonciateur de ce que l’on va avoir par la suite. Alors oui, ou pourra peut-être trouver que le chant clair est parfois un peu faux, mais il rajoute aussi une certaine tendresse, une certaine fragilité. Fragilité que l’on retrouve dans Drysill.

Le groupe délivre un titre d’un beauté étonnante et qui correspond parfaitement au titre même de l’album. C’est-à-dire une amour éternel et des sentiments calmes qui dénotent presque avec ce que l’on attend du groupe. Alors certes, ce n’est pas scénique pour un sou, mais ça reste poignant et très mélancolique. Cette mélancolie atteint son paroxysme avec Rökkur et ses sept minutes de moments hors du temps. Les instruments comme le violon et le piano sont de sortie, et on se trouve face à un titre éthéré qui permet une certaine introspection. C’est beau, tout simplement. Et Solstafir de nous cueillir avec un morceau qui sort des sentiers battus, arrivant à conjuguer la fragilité de la voix du chanteur et une mélodie envoûtante, lente et diablement efficace. Her Fall From Grace sera d’ailleurs du même acabit, et tout aussi touchant.

Dionysus

Si le groupe nous enchante avec des titres très lents et qui se veulent doux, il n’en perd pas pour autant sa colère. Avec Dionysus, Solstafir propose un titre nerveux où le chant clair n’a pas sa place et où les riffs se font plus agressifs. On sera surpris par ce changement soudain, car même si Akkeri poussait la gueulante, il était moins agressif que ce titre. D’autant plus que dans Dionysus, le groupe se lâche même dans les riffings, qui deviennent plus rugueux, plus vifs, et qui renouent, à quelque part, à un Black mélo qui a permis au groupe de devenir connu. Et si la formation se permet encore et toujours des digressions très calmes, notamment avec Til Moldar, il tente de revenir vers du bon gros rock, à l’image des riffings imparables de Alda Syndanna.

Là aussi, la fragilité vocale permet de donner un sens au titre et mieux nous percuter avec une mélodie ultra catchy. Ulfur, qui clôture la version standard de l’album, se permet aussi quelques fulgurances un peu plus vives que la grande majorité de l’effort. Long de plus de huit minutes, le titre se savoure avec délectation, ne suscitant jamais l’ennui et, comme sur le premier morceau, peut se voir comme une parfaite synthèse de ce qui caractérise le groupe. De la violence, un peu, beaucoup de tendresse, d’amour, et une fragilité qui force le respect. Reste alors l’ovni Or, un titre jazzy aux relents blues qui dénote avec le reste, mais qui envoûte tout autant. Solstafir prend des risques, ose, et réussit.

Au final, Endless Twilight of Codependent Love, le dernier effort des islandais de chez Solstafir, est une belle réussite. Loin des débuts Black de la formation, le groupe propose un voyage en terres Post-Métal très agréable, et qui tient son sujet jusqu’au bout. On ressent de l’amour, de la fragilité et une certaine mélancolie, qui se juxtaposent parfaitement avec l’artwork sublime et le titre de l’album, montrant la grande maturité du groupe. Un excellent skeud, pour peu que l’on se laisse envoûter par la douce mélancolie proposée.

01. Akkeri

02. Drysill

03. Rökkur

04. Her Fall From Grace

05. Dionysus

06. Til Moldar

07. Alda Syndanna

08. Or

09. Ulfur

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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