Titre Original : Naboer
De : Pal Sletaune
Avec Kristoffer Joner, Cecilie Mosli, Michael Nyqvist, Julia Schacht
Année : 2005
Pays : Norvège
Genre : Horreur, Thriller
Résumé :
Peu de temps après que sa petite amie Ingrid soit venue récupérer ses affaires, John croise ses deux jolies voisines, Anne et Kim, qui l’invitent dans leur appartement. C’est leur première rencontre et pourtant, elles semblent tout connaître de sa vie avec Ingrid. Le comportement provocateur des deux femmes met John mal à l’aise, mais Anne le convainc de rester avec Kim pour qu’elle puisse aller à la pharmacie. Kim attire alors John de plus en plus profondément dans l’immense appartement, dans un monde où il devient impossible de séparer la réalité de l’illusion. John commence à perdre le contrôle de son existence. Il dépasse des limites qu’il n’imaginait même pas avoir.
Avis :
Le cinéma scandinave est un art assez particulier qui se différencie des autres pays par une ambiance froide et un style très épuré. S’il reste assez confidentiel de par chez nous, certains réalisateurs sont devenus cultes, allant même jusqu’à créer un nouveau courant, le Dogme 95, qui consiste à filmer de façon brute, sans ajout de lumière ou autre artifice pour rendre le film plus beau. Au rayon horreur, le cinéma scandinave n’est pas en reste et à livrer quelques petites choses plus ou moins intéressantes, à l’image de la trilogie Cold Prey (qui ne vaut le coup que pour les deux premiers métrages) ou encore Harpoon, sorte de Massacre à la Tronçonneuse à bord d’un baleinier. A l’époque de sa sortie, Next Door avait un peu créé la sensation, se posant comme un film dérangeant, malsain et parfois à la limite du supportable. Produit en 2005 mais arrivé chez nous quatre ans plus tard, que vaut aujourd’hui le premier film de Pal Sletaune ? En vérité, pas grand-chose malheureusement…
Dans ce film, on va suivre John, un jeune homme qui vient de se faire plaquer par sa nana et qui va faire la connaissance de ses deux charmantes voisines. Dès lors, un jeu étrange et sexuel se met en place et John commence à perdre pied petit à petit, ne sachant plus faire la différence entre ce qui est vrai et ce qui est dans sa tête. Très rapidement, on va comprendre que Next Door est un film psychologique sur un type qui perd le sens des réalités. Un homme qui n’arrive pas à faire le deuil de la séparation et qui trouve des solutions pour se trouver des excuses à son comportement et à sa timidité. Le film joue dès le début la carte du malaise avec ce pauvre type tout innocent qui se fait plaquer de manière virulente par une nana qui a tous les atours de la connasse de base. Là où le film veut être malin, c’est qu’au fur et à mesure des éléments qui se présentent à nous, on va changer notre point de vue et on va se rendre compte de la véritable nature de cet homme et de son côté paranoïaque. Et si le scénario est plutôt malin là-dessus, il ne va pas l’être sur le cœur même du film, cette perdition dans un jeu pervers avec des voisines bizarres et manipulatrices. Et c’est là le vrai défaut du film, de se faire long alors qu’il dure à peine 1h15 pour tenter de créer un doute dans l’esprit du protagoniste et du spectateur, ne sachant plus vraiment où est le vrai du faux.
Le film manque de finesse dans sa portée psychologique. Les spectateurs les plus rompus au genre auront vite fait le tour de la question et trouveront les réponses à toutes les questions que se pose le personnage principal. Premièrement parce que spatialement, il y a un gros problème avec l’appartement des voisines. Il est trop grand, il y a des redondances, on voit bien qu’il manque quelque chose, qu’il y a des détails qui ne collent pas et que l’on navigue en plein cauchemar. Deuxièmement parce que le comportement des filles ne laisse aucun doute sur leur nature fantasmée. C’est-à-dire que qui ferme sa porte avec des chaises devant ou demande à son voisin de placer un placard devant la porte d’entrée, l’empêchant alors de sortir ? Si c’est fait pour rajouter de la bizarrerie au récit, cela provoque aussi des questionnements sur la vraie nature des personnages et on aura vite fait le tour. Et c’est assez décevant parce que ce n’est pas fin.
On peut cependant saluer l’ambiance froide et impersonnelle qui se dégage du film. Le réalisateur va tenter d’instaurer un climat malsain et glacial, montrant la solitude du personnage principal. Même à son travail, il demeure seul, effacé et semble plus subir que de s’affirmer au milieu des autres. Les couleurs ternes renforcent un sentiment d’insalubrité, d’insécurité et les relations, tout aussi froides et impersonnelles, sont profitables à un récit violent et angoissant. Et si l’angoisse n’est pas présente, le cinéaste essayant vainement de créer de la peur dans des couloirs exigus et avec des personnages dont la violence explose d’un coup (faut voir la gueule de Michael Nyqvist), c’est surtout au détour d’une scène que l’on va voir le potentiel du film. En quelques instants, le réalisateur livre un climat anxiogène et pesant, voire même gênant, lorsque l’une des voisines raconte une scène de sexe torride et fait l’amour avec le voisin de façon violente et sanglante. La scène est marquante, elle est nous bouscule et fait mal. Ce sera malheureusement, la seule séquence potable du film… Il faut dire que la mise en scène, tout aussi froide que les teintes du film, manque d’identité et n’arrive pas à se faire percutante.
Enfin, reste le message central du film, ce qui doit être tout pilier d’un long-métrage s’il veut raconter quelque chose, ou pointer du doigt des thématiques importantes. Et là, on va essayer de trouver deux/trois petites choses malgré l’aspect épuré du film. Très clairement, la première chose concerne la solitude et ce travail qui est fait pour lutter contre le fait d’être seul, en plus de s’être fait larguer. Le protagoniste va s’imaginer alors des voisines sexys et perverses pour assouvir des jeux dangereux. On va vite voir que le confinement et la solitude contribuent grandement à rendre fou. En dehors de cette première thématique plus ou moins centrale, on va retrouver la violence faite aux femmes. Il y avait vraiment un travail à faire là-dessus et malheureusement, c’est trop peu exploité. Si la seule scène choc concerne ce thème, rien ne sera vraiment exploité par la suite et on verra que Next Door brasse plus de vent qu’autre chose.
Au final, Next Door (Fantasmes Sanglants) est un film qui a peut-être fait du bruit l’époque de sa sortie, mais qui aujourd’hui peine à convaincre. Entre une réalisation épurée pas exploitée, des thématiques survolées et une lenteur qui rend le tout léthargique, le film de Pal Sletaune manque d’ambition et d’un fond plutôt solide. Si les comédiens sont assez convaincants, ils essayent de se démener dans un scénario alambiqué pour rien et dont la finalité reste superflu.
Note : 06/20
Par AqME